Avec ses longs cheveux
et ses boucles doreilles, il a le look du parfait rocker. Mais
si sa vie professionnelle est bien dévouée à la
musique et au spectacle, cest dans lombre que travaille
Claude Currat. Responsable technique des Francomanias de Bulle, qui
débutent dans une semaine, le Gruérien fait partie des
rouages indispensables à la réussite de la manifestation.
Il gère tous les aspects du son et de la lumière, des
préparatifs à la mise en place.
A 33 ans, Claude Currat uvre dans les coulisses de nombreuses
manifestations, de Paléo aux concerts ou ballets du Métropole
de Lausanne, de Rock OzArènes aux spectacles de la Commission
culturelle de Bulle. Comment en est-il arrivé à ce statut?
Dabord en suivant une formation délectricien, imagine-t-on.
Il sourit: «Jai fait un apprentissage de boulanger pâtissier!»
Très tôt, il est toutefois attiré par le monde de
la musique. «Jai commencé par des discos mobiles,
à lâge de 15 ans. Janimais aussi une émission
de dédicaces sur Radio Sarine. Et à 16 ans, jétais
DJ à la Peau de Vache.» Peu à peu, Claude Currat
sintroduit dans le milieu du spectacle. «Jai débuté
comme manoillon, en déchargeant des camions
Les premiers gros trucs que jai faits, cétait Pink
Floyd et Michael Jackson, à La Pontaise et à Bâle.»
A lécole
dEbullition
La création du centre culturel bullois laide ensuite à
se familiariser avec la technique. «Jai beaucoup appris
à Ebullition», explique Claude Currat, qui faisait partie
du noyau fondateur. «On avait acheté le matériel
pour le son et les lumières et il fallait gérer des groupes
chaque week-end. De fil en aiguille, jai commencé à
mixer des premières parties.» La suite? Plutôt que
de se spécialiser dans le son, il touche à la régie
générale et se fait sa place.
Indépendant depuis six ans, Claude Currat travaille au mandat.
Certains sont à lannée, comme à lHôtel
de Ville de Bulle ou au Métropole de Lausanne, dont il est régisseur
adjoint. Dautres durent le temps des festivals, comme à
Paléo où il est responsable de la grande scène
depuis lannée dernière à Rock OzArènes
ou encore à Pully for Noise. Et, bien sûr, aux Francomanias,
dont il est responsable technique depuis la 4e édition, mais
où il a travaillé dès la deuxième.
Pour le festival bullois, Claude Currat sest entouré dune
équipe quil connaît bien. «A lHôtel
de Ville, il y aura sept techniciens professionnels, cinq pour le son
et deux pour la lumière, et quatre ou cinq bénévoles
pour aider entre autres aux changements de plateau. A Espace Gruyère,
ce sera la même équipe, avec deux professionnels en plus.»
Béjart
et Aston
La rigueur et le sérieux quexige ce travail, autant pour
la qualité des concerts que pour la sécurité, nempêchent
pas la bonne humeur. «Jadore les festivals. Il y a vraiment
une ambiance particulière. Mais jai aussi besoin de travailler
sur des choses différentes. Cétait par exemple très
intéressant de partir deux semaines en Russie, avec le Ballet
Béjart.»
La musique, Claude Currat aime la faire partager dune autre manière.
Booking et management, à travers sa société SPL,
prennent une partie de son temps. Depuis six ans, il est ainsi tourneur
pour la Suisse dAston Villa, les rockers français qui montent.
De la même manière, il soccupe des Yeux Noirs, de
La Rue Kétanou (en concert aux Francomanias le 9 mai) et était
manager des Gruériennes de Skirt. «Je prends peu de groupes,
afin davoir vraiment le temps de men occuper.»
Nouvelle aventure
Technicien de spectacle, Claude Currat est ravi de voir son métier
enfin reconnu: il fera bientôt partie de la première volée
de professionnels à recevoir un brevet fédéral.
Parce que son enthousiasme ne faiblit pas, un autre projet lui tient
à cur: il préside en effet lassociation Le
Bac à sable, du nom de ce centre culturel qui devrait voir le
jour à Avenches. Lautomne passé, Aventic 01 a marqué
le début de cette nouvelle aventure.
Autant dire quon le croit volontiers quand il affirme navoir
pas pris de vacances depuis six ans et que ses semaines de travail font
en moyenne 60 heures. Avec toujours la même flamme et le sentiment
dêtre un privilégié: «Je fais partie
de la toute petite minorité des gens qui aiment vraiment leur
métier.»
De
Palmas tout confort
Pour la première fois, deux concerts des Francomanias de Bulle
se tiendront à Espace Gruyère, le vendredi 10 mai. Sy
succéderont Les Valentins et Gérald De Palmas. Responsable
technique, Claude Currat se montre confiant sur le confort sonore de
la salle. «La scène sera située côté
Vuadens. Nous aurons la configuration normale dun gros concert.
Cette disposition empêche que le son aille taper contre les vitres
de la brasserie. Et puis, nous avons un bon système, avec largement
assez de puissance.»
A Espace Gruyère, tout sera installé dès jeudi.
«On va prendre le temps pour travailler au niveau acoustique.»
Reste un impondérable: «Cest le technicien du groupe
qui fait le concert. On va tout régler, mais cest lui qui
mixe. Sil a envie de faire un bon son, il le fera. Mais il ny
aura pas de problèmes: ces gens ont lhabitude de sadapter
à toutes sortes de salles.»
Eric
Bulliard
/ 30 avril 2002