World Music Festiv’Alpe

La planète sous chapiteau

Du 9 au 12 août, le World Music Festiv’Alpe a mis les musiques de la planète sous chapiteau. Musicalement, ce millésime 2001 a tenu toutes ses promesses. Néanmoins, il n’est pas parvenu à équilibrer son budget. Les organisateurs, qui espéraient 2700 entrées payantes, en ont enregistré un peu plus de 2000.


Samedi soir, le reggae allumé de Patrice a fait monter la température du Festiv’Alpe (C. Haymoz)

Dimanche soir, 21 heures. Pour le public ravi, les Moldaves de la Fanfare Savale tirent une dernière ritournelle frénétique de leurs instruments tout cabossés, et leur révérence. Leur prestation met un terme au millésime 2001 du World Music Festiv’Alpe. Sous la grande tente et la «Halle aux épices» se sont succédé quatre jours durant une vingtaine de groupes issus des quatre coins du monde. Points forts de la manifestation: les prestations du combo électronique Ekova et de la Camerounaise Sally Nyolo. Vendredi, cette dernière s’est même permis de voler la vedette à sa compatriote Princesse Erika. Samedi soir, la température est encore montée d’un cran sous le grand chapiteau de Château-d’Œx. Coupables: le reggae allumé de l’Allemand Patrice et la salsa infernale d’Alfredo de la Fé. A la pointe de l’archet, ce violoniste de Nueva York a guidé ses musiciens entre la Grande Pomme et Cuba, à la frontière entre salsa, hip-hop et latin Jazz. De deux à trois heures du matin, les premiers rangs du public risquèrent plus d’une fois la crise d’apoplexie. L’Algérien Faudel apparaissait comme la principale tête d’affiche du festival. Très (trop?) professionnel, il a offert un concert tellement bien rodé qu’il en manquait singulièrement de spontanéité. Résultat: les fans furent enchanté(e)s (Fau-del! Fau-del! Fau-del!), mais les profanes restèrent sur leur faim. Au rayon découvertes, les «aborigènes» suisses allemands Chris Haltiner et Mathias Müller, au didgeridoo, ont remporté haut la main le «contest» qui voyait s’affronter une douzaine de formations venues du Maroc à l’Argentine en passant par l’Iran.

Festiv´Alpe dans le rouge
Niveau finances, le World Music Festiv´Alpe peine encore à trouver ses marques. Il a réalisé un déficit de 180000 fr. en 1996, de 120000 fr. en 1998 et de 60000 fr. en 2000, dont une partie reste encore à éponger. La situation s’améliore d’année en année, mais on est encore loin des chiffres noirs. Difficile à évaluer, le déficit 2001 n’en est pas moins prévisible: les organisateurs tablaient sur 2700 à 3000 entrées payantes. Au moment du décompte, ils se retrouvent avec un peu plus de 2000 billets vendus, soit une affluence inférieure à celle de l’année passée. La soirée de vendredi, en particulier, n’a pas répondu à toutes les attentes placées en elle: «Nous comptions sur une tête d’affiche comme Princesse Erika pour attirer les foules, mais seules 500 personnes ont payé leur entrée. Il s’agit d’un mauvais choix de programmation, qui nous coûte environ 23000 francs», reconnaît Aldo Palavicini, responsable principal du festival.

Rythme annuel
Alors qu’il avait initialement lieu tous les deux ans, le festival passe aujourd’hui à un rythme annuel. N’est-ce pas prendre un risque financier supplémentaire? «Certainement, répond Aldo Palavicini, mais c’est surtout un moyen de fidéliser le public du festival. Auparavant, il fallait relancer la machine tous les deux ans, et rappeler aux gens que nous existions. Par ailleurs, nous avions un peu peur de nous faire piquer la place.» Confiants en l’avenir, les organisateurs espèrent se refaire dès l’édition prochaine, du 8 au 11 août 2002. Selon eux, une collaboration accrue avec le Département développement et coopération (DDC) de la Confédération, un des principaux soutiens de la manifestation, pourrait constituer l’avenir du festival.

Christophe Mauron / 14 août 2001