ESCRIME
Sophie Lamon
D’Artagnan modèle féminin

Du haut de ses dix-sept ans, le prodige valaisan de l’escrime Sophie Lamon a rapidement dû faire connaissance avec la médiatisation. Elle a cependant appris à garder la tête froide. Rencontre avec cette collégienne à l’énergie et au talent débordants.


Sophie Lamon: un tempérament de feu pour cette épéiste qui rêve d’exploit olympique en individuel
(Keystone)

Avec un titre de championne du monde cadette et de championne d’Europe par équipe en 2000, de vice-championne olympique par équipe à Sydney la même année et de vice-championne du monde par équipe à Nîmes en 2001, Sophie Lamon possède un palmarès qui fait rêver. Même si l’escrime reste un sport de passionnés et qu’il est impossible d’en vivre en Suisse, la jeune épéiste de Sion a contribué au développement de cette discipline dans le pays.
Ses excellents résultats l’ont vite confrontée aux nombreuses sollicitations des médias: «L’énorme vague médiatique de Sydney est quelque peu retombée. Evidemment, lorsqu’il y a des événements majeurs, les demandes d’interview se multiplient et il m’arrive de devoir en refuser. Mes parents m’aident à faire les bons choix.» Sophie Lamon est entraînée par son père Ernest et bénéficie d’un cadre idéal, puisque toute sa famille pratique l’escrime.

– Sophie Lamon, quelles sont les prochaines échéances de votre calendrier?
La saison s’est terminée en août et j’arrive au terme d’une longue période d’entraînement. La coupe du monde reprend ses droits fin janvier. Suivront les qualifications pour les jeux Olympiques. En point de mire, j’ai les championnats du monde junior en Sicile en avril et senior à La Havane en octobre. D’ici là, je dois encore soigner une élongation aux adducteurs de la cuisse gauche.

– Cette blessure contractée récemment vous oblige à vous reposer. Votre grande vitalité vous fait-elle trépigner d’impatience ou profitez-vous pour respirer quelque peu?
Je vais en effet avoir besoin de quelques jours pour me soigner, même si cette blessure n’est pas trop grave. Je prends mon mal en patience. Mais, quand on a l’habitude de faire du sport tous les jours, c’est difficile de rester là à ne rien faire.

– Faites-vous particulièrement attention à votre rythme de vie?
Au niveau du poids, j’ai une marge à tenir. Cependant, je ne me prive de rien, car j’aime bien manger. Avec une vie sportive, l’hygiène alimentaire va de soi. Je ne me fixe pas de règles précises, j’évite juste les écarts. Par contre, les heures de sommeil sont pour beaucoup dans mon état de forme et j’y prête attention.

– Vous voyagez beaucoup. Mais avez-vous le temps d’en profiter?
Lors des rendez-vous importants du calendrier, nous restons plusieurs jours dans une grande ville. Il va de soi que j’essaie alors de visiter et de profiter des lieux. Je trouve ridicule de parcourir des milliers de kilomètres sans ouvrir les yeux. J’ai la chance de pouvoir voyager et je dois apprendre à en tirer le meilleur.

– Les rapports avec votre frère et votre sœur ont-ils changé à cause de votre mode de vie et de votre notoriété?
Nous avons grandi ensemble. Tous deux m’ont aussi vue partir en compétition et revenir la tête basse après des échecs. Ils sont à mes côtés dans la victoire comme dans la défaite. Chez nous, l’escrime est une affaire de famille. En définitive, nos rapports à la maison n’ont pas été altérés le moins du monde, bien au contraire.

– Vous êtes amie avec la Française Laura Flessel, qui vient d’écoper de trois mois d’arrêt forcé pour dopage, à la suite d’une erreur médicale. Redoutez-vous de connaître pareille situation?
On est à l’abri de rien. Comme Laura Flessel truste les podiums, elle est contrôlée systématiquement. Je pense qu’elle a joué de malchance. Si elle avait vraiment voulu se doper, elle l’aurait certainement fait avant. Le problème, c’est que son image et sa personne sont atteintes malgré tout. C’est difficile de tout surveiller, mais j’ai la chance d’avoir une mère pharmacienne qui veille au grain pour m’éviter de telles mésaventures.

– Il y a deux ans, vous avez atteint des sommets en remportant une médaille d’argent aux Jeux. Vous reste-t-il assez de motivation pour d’autres exploits?
Bien entendu. D’entrée, il faut préciser que cette médaille de Sydney a été obtenue en équipe. L’escrime est une discipline très individuelle et c’est aussi à ce niveau-là que j’aimerais remporter un titre majeur. Les compétitions par équipe ou individuelles sont deux approches très différentes. Pour m’imposer seule, il me faudra encore du temps, du travail et de l’expérience.

– Votre place est-elle déjà acquise pour l’épopée qui se profile, les jeux Olympiques d’Athènes en 2004?
Nous devons en premier lieu qualifier l’équipe de Suisse pour cette compétition. Les éliminatoires commencent en mai et la tâche ne sera pas facile. Douze équipes européennes sont prétendantes, alors qu’il n’y a que cinq billets. Ensuite, c’est au sein de la fédération que l’on décidera qui seront les filles qui iront à Athènes. J’espère être du voyage.

Propos recueillis par Xavier Meyer / 31 décembre 2002

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