VEVEYSE Clôture et commémoration
Rue fête son pionnier de l’air

En août 1898, le Français Ferdinand Ferber testait son premier planeur à Rue, dont il était le châtelain. Un thème de clôture idéal pour les enfants du cercle de Rue, qui commémoreront ce jeudi les premiers essais de ce précurseur du vol à voile et du vol motorisé. Conférences de Claude Nicollier et démonstrations de vol à l’appui.


Militaire de carrière, Ferdinand Ferber dut réaliser ses essais privés sous le pseudonyme de Ferdinand de Rue, qu’il utilisa aussi lors de meetings aériens

«Concevoir un planeur n’est rien, le construire c’est peu, l’essayer c’est tout.» Paroles de Ferdinand Ferber qui, à coup sûr, philosophait en connaisseur. Ce capitaine et polytechnicien français a en effet marqué les débuts de l’aviation européenne entre 1900, date du premier planeur, et 1909, date du premier avion à essence. Et le pionnier inscrivit du coup Rue dans l’histoire aéronautique, en y pratiquant ses premiers essais de planeur. C’était lors d’un congé en août 1898, au château de Rue, à l’époque propriété familiale. Une anecdote ravivée en décembre dernier à l’occasion du centenaire du premier vol des frères Wright, et que les élèves du cercle scolaire d’Auboranges, Chapelle, Ecublens et Rue commémoreront ce jeudi 1er juillet, à l’occasion d’une fête publique (lire encadré).
Selon les recherches effectuées par l’historien genevois Jean-Claude Caillez, les essais de Rue furent décevants. Après avoir réalisé un modèle réduit de planeur lancé depuis une fenêtre du château, Ferber construit un véritable planeur d’un poids de 30 kilos et de 8 mètres d’envergure, sans queue, et capable de l’emporter en vol plané. Essayé à Rue en août 1898, mais aussi en octobre et en septembre suivant, l’appareil instable vole comme un cerf-volant et se brise en arrivant au sol. Mais l’opération hisse tout de même Ferdinand Ferber au rang de second à pratiquer le vol de planeur piloté en Suisse. Trois modèles plus tard, en 1901, aux environs de Nice, son monoplan franchit 15, 25, puis 50 mètres en vol plané. Ce numéro 4 sera, selon Jean-Claude Caillez, l’ancêtre de l’actuel parapente.

Tempête malvenue
Mais Ferber ne se contentera pas de développer le vol plané. Il œuvrera aussi au développement de la motorisation des avions, testant notamment une douzaine d’appareils de sa conception, au hasard de ses affectations militaires. A Nice, il conçoit ainsi le premier banc d’essai de moteur et d’hélices qui, monté sur un châssis de bambou et sur quatre roues, atteindra 40 km/h. Il effectue aussi ses premiers essais d’engins motorisés en les suspendant au bras d’une grue de chantier, carrousel qu’il baptise aérodrome.
L’aviateur joue pourtant de malchance: en novembre 1906, une tempête détruit au sol son appareil motorisé numéro 8, qui aurait pu lui permettre de couper l’air sous le pied des frères Wright, détenteurs du premier vol motorisé et contrôlé de l’histoire, estime Jean-Claude Caillez. Il invente aussi le manche à balai, mais pense trop tard à le faire breveter, n’obtenant ainsi que la paternité d’un coordinateur de commande couplant la direction et la profondeur, inventé en 1902.
En 1909, Ferdinand Ferber bénéficie de longs congés militaires consécutifs, qu’il emploie entre autres à l’étude du Ferber 10. En attendant, il vole sur un biplan Voisin. C’est sur cet engin qu’il effectue un vol de démonstration à Boulogne-sur-Mer, le 22 septembre 1909. Son dernier vol, puisque l’atterrissage, perturbé par une rafale, envoie l’avion capoter dans un fossé. Projeté à terre, l’aviateur reçoit tout le poids du moteur sur la poitrine. Il avait 47 ans.

De Ferber à Nicollier

A l’initiative de l’historien genevois Jean-Claude Caillez, la commission scolaire d’Auboranges, Chapelle, Ecublens et Rue conjuguera clôture scolaire et commémoration en l’honneur de Ferdinand Ferber, ce jeudi à Rue. «Une première pour notre cercle», explique Brigitte Kauffmann, présidente de la commission. La journée débutera à 10 h à la salle des Remparts, par une conférence de l’astronaute Claude Nicollier, qui abordera son expérience de l’espace et le programme Mars. A 11 h 30, les 170 élèves du cercle participeront à un concours de lancer de planeurs, aux alentours du château.
Une simulation du premier vol plané de Ferdinand Ferber ouvrira l’après-midi, à 13 h 30, avec le passage de quatre FA-18. Des démonstrations d’aile delta, de parapente à moteur, de parachutisme et de modèles réduits suivront, avec des vols d’avions – un biplan Bücker Jungmeister, un Cessna 182 et un Piper 147. En cas de mauvais temps, une projection du film Ces merveilleux fous volants... sera donnée à la salle des Remparts.

Rue, salle des Remparts, château et terrain de foot, jeudi 1er juillet, dès 10 h


Stéphane Sanchez
26 juin 2004

Une I Editorial I Gruyère I Fribourg I Sports

Droits de reproduction et de diffusion réservés © La Gruyère 2003 – Usage strictement personnel