Elections communales

Sorens

D.CI.D. à grignoter un siège

Sorens est connu loin à la ronde pour les rivalités ancestrales qui opposent radicaux et démocrates-chrétiens. Lassés de ces querelles, trois citoyens se lancent en indépendants dans la course à l’exécutif. Une concurrence plutôt bien accueillie par le PDC et le PRD.


C’est la première fois depuis longtemps que les Sorensois peuvent choisir entre radicaux, démocrates-chrétiens (ici lors du lancement de leur campagne le 10 février dernier) et indépendants
(C. Haymoz)

Tôt ou tard, ça devait arriver. Pour la première fois depuis longtemps, les Sorensois se voient offrir une alternative pour l’élection de leur prochain Conseil communal. Le 4 mars prochain, le Groupement des citoyens indépendants-démocrates (D.CI.D.) devrait jouer les arbitres entre les traditionnels rivaux radicaux et démocrates-chrétiens. Le Groupement D.CI.D.? Trois citoyens lassés des éternelles querelles partisanes et décidés – c’est le cas de le dire – à proposer une troisième voie, en vue d’un «nouvel équilibre démocratique et constructif». Le PDC les avait invités à figurer sur sa liste, mais tous trois ont décliné, estimant qu’il était temps de passer à quelque chose de neuf. Françoise Romanens (40 ans), Laurent Descloux (46 ans) et Philippe Robert (47 ans) expliquent: «Nous voulons être le ciment entre les deux partis. Nous voulons éviter l’actuel quatre contre trois du Conseil communal, que ce soit d’un côté ou de l’autre. Nous voulons que le Conseil communal puisse prendre des décisions pour tout le monde, sans dresser une moitié du village contre l’autre.»

Des présidents réjouis
Président du PDC sorensois, Michel Geinoz voit plutôt d’un bon œil ces candidatures: «Je me réjouis. Le village a grandi, une nouvelle tendance politique se dessine. Cette troisième force pourrait faire tampon entre le PDC et le PRD.» Minorisés à l’exécutif depuis plus de quarante ans, les démocrates-chrétiens ne peuvent effectivement qu’applaudir. Et espérer que les nouveaux venus grignotent un siège radical: «Une formule trois-trois-un serait très bonne, elle permettrait de placer un arbitre entre les deux partis, sans qu’un ne domine l’autre», souligne Michel Geinoz. «L’objectif est de conserver nos quatre sièges et la syndicature. Au vu du bilan de la législature et du large soutien rencontré lors des assemblées communales, nous avons bon espoir»: Jacques Privet, président du PRD local, semble assez serein à deux semaines du scrutin. L’entrée dans l’arène des trois trublions de D.CI.D. l’a surpris, «même si nous attendions déjà une troisième liste lors de la dernière élection». A l’instar de son homologue PDC, il ne peut que se réjouir du choix proposé à l’électorat. Même s’il est évident que les indépendants «chassent» le radical…

Bon accueil
«Nous rencontrons beaucoup d’échos positifs. Moi-même qui suis très peu connu dans le village – j’y vis depuis sept ans – j’ai vu des gens venir à la maison pour me féliciter, pour me dire qu’ils attendaient cela depuis des années», raconte Philippe Robert. Ses deux colistiers confirment qu’ils sont généralement très bien accueillis par la population lors des visites préélectorales. Des visites que ne pratique plus guère le PDC: «Il y a bien sûr des contacts individuels des candidats. Mais nous allons beaucoup moins frapper aux portes. Nous présentons les idées de manière générale lors des assemblées et sur la plaquette publicitaire, puis les gens se font leur idée», rapporte Michel Geinoz. Pour Jacques Privet, le «démarchage» est nécessaire: «Nous avons besoin d’aller informer, d’avoir un contact avec les électeurs. Un tous-ménages ne suffit pas, il peut y avoir des questions précises sur différents points du programme.» Mais visite ou pas, les sensibilités politiques sont connues, et personne ne va empiéter sur l’électorat de l’autre. Excepté les citoyens «décidés». Qui espèrent non seulement atteindre le quorum, mais lester radicaux et démocrates-chrétiens «d’un demi-siège chacun». Plus consensuel, tu meurs!

Sérieux
«Leur démarche est assez courageuse, pas dans le sens qu’ils vont prendre une veste, mais parce qu’ils provoquent un gros remous dans la vie politique du village», estime Michel Geinoz. Mais les trois indépendants ne veulent pas être pris pour des trouble-fête. Leur liste, c’est du sérieux. Un dépliant de très bonne facture – accompagné d’une vue aérienne de Sorens découpée en puzzle – adressé à tous les citoyens entend le prouver. «Nous ne voulions pas passer pour des rigolos. Il fallait montrer que nous pouvions réaliser quelque chose de bien avec nos petits moyens», explique Philippe Robert. Le puzzle? «Il représente un village actuellement morcelé où l’on pourrait, tous ensemble, construire quelque chose de nouveau.» Reste à savoir si les Sorensois appuieront, dans l’urne, cette liste «révolutionnaire». Dans un village où le taux de participation dépassait les 88% lors de la dernière élection, tout est possible. Absolument tout.

Patrick Pugin / 20 février 2001