COMMENTAIRE

Accords
L‘Arc alpin sous tutelle écologiste?

La nécessité de protéger l’Arc alpin ne souffre aucun doute. Reste la manière. Celle proposée hier par Moritz Leuenberger est-elle la bonne? Difficile d’y croire.
Les Alpes ont un écosystème unique non seulement fragile, mais encore soumis à des agressions de plus en plus massives. C’est donc à raison que la Suisse a ratifié, avec sept autres pays et l’UE, la Convention alpine dont le but est d’assurer la protection et le développement durable dans les régions concernées. Mais le pas suivant s’annonce formidablement problématique.
Si le Parlement ratifie les protocoles d’application de la convention, comme le propose le Conseil fédéral, cela signifie que la Confédération fermera les yeux sur de nombreuses votations populaires passées. Pire! Elle soumettra quelque 1000 communes et 60% du territoire national (dont le Valais, les districts vaudois d’Aigle, du Pays-d’Enhaut et de Vevey, la Gruyère et la Singine ainsi que sept districts bernois) à un nouveau droit contrôlé par une organisation non gouvernementale internationale purement écologiste (CIPRA).
Ratifier ces protocoles, c’est renoncer au référendum et c’est permettre à un tribunal international de rendre des sentences définitives. Dans des régions particulièrement fières de la démocratie directe et des possibilités de recours, ce serait une révolution.
Aucun pays n’a ratifié ces protocoles. Les Chambres fédérales joueront le rôle de pionnier. Elles portent donc une énorme responsabilité. N’oublions pas que ces protocoles ouvrent la porte à des mesures dirigistes en matière touristique, de transport, d’énergie, de politique agricole et d’aménagement du territoire. A la clé, des limitations d’élevage du profit de la faune, l’interdiction d’un 2e tunnel routier au Gothard, l’introduction de péages routiers dans les montagnes et mille limitations, notamment de construire, au nom de la priorité à l’environnement, vue avec les yeux les plus verts.
C’est oublier trop d’intérêts sociaux et économiques qui permettent la vie dans les régions de montagne. C’est oublier surtout de concilier écologie et démocratie. Le tandem de la raison.
Raymond Gremaud

Raymond Gremaud / 20 décembre 2001

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