TRAIT POUR TRAIT
Cathy Horn

La vie au jour le jour

La rencontre avec Cathy Horn a eu lieu avant le retour imprévu de son aventurier de mari. Le calme régnait alors dans son chalet aux Moulins, ponctué par les coups de fil de Mike. Mais les choses ont pas mal changé depuis que celui-ci a réinvesti le domicile familial!


Cathy Horn n'a rien de l'épouse qui vit dans l'ombre d'un homme connu... (C. Haymoz)

«Welcome to our nest», est-il inscrit sur la porte. Et au-dessous: «Mike - Cathy.» L’endroit leur ressemble, même s’il ne leur appartient pas. Un vieux chalet au pied des pistes des Monts-Chevreuils, aux Moulins. Avec des pièces aménagées pour être plus chaleureuses que sophistiquées, où les souvenirs aux murs cohabitent avec un lapin et un hamster (dans une cage, eux). Cathy Horn revient d’une balade, moment de liberté qu’elle s’est octroyé pendant que ses deux filles Jessica et Annika jouent chez des voisins.
Elle qui n’était pas trop sportive l’est devenue davantage depuis qu’elle connaît son aventurier de mari. Impossible pour elle maintenant de ne pas mettre le nez dehors, pour un tour à vélo ou à pied, alors qu’il fait grand beau. Elle est aussi devenue plus sensible à l’importance d’une vie «saine», surtout quand on a des enfants.
Il y a quelques années, Cathy trouvait la vie au Pays-d’Enhaut un peu trop calme. Maintenant, elle apprécie cette paix, ce havre vers lequel elle peut revenir après avoir accompagné Mike à ses conférences ou rencontré mille et une personnes liées à ses projets. «J’aime bouger, être active, mais je ne peux pas toujours suivre Mike», dit la blonde jeune femme. Elle connaît ses limites et sait dire «stop» quand il le faut. On imagine vite à la voir et à l’écouter qu’elle n’a rien de l’épouse qui vit dans l’ombre d’un homme connu. D’ailleurs, elle le dit elle-même: «Je n’existe pas par mon mari et sa vie n’est pas la mienne.»

L’expé ensemble
Pour la nouvelle expédition de Mike Horn, Cathy a pourtant décidé d’œuvrer à plein temps pour lui. Durant le premier mois de son périple, elle a géré les équipes techniques, mis en place des points de rencontre, répondu aux médias, fait le lien avec les sponsors. «Parce que j’aime ça, explique-t-elle. Je travaille pour moi tout en travaillant pour lui. En m’impliquant ainsi, c’est une façon de faire l’expédition ensemble.» Ce qui ne l’empêche pas d’avoir ses propres projets: «Pas des grands comme ceux de Mike, mais des petites choses que j’ai envie de faire.»
La simplicité, Cathy l’a adoptée au quotidien. Par son habillement, du genre T-shirt et pantalon en toile. Par son maquillage et ses bijoux discrets. Par ses goûts culinaires aussi: «Une salade, du fromage, une bonne bouteille, cela me comble pleinement.» Et ce n’est pas la notoriété ou les périples de son époux qui l’ont fait changer. Ni même les gens qu’elle peut désormais rencontrer. «Par exemple, j’ai mangé avec Michael Douglas et sa femme. Et alors! Ils sont comme nous. On est tous pareils!» Elle n’a pas non plus changé dans sa façon de vivre. «C’est plutôt ma manière de voir les choses qui s’est modifiée. Je vis au jour le jour et je n’aime pas anticiper. Par exemple, cela ne me viendrait pas à l’esprit d’aller consulter une voyante!»

De la Nouvelle-Zélande
A 39 ans, la Damounaise d’adoption est tout de même bien loin de la jeune fille qui vit le jour et grandit en Nouvelle-Zélande. Un père médecin, une mère physiothérapeute, deux frères, dont son jumeau, une sœur. Cathy fait toute sa scolarité dans la même école, a résidé dans la même maison. Un début de vie bien orchestré. Elle suit durant une année l’école ménagère, parce qu’elle aime la couture. Puis elle opte pour l’école d’infirmière, dont elle ressort diplômée. Mais elle ne pratique son métier que six mois, avant d’être engagée comme responsable d’un restaurant. Deux ans plus tard, elle rencontre un Français. Une rencontre clé, puisque c’est grâce à lui qu’elle viendra en Europe, plus précisément au… Pays-d’Enhaut. Et n’en repartira plus.
En effet, venue juste pour rendre visite à cet ami qui travaillait à Château-d’Œx, elle trouve un travail de baby-sitter et se fixe pour objectif d’apprendre le français. Elle se sent libre, elle aime la neige qui tombe en abondance cette année-là sur les Préalpes. Elle est loin des responsabilités qu’elle avait en Nouvelle-Zélande.
«Mes parents m’avaient dit: “OK, tu pars, mais tu ne te maries pas et tu ne fais pas d’enfant.” J’ai fait tout faux!» Car, un jour, elle rencontre Mike dans un café, où ils se trouvent être les seuls à parler anglais. Le lien se fait naturellement. Ç’en est fini des bonnes intentions de Cathy de perfectionner son français! Puis, le couple se marie, fait deux enfants. Enfin, pas aussi rapidement, car, entre-temps, Cathy aura effectué un voyage en Inde et eut plusieurs petits emplois.

Un jour, «ma» maison
D’une vie plutôt bohème, Cathy et Mike s’installent peu à peu dans une existence plus stable. Elle travaille comme secrétaire, lui est engagé par Sector. Le couple obtient son permis B. «On commençait une vie normale!» Ces années passent vite. La jeune femme, qui n’a pas pu aller au bout de son apprentissage du français, veut que ses enfants le parlent parfaitement. Avant de quitter la Suisse? Pas forcément, mais parfois, l’éloignement de sa famille, de son pays, pèse un peu sur Cathy. Le déracinement laisse toujours un petit goût d’incertitude. Sans doute est-ce pour cela qu’elle souhaiterait tant avoir un jour «sa» maison.
De la même manière, elle semble se rassurer par son sens de l’organisation. Dans son bureau qu’elle a réaménagé pour gérer l’expédition Arktos Tour, tout est à sa place. Enfin, était. Car, depuis le retour imprévu de Mike, tout est bousculé, encombré. Elle avait organisé le lieu pour son départ et elle doit le réaménager pour son retour. Au mur, l’une des dernières photos de famille prise à Moscou au mois de février.

Histoire de confiance
Photo qui rappelle que la famille Horn a commencé une nouvelle existence le jour où Mike a été engagé par Sector pour faire un film. A la suite de quoi, il entrait dans le très fermé No limits team. Il savait dès lors qu’il ne serait sans doute jamais médecin, mais aventurier. Depuis ce jour, ses deux enfants ont beaucoup voyagé. Son épouse a appris à remplacer ses inquiétudes par sa confiance en lui. «Nos filles sont plus gâtées que si leur père était toujours à la maison. C’est un peu par compensation. Mais je suis plus stricte que Mike et je ne veux pas que le fait d’avoir un père connu change leur existence.»
Avoir un autre enfant? Pourquoi pas, répond Cathy. «A la condition d’avoir un mari à la maison et un domicile plus grand!» En attendant, son quotidien de femme seule a été chamboulé par le retour de Mike. Il a fallu réadapter la vie de la famille à sa présence. Le téléphone sonne maintenant beaucoup plus souvent et il y a aussi les nombreuses visites, les rendez-vous à fixer, les pansements à faire. Sans oublier les e-mails, reçus en quantité et auxquels Cathy et Mike tiennent à répondre.

«Je suis heureuse»
La solitude, l’attente: cela est temporairement fini. Cathy se sent rassurée et plus confiante pour l’avenir. Pendant quelques mois, elle n’aura plus à se plier aux mêmes questions sur sa façon de gérer les absences de son époux. Des questions auxquelles elle a toujours répondu patiemment et avec courtoisie. Mais en privé, elle dit seulement qu’il ne faut pas passer son temps à se poser des questions. «Quand je vois les problèmes qu’ont certains couples ou certaines familles, je trouve que je suis très heureuse, finalement!»

Florence Luy / 23 avril 2002