Claude Currat

Dans l’ombre de la musique

Il reste une semaine avant le début de la 7e édition des Francomanias de Bulle (du
7 au 11 mai). En attendant cette fête de la chanson française, gros plan sur un de ses indispensables rouages, Claude Currat, responsable technique.


Claude Currat, responsable technique des Francomanias de Bulle

Avec ses longs cheveux et ses boucles d’oreilles, il a le look du parfait rocker. Mais si sa vie professionnelle est bien dévouée à la musique et au spectacle, c’est dans l’ombre que travaille Claude Currat. Responsable technique des Francomanias de Bulle, qui débutent dans une semaine, le Gruérien fait partie des rouages indispensables à la réussite de la manifestation. Il gère tous les aspects du son et de la lumière, des préparatifs à la mise en place.
A 33 ans, Claude Currat œuvre dans les coulisses de nombreuses manifestations, de Paléo aux concerts ou ballets du Métropole de Lausanne, de Rock Oz’Arènes aux spectacles de la Commission culturelle de Bulle. Comment en est-il arrivé à ce statut? D’abord en suivant une formation d’électricien, imagine-t-on. Il sourit: «J’ai fait un apprentissage de boulanger pâtissier!»
Très tôt, il est toutefois attiré par le monde de la musique. «J’ai commencé par des discos mobiles, à l’âge de 15 ans. J’animais aussi une émission de dédicaces sur Radio Sarine. Et à 16 ans, j’étais DJ à la Peau de Vache.» Peu à peu, Claude Currat s’introduit dans le milieu du spectacle. «J’ai débuté comme “manoillon”, en déchargeant des camions… Les premiers gros trucs que j’ai faits, c’était Pink Floyd et Michael Jackson, à La Pontaise et à Bâle.»

A l’école d’Ebullition
La création du centre culturel bullois l’aide ensuite à se familiariser avec la technique. «J’ai beaucoup appris à Ebullition», explique Claude Currat, qui faisait partie du noyau fondateur. «On avait acheté le matériel pour le son et les lumières et il fallait gérer des groupes chaque week-end. De fil en aiguille, j’ai commencé à mixer des premières parties.» La suite? Plutôt que de se spécialiser dans le son, il touche à la régie générale et se fait sa place.
Indépendant depuis six ans, Claude Currat travaille au mandat. Certains sont à l’année, comme à l’Hôtel de Ville de Bulle ou au Métropole de Lausanne, dont il est régisseur adjoint. D’autres durent le temps des festivals, comme à Paléo – où il est responsable de la grande scène depuis l’année dernière – à Rock Oz’Arènes ou encore à Pully for Noise. Et, bien sûr, aux Francomanias, dont il est responsable technique depuis la 4e édition, mais où il a travaillé dès la deuxième.
Pour le festival bullois, Claude Currat s’est entouré d’une équipe qu’il connaît bien. «A l’Hôtel de Ville, il y aura sept techniciens professionnels, cinq pour le son et deux pour la lumière, et quatre ou cinq bénévoles pour aider entre autres aux changements de plateau. A Espace Gruyère, ce sera la même équipe, avec deux professionnels en plus.»

Béjart et Aston
La rigueur et le sérieux qu’exige ce travail, autant pour la qualité des concerts que pour la sécurité, n’empêchent pas la bonne humeur. «J’adore les festivals. Il y a vraiment une ambiance particulière. Mais j’ai aussi besoin de travailler sur des choses différentes. C’était par exemple très intéressant de partir deux semaines en Russie, avec le Ballet Béjart.»
La musique, Claude Currat aime la faire partager d’une autre manière. Booking et management, à travers sa société SPL, prennent une partie de son temps. Depuis six ans, il est ainsi tourneur pour la Suisse d’Aston Villa, les rockers français qui montent. De la même manière, il s’occupe des Yeux Noirs, de La Rue Kétanou (en concert aux Francomanias le 9 mai) et était manager des Gruériennes de Skirt. «Je prends peu de groupes, afin d’avoir vraiment le temps de m’en occuper.»

Nouvelle aventure
Technicien de spectacle, Claude Currat est ravi de voir son métier enfin reconnu: il fera bientôt partie de la première volée de professionnels à recevoir un brevet fédéral. Parce que son enthousiasme ne faiblit pas, un autre projet lui tient à cœur: il préside en effet l’association Le Bac à sable, du nom de ce centre culturel qui devrait voir le jour à Avenches. L’automne passé, Aventic 01 a marqué le début de cette nouvelle aventure.
Autant dire qu’on le croit volontiers quand il affirme n’avoir pas pris de vacances depuis six ans et que ses semaines de travail font en moyenne 60 heures. Avec toujours la même flamme et le sentiment d’être un privilégié: «Je fais partie de la toute petite minorité des gens qui aiment vraiment leur métier.»

De Palmas tout confort
Pour la première fois, deux concerts des Francomanias de Bulle se tiendront à Espace Gruyère, le vendredi 10 mai. S’y succéderont Les Valentins et Gérald De Palmas. Responsable technique, Claude Currat se montre confiant sur le confort sonore de la salle. «La scène sera située côté Vuadens. Nous aurons la configuration normale d’un gros concert. Cette disposition empêche que le son aille taper contre les vitres de la brasserie. Et puis, nous avons un bon système, avec largement assez de puissance.»
A Espace Gruyère, tout sera installé dès jeudi. «On va prendre le temps pour travailler au niveau acoustique.» Reste un impondérable: «C’est le technicien du groupe qui fait le concert. On va tout régler, mais c’est lui qui mixe. S’il a envie de faire un bon son, il le fera. Mais il n’y aura pas de problèmes: ces gens ont l’habitude de s’adapter à toutes sortes de salles.»

Eric Bulliard / 30 avril 2002