SKI
DE FOND
Andreas Buchs
Lespoir
poursuit son chemin
Le jeune Andreas
Buchs, 20 ans, qui dispute sa première saison chez les seniors,
a déjà réalisé de belles performances cet
hiver. Qui en appellent dautres. Le Gruérien, spécialiste
du sprint, travaille à temps partiel durant lhiver, afin
de se consacrer à sa passion. Rencontre avec un jeune homme attachant
et modeste.
Grand
espoir du ski de fond gruérien, Andreas Buchs se donne deux à
trois ans pour gravir les échelons (C. Dutoit)
A 20 ans, Andreas
Buchs représente lespoir gruérien du ski de fond.
Champion de Suisse OJ en 1997, champion du monde de triathlon dhiver
en 2001, vainqueur de nombreuses médailles dans les championnats
de Suisse juniors, le skieur de La Villette a entamé cette saison
son apprentissage dans la catégorie reine des seniors. Ses résultats
laissent augurer de belles perspectives.
Grâce à ses bonnes places à Ulrichen début
décembre, le Gruérien est retenu pour lépreuve
de Coupe dEurope de Ramsau. Andreas Buchs nest toutefois pas
homme à se contenter de cela. Il veut encore saméliorer,
estimant avoir une marge de progression appréciable. Les deux ou
trois saisons à venir lui permettront daller au maximum de
ses capacités. Rencontre avec un homme réservé et
attachant, qui se libère une fois les skis de fond chaussés.
Andreas,
votre première saison dans la catégorie seniors se passe
bien. Comment lavez-vous préparée?
Durant larmée, jai pu aller mentraîner
à Macolin pendant sept semaines. Par la suite, je me suis rendu
trois semaines en Suède. Les conditions étaient idéales.
Jai emmagasiné les heures de ski, avec une moyenne de vingt
heures par semaine. Au début décembre, entre les épreuves
de Goms, je suis resté à Ulrichen pour poursuivre ma préparation
en compagnie de Christophe Frésard [n.d.l.r.: le récent
vainqueur de la Semaine gruérienne] et de Laurent Pache. En labsence
de neige à La Villette, je me suis ensuite rendu au col du Jaun.
La semaine passée, mon 25e rang aux championnats de Suisse de poursuite
ma satisfait, même si, avec un meilleur fartage, jaurais
pu prétendre à une place dans les vingt.
Comment
organisez-vous votre préparation?
Gérard Verguet, entraîneur de lARS, me prépare
les plans. Mais, en fonction de mon travail, jadapte mon entraînement.
Cet été, jai effectué plusieurs tests sportifs
à Macolin. Il est clair que je fais dabord une base dendurance
considérable, avant den venir aux intensités. Jessaie
de diversifier ma préparation, en pratiquant le VTT, la course
à pied et le ski à roulettes.
Le ski de
fond à La Villette, cest comme le football en Italie. Pourquoi
avez-vous aussi choisi ce sport?
Dabord par tradition familiale. Mon grand-père le pratiquait.
Mon oncle Emmanuel Buchs, qui me conseille assez souvent, le pratique
encore. A lâge de douze ans, encouragé par mon père,
jai enfilé mes premiers dossards. Jai vite pris goût
à la compétition. Le soutien de ma famille dans les courses
constitue une source de motivation indéniable. De plus, ici à
La Villette, la neige reste plus longtemps quailleurs. Je sors souvent
de la maison les skis aux pieds. Quelle chance!
Comment
vous organisez-vous sur le plan professionnel?
En mai 2001, jai terminé mon apprentissage de charpentier.
En Suisse, on ne peut pas se permettre de tout miser sur le sport. Lété,
je travaille à 100% dans une entreprise de Charmey. Par contre,
je bénéficie dun horaire à 50% pendant lhiver.
Mon patron est très compréhensif, étant lui-même
un sportif dans lâme.
Quel regard
portez-vous sur votre carrière?
Jusquà maintenant, tout sest bien passé,
même si jai raté ma sélection en équipe
de Suisse chez les juniors. Dommage, car je rêvais de participer
aux championnats du monde. Je ne pouvais pas rivaliser avec des jeunes
qui travaillaient déjà à temps partiel. Mais cette
année, je les talonne. Je suis parfois devant des juniors qui me
battaient par le passé.
Quels sont
vos objectifs à court et moyen terme?
Cette saison est avant tout placée sous le signe de lapprentissage.
Je vais me concentrer sur les championnats de Suisse du sprint fin avril
et sur les championnats de Suisse des 30 km. Sinon, jaimerais récolter
des médailles aux championnats romands et fribourgeois. A lavenir,
je souhaite participer à des épreuves de Coupe dEurope.
Un rêve? Pouvoir disputer une Coupe du monde. Cest dans le
domaine du possible. Ma marge de progression est encore grande. Je peux
toujours augmenter mon volume dentraînement et améliorer
ma technique. Par rapport à dautres, jai encore des
réserves. Mais je dois dabord engranger de lexpérience.
Sans brûler les étapes. Je me fixe deux ou trois saisons
pour atteindre mes objectifs.
Pourquoi
le ski de fond suisse est-il en retrait sur la scène internationale?
En Suisse, les structures du sport ne permettent pas dêtre
rapidement compétitif. Il faut créer plus décoles
pour les sportifs. De plus, les sponsors et le public ne sont pas très
présents. Question de mentalité.
Le sport
est une école de vie. Que vous a-t-il apporté personnellement?
Du caractère. Le sport aide pour toute la vie. Je sens que
mon caractère est plus évolué grâce au sport.
Je positive naturellement les choses. De plus, dans la région,
nous avons déjà un caractère fort. Le sport me permet
aussi de découvrir différentes facettes de la vie. Je ne
regretterai jamais de faire des sacrifices pour le sport, même si
cest parfois dur à vingt ans.
Ce week-end,
les championnats romands vont se disputer au col du Jaun. Quelles sont
vos ambitions?
Cest une épreuve importante pour moi. Je souhaite vraiment
récolter une médaille dans lépreuve individuelle
et une médaille dans le relais. Quant à la victoire, cela
dépendra de plusieurs paramètres. Tout dabord le parcours:
sil est nerveux et vallonné, ce sera un avantage pour moi.
Ensuite, létat de forme du jour est déterminant. La
victoire devrait se jouer entre Deschenaux, Gay, Pache, Berney, Cottier
et moi. On verra bien...
La
prédilection du sprint
Pour augmenter lintérêt
médiatique et populaire du ski de fond, la discipline du sprint
a vu le jour récemment. Très spectaculaire, elle met aux
prises quatre concurrents sur une distance de 1,5 km. Les meilleurs se
qualifient pour les tours suivants. Le vainqueur dispute au total quatre
sprints.
Andreas Buchs est un adepte du sprint: «Cest ma discipline
de prédilection. Mon gabarit petit et trapu constitue un avantage,
car il faut avoir beaucoup de nerfs pour bagarrer avec les autres. A part
cela, japprécie autant le classique que le skating. Je dois
encore trouver mes repères sur les longues distances. Le fait davoir
une spécialité maide mentalement.»
Une nouvelle épreuve appelée duathlon sest déroulée
pour la première fois lors de la Coupe dEurope de Ramsau.
Les fondeurs disputent 7,5 km en style classique, puis changent de skis
et de chaussures pour parcourir 7,5 km en style libre. Les impressions
du Gruérien: «Cétait très spectaculaire.
Ce genre de courses attire du monde. Toutefois, les dirigeants doivent
prendre garde à ne pas dénaturer le sport. Avec la multiplication
des disciplines, les gens risquent aussi de ne pas sy retrouver.»
Carte
personnelle
Nom: Buchs
Prénom: Andreas
Date de naissance: 30.06.1981
Taille: 169 cm
Poids: 68 kg
Domicile: La Villette
Etat civil: célibataire
Formation: CFC de charpentier
Hobby: sport en général, cinéma
Plat préféré: lasagnes
Discipline préférée: sprint
Palmarès: champion du monde de triathlon dhiver 2001,
vice-champion de Suisse junior du sprint en 2001, médaillé
dargent et de bronze aux championnats de Suisse jeunesse 1999-2000,
champion romand junior 1999-2000 et 2000-2001, plusieurs titres de champion
fribourgeois et de champion gruérien
Sélection suisse: retenu dans le cadre B pour lépreuve
de Ramsau en décembre 2001 (1re sélection)
Un vu pour 2002: être en bonne santé
Un skieur de fond: Per Elofsson
Une qualité: la persévérance
Un défaut: peu ordré
Propos
recueillis par Yvan Haymoz
/ 3 janvier
2002
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