Course à pied
Neirivue - Le Moléson

Gex-Fabry affole le chrono

Alexis Gex-Fabry s’est imposé dimanche matin sur les flancs du Moléson. Grandissime favori, le Valaisan n’a pas fait dans la demi-mesure. Malgré la chaleur, il a pulvérisé de 2’51 le précédent record de Georges Volery. Huitième et meilleur Fribourgeois, Claude Nicolet décroche le titre cantonal. Colette Borcard chute, mais gagne chez les dames.


Huitième au ravitaillement à Plan Francey, Claude Nicolet maintiendra son rang jusqu’au sommet (C. Haymoz)

Soleil, chaleur et paysage majestueux, Neirivue - le Moléson a une fois de plus conquis le public et les coureurs. Plus belle course pédestre du canton aux yeux de tous, ce quatrième rendez-vous de la Coupe La Gruyère a attiré 330 concurrents. Un nombre particulièrement réjouissant auxquels sont venus se greffer une centaine de cadets, écoliers et poussins qui ont animé le village de l’Intyamon au début de l’après-midi. Si elle ne comptait pas pour la Coupe fribourgeoise cette année, cette 21e édition constituait, par contre, l’une des trois épreuves de sélection pour les Mondiaux de la montagne, qui se disputeront le 10 septembre prochain à Bergen, en Allemagne. Elle servait également de championnat fribourgeois de la spécialité.

Grosses pointures
La qualité était donc au rendez-vous, avec quelques grosses pointures suisses alémaniques, ainsi que deux coureurs tanzaniens, Bernard Kolish et Benito Mutweve, inscrits le matin même et dont on ne savait pas grand-chose… Si ce n’est qu’ils ont survolé le GP Cloros et qu’ils se révéleront de redoutables grimpeurs sur les flancs du Moléson. Face à une pareille concurrence, la tâche des Fribourgeois s’est apparentée à une mission impossible. Tous ont dû se résigner dès les premiers pourcentages des gorges de l’Evi: le podium ne serait pas pour eux. Ni pour Claude Nicolet en particulier. Un peu dans le doute, le vainqueur de l’an dernier n’a jamais cherché à filer le bon train: «J’ai laissé partir les premiers car je ne pouvais pas me permettre de suivre un pareil rythme. Je n’avais pas ma forme d’il y a douze mois, constate-t-il encore ruisselant. A l’entraînement, j’ai de bonnes sensations. Mais en course, j’ai de la peine à avoir le déclic. Je suis encore trop fragile mentalement. Cette nervosité me coûte beaucoup d’énergie, avant le départ déjà. J’ai manqué de jus dès le début.» Huitième à 3’25 de Gex-Fabry au ravitaillement de Plan Francey, le Giblousien a su gérer son effort pour conserver ce même rang à l’arrivée. Ce classement lui vaut le titre de champion fribourgeois de la montagne. Achevant son pensum en 1 h 06’45, il reste cependant à 3’20 de sa performance chronométrique de 1999: «La chaleur était semblable à celle de l’an passé. Pour moi, elle n’a joué aucun rôle.»

Bifrare en forme
Dixième et vice-champion fribourgeois Jean-Pierre Bifrare a démontré son aisance dans les pourcentages élevés. Il s’est offert le luxe de précéder de trente secondes Daniel Weber (11e), jamais très à l’aise il est vrai sur ce parcours. «Je me suis peu entraîné en montée ces derniers temps et j’ai fait ma course au feeling, explique Bifrare. J’étais à la lutte avec Abrantes, Taramarcaz et Weber, quand ils ont pris un peu d’avance dans la cuvette du Moléson. J’ai alors géré mon effort pour monter au train. J’ai ainsi pu les dépasser avant les filets. Mon moteur tourne bien, je suis content.» Daniel Weber ne tenait pas le même discours à l’issue de sa première course de montagne de la saison: «J’ai eu de la peine à digérer la première partie du tracé et, musculairement, j’ai souffert. Paradoxalement, je n’ai plus rien perdu dans les deux dernières bosses. Je revenais sur mes adversaires directs, sans les devancer toutefois. Mon temps est supérieur d’un peu plus d’une minute à celui de l’an passé. Je ne suis donc pas très satisfait. Je n’ai pas encore retrouvé la forme après ma petite blessure au mollet.»

La fusée Gex-Fabry
Alexis Gex-Fabry a joué à la perfection son rôle de grandissime favori. Et c’est avec une rare aisance que le Valaisan a dompté une montagne qu’il découvrait pour la première fois. Le record de Georges Volery n’y a pas résisté. Il a même explosé pour 2’51! A l’heure de l’interview, le récent médaillé de bronze des championnats de Suisse affichait une simplicité aussi grande que sa performance: «Rien n’a été facile! Kolish grimpait aussi bien que moi et j’ai dû me battre. Après une vingtaine de minutes, j’ai accéléré sur le plat du sentier botanique. C’est là que j’ai fait la différence. Ensuite, je me suis efforcé de maintenir mon avantage dans l’ascension finale vers le Moléson. Le record? Je pensais qu’il serait battu. Mais pas par moi!»

Colette Borcard se blesse
A l’instar d’Alexis Gex-Fabry, Colette Borcard partait avec les faveurs de la cote. Davantage crispée que d’habitude par le fait d’évoluer chez elle et par l’importance de ces sélections pour les mondiaux, elle a pu surmonter son appréhension pour brillamment confirmer son succès de la précédente édition. Elle l’emporte devant la Tanzanienne Samila, la prometteuse junior Leea Vetsch et Ruth Gavin (4e), qui revient au faîte de la hiérarchie malgré des problèmes à un genou. C’est toutefois dans la douleur que Colette Borcard a rejoint le sommet du Moléson. Une chute dans le sentier botanique a nécessité la pose de douze points de suture. Avant le podium et les lauriers, c’est d’abord vers l’hôpital qu’elle s’est dirigée une fois la ligne franchie: «J’ai glissé sur une pierre tranchante. Deux personnes m’ont aidée à me relever et je suis repartie tout de suite. Sans réfléchir ni regarder ma plaie. Cela ne m’a pas handicapée. Dans l’effort, je n’ai rien senti. C’est seulement à l’arrivée que j’ai vu l’ampleur de la blessure.» Avant de se détacher, la Gruérienne a dû batailler ferme pour faire la sélection: «J’étais tendue avant le départ, mais aussi en course, poursuit-elle. C’est parti très vite et j’ai eu de la peine à distancer mes rivales. Aux Albeuves, j’ai pu opérer une petite sélection. Mais je les sentais sur mes talons. Cela m’a stressée de voir qu’elles s’accrochaient. J’ai perdu trop d’énergie. Sans cela, j’aurais pu réussir un meilleur temps.» Elle n’est pourtant qu’à douze secondes de son temps de l’an passé: «L’important était d’abord de réussir un bon classement en vue des sélections pour les championnats du monde. Je pense être sur la bonne voie.» L’athlète de la FSG Neirivue espère être rétablie pour la 2e manche du GP de la World Mountain Running Association, dimanche à Lenzerheide: «Je vais rester un peu tranquille et, s’il n’y a pas de complications, je devrais pouvoir y aller», conclut-elle avec optimisme.

Pascal Dupasquier / 4 juillet 2000

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