VEVEYSE-GLÂNE
François Genoud, syndic de Châtel-Saint-Denis

Objectif qualité de la vie

Si les finances de Châtel-St-Denis sont saines, les investissements prochains s’annoncent importants. Tirant profit de sa situation privilégiée près de l’A12, le chef-lieu de la Veveyse voit sa population «exploser». La qualité de vie est l’une des priorités de la nouvelle législature. Le point avec le syndic François Genoud.


François Genoud: «Maîtriser l’explosion démographique, maintenir des finances équilibrées»

Je me suis senti à la fois content et soucieux», confie François Genoud. Le 1er avril dernier, il accédait à la syndicature de Châtel-St-Denis. Une élection qui a signifié la reconquête de la fonction par le Parti démocrate-chrétien. Et aussi un autre style dans l’art et la manière de gouverner, après l’ère du populaire Joe Genoud.
«Châtel se trouve à un tournant de son développement. Il s’agit de ne pas manquer les marches! Au début, on se sent seul, dans sa fonction de syndic. Puis, on réalise qu’on est neuf autour de la table, dont seulement trois nouveaux, pour partager le poids des responsabilités. Alors, l’esprit d’équipe l’emporte. Après les élections, on aurait pu s’attendre à une atmosphère tendue, vu mon accession à la syndicature. Mais la défense des intérêts communaux l’a emporté sur toute considération de politique partisane», se félicite François Genoud, qui apprécie beaucoup le fait d’être épaulé par «un personnel communal dévoué et des cadres passionnés, à l’écoute du Conseil communal».

Autoroute providentielle
Homme discret, François Genoud était déjà depuis six ans dans le sérail communal avant son élection à la fonction de syndic. «Le syndic est celui qui organise. Il est le catalyseur d’une équipe, il encourage, motive, freine parfois.»
Les enjeux du chef-lieu veveysan pour cette législature? «La Veveyse est un petit district de neuf communes, le préfet joue bien son rôle fédérateur. Le rôle de pôle économique et de chef-lieu est bien perçu. Dans une petite région comme la nôtre, il est plus facile de se mettre d’accord pour des projets, même d’envergure.» François Genoud en veut pour preuve la cohésion qui s’est manifestée autour du projet de halle de sport triple à Châtel, qui vient d’être mis à l’enquête.
Economiquement, Châtel-Saint-Denis a été gâtée. Sa situation, à proximité de l’autoroute, a favorisé le développement d’une belle zone industrielle, bien diversifiée, avec des entreprises de pointe dans le domaine paramédical, et de grandes entreprises, comme CWS ou Säuberlin & Pfeiffer, du groupe français Autajon.
Conséquence: la population a augmenté de manière impressionnante. Dans une proportion moins explosive qu’à Attalens. Mais le cap des 5000 habitants, franchi en avril, est aujourd’hui dépassé (5077 habitants). La construction de nouveaux quartiers bat son plein.
Nouvelles recettes fiscales à l’avenant? François Genoud sourit: «Peut-être, mais pas tout de suite. Cette augmentation de la population nous amène aussi à réfléchir à une extension de nos infrastructures, notamment dans le domaine scolaire. Surtout que l’école fribourgeoise jouit d’une excellente réputation hors de nos frontières.» L’option d’une nouvelle école a ainsi été intégrée au projet de halle de sport triple. «Quand les besoins seront là, nous agirons. Pour le moment, on table uniquement sur les naissances. Nous devrons aussi tenir compte du flux migratoire, qui est important.»
Au nombre des objectifs de la législature figure aussi la révision du Plan d’aménagement local. «Sa validité court jusqu’en 2011. Ce PAL prévoit une population de 6500 habitants. Nous sommes dans la ligne. Mais il va falloir prendre les devants, choisir la bonne formule pour empêcher que Châtel-St-Denis ne devienne une cité-dortoir.» La qualité de la vie et la préservation de l’environnement préoccupent les Châtelois. La commune n’est pas en reste, elle qui investit dans un concept de chauffage à distance au bois et doit même plancher sur son extension, vu le nombre de nouvelles demandes de raccordement.
Finances saines Les finances communales sont saines, avec des comptes 2005 bénéficiaires, après plus d’un mio d’amortissements extraordinaires (27 mio de charges de fonctionnement) et une dette par habitant se situant à 4200 francs, compte tenu du patrimoine administratif. Une situation que François Genoud tempère toutefois: «Quand tous nos projets seront réalisés, les soucis arriveront! Au Conseil communal, nous nous amusons mentalement au jeu de l’Euro Millions!» sourit-il. Reste aussi que la ville ne dispose plus de beaucoup de terrains industriels. Et que les privés ne semblent pas prêts à vendre ceux qu’ils possèdent.
«En parlant avec les gens, je ressens une sorte d’inquiétude. L’inquiétude, quelque part, de se perdre, de perdre son âme. C’est le signe, pour le Conseil communal, qu’il faut mettre la priorité sur la maîtrise de l’explosion démographique, pour que les finances restent équilibrées, l’impôt à son niveau (94 ct.), et pour maintenir une bonne qualité de vie à Châtel.»

L'homme

S’il a suivi, au gré des pérégrinations familiales, ses écoles primaires à Bulle, puis à Palézieux (VD), depuis 1976, François Genoud, qui y est né en 1957, est établi à Châtel-Saint-Denis. Après l’Ecole normale, François Genoud a suivi une formation pédagogique, puis enseigné à l’école primaire de sa ville, avant d’être nommé, en 1988, au Cycle d’orientation de la Veveyse, où il est professeur de classes à exigences de base.
Sportif, François Genoud a entraîné durant des années les juniors de foot. Il fait de la moto et du ski, aime la montagne et taquiner les champignons… quand il en a le temps! Le sport est chez lui un besoin. Mais son centre d’intérêt principal, en dehors de ses responsabilités professionnelles et politiques, c’est la famille. «Je n’aurais jamais accepté mon mandat de syndic sans avoir sollicité l’avis des miens.» Marié, François Genoud est père de trois enfants de 25, 23 et 20 ans.
Ses affinités avec le Parti démocrate-chrétien? «Je me suis lié, il y a longtemps, avec les plus fervents des PDC, comme Jean Genoud et ses frères.» Homme discret, plus «écouteur» que «discoureur», François Genoud a pour ligne de conduite la modération en toute chose. En particulier en politique: «Il est impossible de gouverner avec des extrêmes.»

 

 

 

Roger Brodard, syndic de Romont

En finir avec la sinistrose

Restructurations au Parc automobile de l’armée et chez Tetra Pak, hausse des impôts, comptes déficitaires: ces dernières années, Romont s’en est pris plein la tête. Une série noire qui n’entame en rien le moral et la détermination de Roger Brodard, le nouveau syndic du chef-lieu de la Glâne. Pour lui, Romont est appelé à réussir.


Roger Brodard: «Passer du temps avec mes collègues du Conseil communal, ça me dope!»

Depuis avril dernier, Roger Brodard est le syndic de Romont. Conseiller général, il n’avait jusqu’alors jamais siégé dans un Exécutif. De surcroît, le Conseil communal sorti des urnes de mars 2006 compte sept nouveaux élus sur neuf. Quid, six mois plus tard? «La bonne entente et la sérénité règnent sur nos débats.» Le tout saupoudré de pincées d’optimisme: il en faut pour relever les défis d’une nouvelle législature portant les stigmates de la précédente.

Une image sinistrée
En 2002, des restructurations internes chez Tetra Pak, gros contribuable, ont pour conséquence une diminution catastrophique de la manne fiscale. Romont doit augmenter ses impôts. Mesure pénalisante pour un chef-lieu en compétition avec d’autres pôles économiques. Fin 2004, des restructurations sont annoncées au Parc automobile de l’armée. Automne 2005, nouvel électrochoc: Tetra Pak licencie massivement. C’est beaucoup pour une petite cité de 4250 habitants. Qui, du coup, se voit affublée de l’étiquette de «ville sinistrée».
Roger Brodard veut corriger le cliché. Parce que l’esprit de «cette sinistrose est en train de disparaître. Le chef-lieu s’est beaucoup engagé pour le district, les communes le savent. J’aime le slogan de Bernard Müller, l’ancien secrétaire de l’Association régionale Gruyère: “Il faut penser Gruyère!” Alors, pensons Glâne! Un vent neuf souffle sur le district. Quelque part, on est appelé à réussir.»
Effectivement, ça bouge derrière les murs des halles de Tetra Pak désertées par les machines. Cinémagination, l’usine à images, y tourne un long métrage d’animation. Adhex, société spécialisée dans les films protecteurs, va s’y implanter (une cinquantaine d’emplois à la clé). Et d’autres entreprises lorgnent du côté de Romont. «Nous disposons encore, en zone industrielle, de 140000 mètres carrés d’un seul tenant. C’est devenu rare en Suisse.» Contrairement à une idée très répandue, l’absence d’accès directs aux autoroutes ne serait pas perçue comme un handicap pour l’implantation d’entreprises à Romont. «Une étude de la Promotion économique confiée au professeur Pasquier sur la Glâne 2020 abonde dans ce sens», observe Roger Brodard.
Et si Tetra Pak quittait définitivement Romont? «Qui peut prédire l’avenir du nouveau produit que l’entreprise développe à Romont?
Si elle partait? A quoi bon pleurer? Depuis son arrivée à Romont, il y a trente ans, Tetra Pak a apporté à la ville quelque 40 millions de francs.» Pour ce qui est du PAA, Roger Brodard déplore «un déficit de communication». «Le préfet va reprendre son bâton de pèlerin. Mais il va falloir se préparer à des changements d’ici à 2010.» Pour le reste, le Conseil communal fait confiance à la Promotion économique cantonale: «Elle ne dit pas tout ce qu’elle fait, mais elle est très active pour “vendre” Romont et la Glâne. Romont était d’ailleurs sur les rangs pour le futur centre Nespresso» (qui sera finalement construit à Avenches).
Les défis? «Changer l’état d’esprit, développer le réseau des PME-PMI, parce qu’il est utopique d’espérer la venue d’entreprises de 400 ou 500 emplois. Redynamiser le centre-ville, empoigner le dossier, encore à créer, du réaménagement de la gare. Et attirer une population résidentielle. Grâce à nos prédécesseurs, la ville a des infrastructures suffisantes pour accueillir 800 habitants de plus. Depuis le début de l’année, des ventes de terrains pour plus d’un million de francs ont été ratifiées. Parmi toutes les personnes qui ont cédé au charme d’une petite cité médiévale au vert, culturellement bien équipée et scolairement renommée, une seule a estimé que notre contribution immobilière (3‰) était trop élevée!» En fait, pour un Genevois, Romont, avec ses terrains bon marché, ferait presque figure de paradis fiscal…

«Contenir» l’impôt
N’en reste pas moins un wagon de soucis. Romont a une lourde dette nette (de l’ordre de 24 mio, 5200 francs par habitant). «Pas catastrophique», selon Roger Brodard. Mais les comptes 2005 présentaient un déficit inquiétant de 400000 francs et le chef-lieu en a appelé à la solidarité glânoise… «Début octobre, nous aurons une première séance pour le budget. Notre vœu, ce n’est pas de baisser l’impôt, mais de le contenir à 96 centimes.» Pour l’heure, l’impôt est à 1 fr. 10. Mais avec la prochaine cantonalisation des hôpitaux, en 2007, les Romontois verront l’impôt diminuer de 14 centimes. Baisse contre-balancée par… une hausse de l’impôt cantonal, certes.

Une clé unique, vivement
L’espoir d’une amélioration de sa situation, Romont le voit aussi dans la reprise des négociations avec les communes glânoises pour la définition d’une clé unique de répartition des charges incombant au district. Un rééquilibrage qui signifierait, pour le chef-lieu, un bol d’air de quelque 700000 francs par an… L’espoir est d’autant plus fort que le dossier a été repris par l’Association des communes de la Glâne. «Tout ce travail est de longue durée. Si nous parvenons à améliorer la situation durant cette législature, alors nous aurons fait du bon boulot!» conclut Roger Brodard.

L'homme

Né en 1948 à La Roche, Roger Brodard est marié et père de quatre enfants. «Mon père est décédé très jeune. Ma mère s’est retrouvée seule avec sept enfants. C’est elle qui m’a poussé à faire des études.»
Après les collèges Saint-Charles à Romont et St-Michel à Fribourg, Roger Brodard a été secrétaire-taxateur au Service cantonal des contributions. «En 1972, il y avait pénurie d’enseignants. J’ai suivi la formation extraordinaire pour obtenir mon premier poste à Berlens.» De 1992 à 1994, Roger Brodard fréquente l’Institut de pédagogie curative puis, en 1995, entreprend une nouvelle formation en médiation scolaire. En 2000, il devient inspecteur scolaire de la Glâne et de la Veveyse: ce qu’il est toujours.
C’est de son père que Roger Brodard a hérité sa filiation au Parti démocrate-chrétien. Ce qui ne l’empêche pas de revendiquer sa liberté de pensée. «Si je devais choisir une sensibilité, ce serait la sociale-démocratie. Je suis un PDC, mais je n’ai pas partagé la position du parti sur les votations du 24 septembre. Pour moi, c’est une gifle à la population étrangère de Romont, et à ma famille, qui s’est agrandie de personnes d’origines diverses.»
Passionné de foot, cofondateur, en 1979, du premier regroupement des juniors du district de la Glâne (clubs de Villaz-St-Pierre, Mézières, Vuisternens, Billens, Siviriez et Romont), Roger Brodard adore le vélo. Et sa tâche à l’Exécutif de Romont le passionne: «Je l’assume avec un réel plaisir. Passer deux heures avec les collègues du Conseil communal, ça me dope!»

 

Marie-Paule Angel
26 septembre 2006

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