FOOTBALL 1re LIGUE

Fribourg - Bulle 2-4 (0-1)
Une bouée nommée réalisme

Un réalisme retrouvé au moment idoine a permis, samedi, au FC Bulle de prendre la mesure de Fribourg 4-2 (1-0). Au-delà de ce succès de prestige sur leur voisin cantonal, les Gruériens voient le couperet s’éloigner. Même si Francis Sampedro se défend encore de pavoiser, le maintien est désormais à portée de crampons.


Voelin (à gauche) disait vouloir prouver que Bulle était numéro un dans le canton: avec deux buts, samedi, il a montré qu’il était bien le plus fort (C. Dutoit)

Saupoudrée d’un zeste de réussite, l’expérience est l’ingrédient de base du réalisme. En mal de concrétisation ces dernières semaines, les Gruériens ont rouvert leur livre d’alchimie au moment opportun, obligeant le jeune gardien Rossier à quatre révérences. Un exploit qu’ils n’avaient pas encore réalisé cette saison. Sur sa première intrusion sérieuse dans la surface de réparation, David Julmy trouva le chemin des filets d’une demi-volée déviée. Survenu après dix minutes déjà, ce but finit de convaincre les protégés de Sampedro qu’un bon coup était jouable. Parallèlement, il obligea Fribourg à se lancer dans une course poursuite ou, si vous préférez, à prendre la direction du jeu. Ce que les gens de la capitale firent, sans résultat tangible jusqu’à la pause.
Dans son habit préféré de chassé, Bulle recula pour mieux sauter. Même s’il éprouva moult difficultés à garder le ballon en zone offensive, il eût pu doubler la mise par l’intermédiaire de Python, à la 17e minute. Las! Son tir légèrement trop croisé vint mourir à quelques centimètres du poteau gauche de Rossier.
Empêtré dans son rythme mono vitesse, Fribourg présenta un jeu dénué de tout effet de surprise, ne montrant les dents que sur de rares initiatives individuelles. Mais tant Murith que Boughanem butèrent sur l’inoxydable portier Fillistorf, tandis qu’un centre de Di Nardo ne trouva personne à la réception.

Les états d’âme de Fillistorf
Face à une défense gruérienne à son affaire, la jeune phalange de St-Léonard tenta bien de varier la manœuvre en aérant son jeu sur les côtés, ainsi que l’avait demandé son mentor Eric Schafer durant la pause. Pourtant, sur un contre, Voelin fixa Rossier d’un plat du pied imparable pour doubler la mise. Sans le savoir, le milieu de terrain gruérien venait d’appuyer sur le détonateur de trois minutes de folie. Laps de temps qui vit Bertrand Fillistorf passer par tous les états d’âme et vérifier que, malgré deux décennies d’expérience, un gardien peut troquer en une seconde le «h» de héros contre un «z». Le dernier rempart de Bouleyres détourna tout d’abord un penalty de Dupasquier tiré pourtant en force à ras de terre dans le coin, avant de relâcher derrière la ligne fatidique, quelques secondes plus tard, un tir lointain d’apparence anodine de Da Silva (56e, 1-2).
Alors que l’orage semblait passé, la défense bulloise céda sur un coup de tête croisé de Boughanem, consécutif à une longue diagonale de Lukas Schneuwly. Ni une ni deux, Python remit le couvert pour Meuwly, moins de 50 secondes plus tard. D’une balle piquée, ce dernier redonna l’avantage aux Gruériens, définitivement cette fois. La troupe d’Eric Schafer opina alors du chef. Et Voelin conclut l’affaire d’un solo dans les arrêts de jeu.

Marge de cinq points
Fort de sa marge de cinq points sur le premier relégable Red Sar, Bulle peut se préparer à apposer son paraphe sur le renouvellement de son contrat avec la 1re ligue. Prudent, Francis Sampedro se garde de tout geste prématuré. Aussi vrai qu’il reste encore neuf points à distribuer: «Il nous faut encore une victoire pour être sûr», clamait-il en entrant dans les vestiaires, heureux.
Dernier coup de collier ce dimanche à 14 h 30 devant les réservistes de Grasshopper?

INTERVIEW
Eric Schafer (entraîneur du FC Fribourg): «Les Bullois ont fait la différence grâce à leur expérience, leur présence dans les duels et leur force de pénétration. Leur victoire n’est pas imméritée: sur six, sept occasions, ils en ont transformées quatre. Une leçon de réalisme! Notre jeu sans surprise? Malin, Bulle a défendu à huit, voire neuf joueurs, avant de nous piéger en contre. C’était difficile pour mes gars de trouver des solutions. Ils ont néanmoins montré qu’ils savent jouer et qu’ils ont du cœur. Lorsque nous sommes revenus de 0-2 à 2-2, nous aurions dû tirer le frein. Fribourg joue bien, mais il en faut davantage; autrement dit, il faut avoir plus de poids en attaque. Le public veut des résultats.»
David Meyer (FC Fribourg): Souvent à l’abordage, l’ex-Tourain s’est montré l’un des meilleurs Fribourgeois: «Nous n’avons pas réalisé l’un de nos meilleurs matches. Nous subissons le retour de manivelle. A l’aller, Bulle avait dominé et nous avions gagné. Aujourd’hui, c’est l’inverse. Nous ne nous sommes pas montrés assez présents dans nos 20 mètres et dans les 20 derniers mètres adverses. Ce résultat me laisse un goût amer. Nous n’étions pas suffisamment concentrés après le 2-2. Quelques seconde plus tard, le 3-2 a coupé notre bel élan.»
Francis Sampedro (entraîneur du FC Bulle): «Fribourg a réalisé un très bon match. Il nous a mis beaucoup de pression. Nous avons eu la chance d’inscrire le 1-0. Ensuite, à 2-0, nous n’avons pas su gérer notre avance et remis ainsi Fribourg en selle. Ce sont les individualités, l’expérience et la chance aussi qui ont fait tourner le match. A 2-2, j’ai eu très peur. Heureusement que le 3-2 a suivi presque aussitôt. Nous avons fait un pas important vers le maintien. Reste maintenant à bien nous préparer pour nos deux derniers rendez-vous à domicile, afin de conquérir la victoire décisive.»
Olivier Python (FC Bulle): «Le premier but a été le bienvenu parce que nous étions un peu sur les talons en début de match. Ces trois points, indispensables, ont été durement acquis. Aujourd’hui, nous avons su concrétiser nos occasions. On peut parler quasiment d’un 100% de réussite. J’ai eu du souci à 2-2. Mais nous avons su exploiter leur déconcentration grâce à nos gars d’expérience. Avec 32 points, nous sommes pratiquement hors de la gonfle. Nous avons l’occasion de bien terminer le championnat, profitons-en!»

Gilles Liard / 30 avril 2002

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