Parmi tous les scrutins de ce dimanche, le résultat de la modi-fication de la loi sur l’asile et les étrangers a été le plus commenté, souvent considéré comme un appel à davantage d’ordre et de repères. Faut-il s’étonner de ce score de 68%? Il est conforme aux sondages et aux résultats des précédentes votations sur des thèmes similaires.
Evidence, ce vote des citoyens helvétiques témoigne des craintes suscitées par les flux migratoires, perçus par beaucoup comme incontrôlables. Une inquiétude alimentée par un contexte. Les images presque quotidiennes de ces flots de réfugiés dérivant sur la Méditerranée, celle des sans-papiers expulsés de Cachan et livrés à eux-mêmes faute d’être renvoyés: cette réalité constamment relayée par les médias contribue à chauffer les imaginations et à électriser les émotions.
Tous les votes sur les étrangers sont chargés de passions. Pour avoir pris une position qui ne convenait pas à certains de ses lecteurs, la rédaction de ce journal a été arrosée de libelles anonymes dont le contenu est assez éloigné de la charité chrétienne. Pourquoi une telle haine autour d’un sujet comme l’asile? Longtemps contenue et véhiculée par une infime minorité, celle-là se trouve aujour-d’hui légitimée par les initiatives et les propos de partis qui ont, comme c’est le cas dans d’autres pays, exploité la question des étrangers pour en faire un argument électoral.
Ce 24 septembre marque un tournant. La politique d’immigration défendue depuis une bonne décennie par l’UDC est devenue la politique officielle de la Suisse. Avec la caution des partis du centre droit. Démocrates-chrétiens et radicaux mesureront trop tard le risque pris en squattant les terres de l’UDC. En approuvant ce qu’ils combattaient il y a encore une décennie, les partis bourgeois ne sont-ils pas tombés dans un piège? C’est naïveté de croire que le parti blochérien va se contenter de cette victoire. Les résultats à peine connus, l’UDC ouvrait déjà de nouveaux chantiers. Elle faisait déjà monter la pression, appelant à un «contrôle des procédures de naturalisation» et à la fin des «violations de nos principes culturels et chrétiens» par «des étrangers qui refusent de s’intégrer». Entre foulards et minarets, les prochaines batailles électorales se profilent déjà.
L’UDC va intensifier son exploitation de ce thème porteur, qui charpentera les élections nationales de 2007. Face à la bise annoncée, PDC et PRD risquent de se retrouver fort dépourvus…

Patrice Borcard 26 septembre 2006

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