Services publics

Les syndicats fusionnent

Les querelles de chapelles syndicales appartiennent de plus en plus au passé. Samedi, une assemblée commune a scellé la fusion de la chrétienne CFT (Confédération fribourgeoise du travail) et du SSP (Syndicat des services publics), affilié à l’USS.

«Petit à petit, les responsables de nos deux organisations se sont rendu compte que nous avions finalement la même position quant à la ligne syndicale à défendre»: samedi à Posieux, le secrétaire central du SSP (Syndicat suisse des services publics), Jean Queloz, a expliqué ainsi l’événement du jour. La CFT (Confédération fribourgeoise du travail) et le SSP fusionnent. Que de chemin parcouru depuis les années 1970, où la CRT (Confédération romande du travail) s’était lancée en troisième force du mouvement syndical, à côté des deux grandes centrales USS (Union syndicale suisse) et CSC (Confédération des syndicats chrétiens)! La CRT avait deux grands objectifs, rappelait naguère le secrétaire syndical Bernard Carrel dans la presse spécialisée: «Développer un syndicalisme de proximité, démocratique, combatif, de proposition, et créer une organisation interprofessionnelle dépassant le caractère corporatif du mouvement syndical traditionnel.» A Fribourg, les relations de la CFT avec la Fédération fribourgeoise des syndicats chrétiens, dont elle était issue, furent tumultueuses. Jusqu’à l’exclusion en 1987. La crise économique des années 1990 n’allait rien arranger: elle a creusé un décalage entre le discours autogestionnaire du syndicat et le besoin de solutions concrètes des salariés, observe Bernard Carrel. La collaboration devint de plus en plus étroite avec le SSP. Elle s’est d’abord concrétisée par un travail en commun dans les discussions avec la Ville de Fribourg et au sein de la Fédération des associations du personnel de l’Etat (FEDE), rap- pelle Jean Queloz. «Cette activité commune a permis à la FEDE de retrouver une crédibilité face au Gouvernement.» Et les comités de la CFT et du SSP ont commencé à tenir des séances communes… et ont fini par ne plus en avoir d’autres.

Nom et personnel restent
L’idée d’une fusion est débattue depuis trois ans. Aujourd’hui, la plupart des conditions posées par la CFT sont réalisées: l’équipe du secrétariat est intégrée dans la nouvelle structure, qui compte trois secrétaires politiques, Christiane Chapuis, Paul Stulz et Bernard Carrel; l’interprofessionnalisme est préservé; les locaux sont conservés; la dénomination CFT ne disparaît pas. Le nouveau syndicat s’appelle en effet «SSP-CFT région Fribourg». Un accord est d’autre part conclu avec Unia, qui groupe les travailleurs du secteur tertiaire privé. L’expérience de Fribourg «servira de modèle pour d’autres régions», s’est félicitée samedi la secrétaire générale du SSP, Doris Schüepp. Tout en relevant que le regroupement vise à additionner les forces et non les faiblesses. Doris Schüepp salue l’arrivée de la CFT qui, tout en disparaissant formellement, vient «renforcer le SSP dans le canton de Fribourg où nous n’étions pas très fort». Quant à Bernard Carrel, il reconnaît que l’intégration d’un syndicat chrétien à l’USS est «particulière», mais il assure que cet aspect n’a pas joué de rôle déterminant dans le processus de fusion.

Un bon millier de salariés
Syndicat du tertiaire, la CFT organise les salariés des services publics, des institutions de la santé et du social et du secteur privé, notamment de la vente et de l’hôtellerie. Elle est forte de 850 membres. La section fribourgeoise du SSP, elle, défend les intérêts du personnel de l’Etat, des communes et de la Confédération. Elle compte 190 membres. C'est donc un peu plus de mille salariés qui forment désormais le SSP-CFT région Fribourg, à la coprésidence duquel ont été élues Katharina Turnill et Ottorina Piller.

Antoine Geinoz / 4 juillet 2000

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