Institut Sainte-Croix
Une fondation va acheter

La Fondation Emergence achète une partie de l’Institut Sainte-Croix, à Bulle, afin
d’y installer un centre de formation et d’enseignement de la géobiologie. Les travaux de rénovation et d’aménagement, mis à l’enquête ce vendredi 2 août, seront réalisés pour 750000 francs.


La partie la plus ancienne de l’Institut Sainte-Croix va être rachetée par la Fondation Emergence (M. Rouiller)

La congrégation des sœurs enseignantes de Menzingen ont accepté de céder une partie de leur Institut Sainte-Croix, à Bulle, à la nouvelle Fondation Emergence. Constituée par trois Gruériens – l’architecte Nicolas Bertherin, le banquier Franco Zanetti et l’infirmière Colette Nobile – cette fondation publiera, vendredi dans la Feuille officielle, l’enquête publique rela-tive aux travaux de rénovation et d’aménagement d’un centre de géobiologie où un enseignement et une formation seront prodigués. Cette discipline étudie le vivant sur terre sous l’angle des vibrations et des énergies. Elle tente de supprimer, de neutraliser et d’harmoniser les nuisances telles qu’ondes telluriques, failles, eaux souterraines et électrosmog dans l’environnement construit (lire ci-dessous).
«Le bâtiment n’est pas encore formellement acquis, précise Nicolas Bertherin. Il s’agit d’une promesse de vente conditionnée par l’obtention du permis.» S’il n’y a pas d’opposition, ce centre sera inauguré le 21 décembre prochain à l’occasion d’une journée portes ouvertes.
Quelle est l’origine de cette fondation? Nicolas Bertherin: «Il y a moins de deux ans, une personne a bénéficié des bienfaits de la géobiologie et a décidé de léguer un capital important pour créer un centre d’enseignement de cette discipline. La fondation a été constituée en juin 2001. Des séminaires ont déjà été organisés – une quarantaine de personnes les ont suivis – mais la fondation est un peu restée en veilleuse jusqu’à ce que l’on trouve une structure fixe. Puis, la fondation a contacté les sœurs de l’Institut Sainte-Croix afin de les convaincre de lui céder la partie la plus ancienne de leur bâtisse, qui abritait dans le passé les salles de classes et la salle de gymnastique destinées à la formation des institutrices. Cette partie de l’institut n’est en effet plus utilisée ni entretenue.»

Pérennité assurée
L’architecte et ses collègues de la fondation ont dès lors entrepris les négociations auprès des responsables de l’ordre religieux. «Après de nombreuses discussions, nous les avons persuadées de l’intérêt que notre démarche représentait pour l’avenir du bâtiment, explique Nicolas Bertherin. Pour elles, le fait de vendre à une fondation – forme juridique dont le but est d’assurer la pérennité de ses structures – garantissait que le bâtiment ne ferait pas l’objet de spéculation immobilière et ne changerait pas de main à moyen terme. De plus, la nature de notre futur centre, consacré à la santé, leur a plu.»

Travaux pour 750000 fr.
Si le montant de la vente est gardé secret, les travaux, qui commenceront dès l’obtention du permis, sont devisés à 750000 francs, dont environ 150000 francs pour la rénovation des façades. A l’intérieur, le rez-de-chaussée, occupé par la salle de gymnastique, sera divisé en deux niveaux par la pose d’une nouvelle dalle. Le niveau inférieur accueillera le secrétariat et l’accueil, ainsi que les locaux administratifs. Au 1er étage se trouveront une salle de réunion-conférence et une cafétéria. Les deux étages supérieurs seront occupés par des cabinets de thérapies alternatives. Sous les combles, enfin, prendra place un appartement pour l’intendant de la fondation.
Si le centre d’enseignement comptera avant tout sur des intervenants ponctuels – géobiologues suisses et français notamment – il s’appuiera sur une équipe fixe de cinq personnes, dont un intendant, un administrateur et une secrétaire. Il s’agira du premier centre de géobiologie de ce type en Suisse romande, exception faite d’un institut axé sur la recherche situé à Chardonne (VD). Les cours de sensibilisation, les séminaires et les conférences seront ouverts à tout public.

L’étude du vivant sur terre
«La géobiologie, c’est entre autres l’étude du vivant sur terre du point de vue des énergies et des vibrations. Et notre but consiste à harmoniser ces vibrations générées par l’environnement construit et non construit par rapport aux habitants», explique l’architecte Nicolas Bertherin, cofondateur de la Fondation Emergence. Point de formule magique, de solutions miracles ou de panacées: «Chaque situation est une situation particulière. Nous nous attachons à déceler les causes des perturbations qui peuvent affecter la santé ou le bien-être de personnes dans un cas précis. Nous ne nous contentons pas d’éliminer les symptômes révélateurs d’une perturbation. Ce sont les causes que nous cherchons à éradiquer.»
Pour le grand public, le domaine de la géobiologie reste souvent rattaché au réseau de courants telluriques tels qu’il a été décrit, au milieu du XXe siècle, par le docteur allemand Ernst Hartmann. Selon lui, les croisements de ces courants – les fameux «nœuds telluriques» – seraient générateurs de perturbations propres à nuire à la santé. «Mais la géobiologie ne se limite pas à cela», prévient Nicolas Bertherin. L’une des tâches qu’elle s’assigne étant l’assainissement des lieux de vie (des maisons en particulier), cette branche s’applique également à détecter d’autres nuisances telles que le smog électromagnétique – qu’elles soient générées par l’environnement extérieur d’un bâtiment ou par l’habitat lui-même (installations électriques, informatique, etc.) – pour ne parler que de la préoccupation la plus actuelle dans l’opinion publique.
Mais la Fondation Emergence se veut plus vaste encore. Dans l’esprit de ses initiateurs, la géobiologie est utilement complétée par diverses branches de la médecine parallèle, par exemple l’acupuncture, l’éthiopathie ou l’homéopathie. C’est cet ensemble de branches qui constituera la structure de l’enseignement dispensé dans les futurs locaux bullois de la fondation.
Le tout dans un esprit d’ouverture, précise Nicolas Bertherin: «Nous souhaitons que ce centre soit un lieu d’échange des connaissances. Tant la géobiologie que les médecines dites parallèles ne s’inscrivent pas en rivalité avec les sciences traditionnelles ou académiques. Nous offrons une complémentarité.» Il signale à ce titre que bon nombre de géobiologues (ou géobiologistes) sont issus du monde scientifique et technique – géophysique, électricité, médecine… – et ont voulu compléter leurs connaissances.

Contre le charlatanisme
Enfin, le centre bullois entend fonctionner comme laboratoire de test. Nicolas Bertherin: «Nous souhaitons aussi tester les divers “produits miracle” censés neutraliser ou supprimer les nuisances. Des produits parfois vendus fort cher, et dont l’efficacité est souvent sujette à caution! Il s’agit de prévenir ce genre de charlatanisme. Nous, nous donnons des cours, des séminaires, mais nous ne vendons rien. La fondation est d’ailleurs à but non lucratif.»

Méfiance scientifique
Le monde scientifique demeure souvent méfiant à l’égard de la géobiologie. S’ils admettent que divers facteurs peuvent à l’évidence affecter la santé à l’intérieur d’habitations – émanations de matériaux toxiques, présence du gaz radon, pollution due aux appareils électriques… – les scientifiques restent prudents sur les liens directs de certains de ces phénomènes avec des maladies déterminées, aucune étude médicale n’ayant par exemple pu mettre en évidence un lien clair entre des maladies et l’exposition au champ électromagnétique des appareils ménagers.
Ils se montrent en revanche plus sévères à l’égard du réseau Hartmann – qui pour eux n’existe pas – et dénoncent les libertés que prennent les géobiologues avec les exigences méthodologiques propres aux sciences: aucune validation par le monde scientifique (contrôle des pairs), contradictions avec les connaissances actuelles, en géophysique notamment, ou encore une certaine confusion dans les unités de valeur utilisées, énumère par exemple le géologue et géophysicien Robin Marchant, conservateur au Musée cantonal de géologie de Lausanne.
Nicolas Bertherin connaît ces objections. «Les chercheurs nous objectent souvent que nous ne fournissons pas de preuves scientifiques. Mais ils oublient que les constats que nous faisons sont bien réels. Nous, nous constatons les pollutions et nous tentons d’en supprimer les causes. Ce qui nous conforte, c’est que la personne concernée sent le bienfait de notre intervention.» La Fondation Emergence se fixe d’ailleurs aussi comme objectif à long terme de faire reconnaître la géobiologie comme une science à part entière.

Didier Page / 30 juillet 2002

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