Il a le snowboard
chevillé au corps, Marc Frossard: surfeur jusquau bout
de ses nattes de rasta. Voilà quatorze ans que ce Bullois de
29 hivers hante les pistes sur sa planche. Pas étonnant donc
que cet ingénieur en télécommunication soit entré
dans le monde des remontées mécaniques de Moléson
par le biais du snowpark du Gros Plané, point de ralliement des
snowboarders.
Cétait en 1997, alors quil présidait le Club
de surf local, le Subdued Club du Moléson. «Sans trop savoir
comment rebondir, je venais de mettre fin à une année
et demi denseignement à lécole dingénieur
dYverdon, au laboratoire de la télécommunication.
Je navais plus envie dêtre enfermé dans un
bureau. A lépoque, le club de snowboard tentait de donner
plus dimportance au snowpark. Il fallait en assurer un entretien
plus sérieux: jai proposé mes services.» Engagé,
le jeune homme travaille aussi à lexploitation de la télécabine,
bientôt remplacée par le funiculaire.
Avalanche de
tâches
Une petite révolution, ce funiculaire: «Il a amené
de nombreux visiteurs sur les pentes du Moléson. La sécurité
sest trouvée améliorée et les soucis liés
au vent ont disparu, explique Marc Frossard. Et les méthodes
de travail ont été transformées.» La mise
en service de lengin, linstallation de la caisse et du système
de billetterie ont dailleurs permis au Bullois de mettre à
profit ses talents dinformaticien et délectronicien.
A la fin octobre 2001, lobtention avec mention dun brevet
fédéral de spécialiste des remontées élargit
encore son domaine dactivité. Le snowboarder porte désormais
le très officiel titre de «Responsable du cycle dexploitation
et des téléskis» à Moléson. En clair,
il soccupe de laccueil de la clientèle (information
et organisation) et de la promotion (publicité et animations).
Mais aussi de la gestion du personnel, une trentaine de personnes. «Il
faut jongler avec la météo et les disponibilités.
Ça revient à planifier limprévisible»,
commente le jeune homme.
Pas mal dadministration donc, mais Marc Frossard est également
chargé de lentretien du snowpark et des quatre téléskis
de la station le téléphérique et le funiculaire
étant du ressort de son collègue Gilbert Jacquet. Loccasion
de sortir régulièrement au grand air pour effectuer des
tournées de contrôle. En snowboard, bien sûr.
«Depuis que je travaille aux remontées, je nai plus
le regard du simple utilisateur. Jimagine de nouveaux tracés
de pistes, jexamine les installations. Même lorsque je surfe
dans les autres stations, je suis plus critique: je jauge les moyens,
les méthodes, je fais pas mal despionnage», avoue-t-il
avec son sourire dingénu taquin.
Mais Marc Frossard est un juge plutôt bienveillant. Preuve en
est lil débonnaire quil porte sur la «faune»
des visiteurs de la station. «Ils sont étonnants. Cest
un côté de mon travail que jaime particulièrement.
Il y a les habitués, comme les coiffeurs du lundi. Il y a aussi
ceux qui viennent de loin et qui sont enchantés de se trouver
au pied du Moléson. Leur joie est vraiment communicative. Il
y a encore les rouspéteurs invétérés, les
pressés, les impatients: jarrive à les trouver drôles,
à force.» Un public préféré? Les surfeurs,
qui représentent environ 30% de la clientèle, parfois
70% lors des week-ends peu enneigés: «Ce sont des inconditionnels
qui ouvrent et ferment la saison. Une bonne clientèle.»
Faire boule de
neige
Autrefois président dEbullition et de lAssociation
fribourgeoise de snowboard, aujourdhui président du club
de snowboard, membre du comité de la Société de
développement de Moléson depuis trois ans, au cur
dune partie des remontées: comment expliquer cette multitude
de responsabilités, à mille lieux de la poudreuse et des
frissons de liberté? «Pour que quelque chose se passe,
il faut que quelquun se bouge. En général, ça
fait boule de neige, explique Marc Frossard. Et jadore cette station,
pour la beauté des lieux, pour le symbole régional que
le Moléson représente. Je ne me serais pas investi autant
ailleurs.»
Mais depuis quelque temps, la montagne et le snowboard ont affaire à
très forte partie. Colin, dix-huit mois, accapare lesprit
de son père: «Il prend de plus en plus de place dans ma
vie, confie Marc Frossard. Surtout quand il sort tous ses jouets!»
Stéphane Sanchez