FRIBOURG Espace Nuithonie

Entre ombre et lumière

Des loges aux scènes, en passant par la buanderie et l’atelier de décor, visite de l’Espace Nuithonie en passe d’être inauguré ce soir et demain à Villars-sur-Glâne, avant les portes ouvertes de samedi. Suivez le guide, Thierry Loup, directeur de ce centre de création contemporaine.


Le directeur Thierry Loup est à la tête d’un théâtre qui joue la carte de la transparence et de la lumière du jour

 

«Tu me fais une belle lumière, hein.» «Ah, c’est vous Monsieur Risse!» «Dis donc Albert, on peut tirer son café quand la machine clignote?» Qu’il croise un technicien accaparé par les finitions, un électricien de passage ou le concierge de la maison, le directeur Thierry Loup a le même souci du détail et du travail bien fait. A quelques heures du premier lever de rideau (lire encadré), tout ce petit monde s’agite dans le quartier en devenir de Cormanon-Est, en contrebas de la route de Cormanon.
C’est là que le centre de création scénique Espace Nuithonie est inauguré aujourd’hui. L’impatience se lit sur le visage de son directeur et futur responsable de la salle des Grand-Places, à Fribourg. Si elle voit le jour. «L’une ne va pas sans l’autre», glisse-t-il, sans vouloir refaire le débat. Car Espace Nuithonie est sorti de terre après une année de travaux, et Thierry Loup n’a pas l’intention de bouder son plaisir. Le longiligne Broyard de 42 ans n’en est pas à son premier baptême d’un lieu culturel: il a officié dans ce rôle au café-théâtre du Bilboquet, à Espace Moncor et au Théâtre du Passage, à Neuchâtel.

Une baie vitrée de 50 m
A Villars, l’entrée principale a pris la forme d’une porte à tambour automatique qui donne accès au restaurant Le Souffleur (ouvert tous les jours sauf le lundi). Bar, billetterie et administration ont pris place à droite. A gauche, une baie vitrée court sur les 50 mètres de façade.
A sept mètres de haut, la marquise de ce bâtiment dessiné par le Lausannois Marc Ruetschi permettra d’abriter une terrasse à la belle saison. Sol noir, murs de béton parfois peints en rouge caractérisent les espaces intérieurs ouverts les uns sur les autres.
Sans quitter le rez, on gagne le «petit plateau», une salle modulable de 120 places inscrites dans un carré de 14 mètres de côté. «On ne lui a pas encore donné de nom», s’excuse le guide vêtu d’un pull en laine de couleur rouille. Un peu plus loin, parsemé d’établis et d’outils, l’atelier de décor complète le dispositif.
Passons à l’étage, où se trouvent une salle d’exposition, les quatre loges d’artistes et le studio de répétition. Comme pour le petit plateau, la souplesse du plancher a ici été conçue pour la danse. C’est là aussi que se cache la buanderie. Thierry Loup: «Important la buanderie, quand il s’agit de nettoyer et repasser les costumes entre les représentations.»
Vient le moment de gagner la salle Mummenschanz, partie intégrante de l’Espace Nuithonie quand bien même elle a rejoint le projet en cours de route. Ce vestige d’expo.02 rapproche Villars de Lausanne, où le Théâtre de Vidy a vu le jour grâce à l’Expo nationale de 1964. La salle aux façades en relief a quitté l’arteplage de Bienne avant d’atterrir en 2003 à Cormanon. Tans pis pour les Saint-Gallois qui n’en ont pas voulu!

Comme à Yverdon
Y pénétrer par le couloir du public (séparé de celui des artistes) revient à quitter le monde de la lumière naturelle pour celui des ténèbres. Boite noire de 470 places, le Mummenschanz a subi un léger lifting, mais a conservé la forte déclivité de ses gradins. Idéal pour la vue. Cette partie boisée pèse 3 des 13 millions qu’a coûté l’infrastructure culturelle de Cormanon.
Espace Nuithonie tournera avec un budget de fonctionnement de plus de deux millions par saison, dont 1,2 million couvert par les cinq communes de l’association Coriolis (Fribourg, Villars-sur-Glâne, Granges-Paccot, Givisiez et Corminboeuf). «C’est comparable par exemple au Théâtre Benno Besson, à Yverdon», indique Thierry Loup. Un directeur qui a pris ses quartiers dans ce temple de la culture il y a quinze jours avec le reste de son équipe, soit une dizaine de postes fixes. «Enfin, il vit ce théâtre!»
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Portes ouvertes ce samedi

Une fois digérées les deux soirées d’inauguration officielle (850 invités entre ce soir et demain), les portes de l’Espace Nuithonie s’ouvriront samedi au public. Avec des animations pour petits et grands: musique (funky, jazz, tsigane, avec le Trioptimiste et les Frères TTC), humour (Calixte de Nigremont), marionnettes, théâtre et improvisation (les Doryphores, les Quiétils, le Guignol à roulettes). Au programme également, un atelier de chapeaux et de maquillage ainsi qu’un concours de dessin. Le soir, en ouverture de cette saison inaugurale, représentation de L’avare, qui affiche complet. La création du Théâtre des Osses sera ensuite jouée à Givisiez du 25 février au 3 avril.

Villars-sur-Glâne, Espace Nuithonie, www.nuithonie.ch, portes ouvertes ce samedi 19 février entre 10 h et 17 h

 

Sébastien Julan
17 février 2005

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