ÉDITORIAL Elections palestiniennes

Une fenêtre ouverte sur la paix?

La tragédie du tsunami a détourné les projecteurs médiatiques de la réalité proche-orientale. L’élection qui s’y déroulera ce dimanche n’en demeure pas moins décisive pour l’évolution de ce conflit qui n’en finit pas de jouer les prolongations. Peu de suspense pour cette élection à la présidence palestinienne: candidat du mouvement majoritaire du Fatah, Mahmoud Abbas a toutes les chances de succéder dimanche à Yasser Arafat.
L’histoire ouvrira-t-elle une de ces fenêtres d’opportunité dont elle est avare? Cette élection représente une chance pour le Proche-Orient. Certes, le conflit qui oppose Palestiniens et Israéliens a suscité trop de mirages pour qu’un seul homme puisse tenir du sauveur. Mais Mahmoud Abbas dispose d’atouts importants, dont le moindre est celui d’être le symbole d’un renouveau après la période d’immobilisme qui s’est achevée avec la mort du raïs. Abbas, c’est l’avocat convaincu du dialogue israélo-palestinien. Il s’est tenu au cœur de toutes les tentatives de négociations de ces trente dernières années. De Tunis aux accords d’Oslo, en passant par les rencontres de Camp David, Abbas a toujours voyagé sur les sentiers périlleux du compromis.
Durant sa campagne, le candidat du Fatah s’est distingué de son prédécesseur en proposant des perspectives claires. Abbas est si convaincu que la deuxième Intifada a desservi les intérêts de son peuple qu’il en appelle à une «démilitarisation» du combat palestinien. Un appel aussitôt qualifié de pure trahison par le Hamas et le Djihad islamique.
Pour sortir les siens du cercle infernal de la violence, Mahmoud Abbas devra d’abord imposer sa légitimité à l’intérieur de la galaxie palestinienne. Et convaincre une opinion plus prompte à s’enthousiasmer pour le bruit des armes que pour les stratégies diplomatiques. Il pourra compter sur une espèce de lassitude du malheur, dont a témoigné un récent sondage: une majorité des Palestiniens seraient désormais opposés à des attaques contre des cibles israéliennes. Mais la capacité d’Abbas à s’imposer dépendra surtout de l’attitude du Gouvernement d’Ariel Sharon. De l’ampleur de sa victoire naîtra sa marge de manœuvre future.


Patrice Borcard
8 janvier 2005

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