Chalet du soldat

Adieu aux plaies de Lothar

Six mois après le passage de Lothar, le Chalet du soldat, fortement endommagé alors, a fini de panser ses plaies. Plus solide qu’avant, il est aussi plus confortable. Il est paré, espère la Fondation du chalet, pour battre le record de nuitées.


Les dégâts provoqués par l’ouragan Lothar (à gauche) ne sont, aujourd'hui, plus qu’un mauvais souvenir (à droite). Dégâts, moins de 400000 francs, qui ont été pris en charge par l'ECAB (C. Haymoz)

«Si le Chalet du soldat n’existait pas, il faudrait l’inventer!» Non, ce n’est pas un nostalgique de la mob qui s’exprime ainsi, mais Ruth Lüthi. Dans la salle de réunion, exiguë, où la Fondation du chalet du soldat tenait son assemblée samedi, la présidente du Gouvernement s’est dit impressionnée par la rapidité des réparations effectuées à la suite du passage ravageur de Lothar. Plus beau, solide et stable qu’avant, le chalet ne porte plus les cicatrices de l’ouragan après deux mois et demi de travaux. La nuance de teinte entre les bardeaux clairs et les planches patinées témoigne encore de l’événement. Autre preuve matérielle, le gros tas de planches déchiquetées et entreposées sous la terrasse: ce sera le combustible du 1er Août.

Débris sur un kilomètre
Le président Daniel Roubaty a évoqué cette nouvelle page noire du chalet, venant après de semblables mésaventures en 1962 et 1990. Peu après Noël 1999, «nous avions la gorge serrée en pensant qu’on avait presque vécu le deuxième couplet du Vieux chalet». Lothar a emporté une partie du toit et la moitié du 3e étage, non sans avoir soulevé les deux premiers qui sont finalement retombés 5 et 12 centimètres à côté de leurs «gonds». Triste spectacle au pied des Gastlosen, une scène de désolation renforcée par des débris, matelas, traversins et couvertures éparpillés sur un kilomètre.

Moins de prise au vent
Les dégâts imputables à l’ouragan, un peu moins de 400000 francs, sont pris en charge par l’ECAB, rassure le président. L’avant-toit a été raccourci de 80 cm pour lui donner moins de prise au vent, et le toit ne sera plus amarré au 1er étage, mais carrément dans les fondations. Conclusion de Daniel Roubaty: «A l’avenir, ce sera tout ou rien!» Les pertes d’exploitation engendrées par la fermeture (de fin décembre à fin mai) ne sont pas encore chiffrées. A noter que la coupure a été mise à profit pour réaliser des travaux intérieurs prévus pour plus tard: aménagement du comptoir pour le service, du logement du gardien, étanchéité, isolation phonique des planchers, recouvrement des sols des dortoirs et corridors avec du lino, partage du grand dortoir en deux, ce qui ramène le nombre de places de 125 à 110. Coût: 35000 francs environ.

Aménagement de la route
Il était question avant Lothar de remplacer un jour le vieux téléphérique servant au ravitaillement. Or, l’opération serait revenue au mieux à 250000 fr. La fondation va donc miser sur l’aménagement de la route, côté Bellegarde, en adhérant au périmètre mis en place par le syndicat du chemin alpestre Stillwasserwald pour desservir l’alpage du Mittel Sattel. Il s’agit maintenant d’inscrire au Registre foncier un droit de passage. Cette route ne servira pas à transporter les gens en voiture jusqu’au chalet. Presque identique au tracé actuel, elle coûtera entre 50000 et 100000 fr. A cette fin, une souscription va être lancée cet automne.

Il fait l’unanimité
L’administrateur, Bernard Repond, a décompté 2467 nuitées en 1999. Une année qui aurait battu le record sans Lothar! Il y a eu 61% d’adultes, 27% d’enfants et 12% de membres du Club alpin suisse. Quant au gardien, Jean-Philippe Dousse (34 ans), en place depuis novembre 1998, il a «largement dépassé les attentes du comité». Son dynamisme, qui fait l’unanimité, se concrétise dans la carte originale qu’il propose au public, avec menus de chasse dès mi-septembre, ou lors des manifestations, comme la course Jaun-chalet du régiment (27 août), l’animation de Nouvel-An et le forfait raquettes à neige. SJ

Sébastien Julan / 4 juillet 2000

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