BASKETBALL Elfic fribourg, Prix du mérite collectif 2006

Une équipe hors du commun

Si Elfic Fribourg connaît un début d’exercice 2006-2007 difficile, la commission du Mérite sportif fribourgeois n’a pas oublié l’épopée réalisée la saison dernière par les basketteuses fribourgeoises. Un titre de champion et deux finales de coupe: cela valait bien le Prix du mérite collectif 2006. Parole à la Bulloise Audrey Gattoni et à l’enseignante au CO du chef-lieu Pauline Seydoux.


Audrey Gattoni (à g., 17 ans) et Pauline Seydoux (30 ans) n’ont pas le même vécu en matière de basket. Mais toutes deux voient une raison principale pour expliquer le titre national glané par Elfic au printemps dernier: son extraordinaire esprit d’équipe

 

– Que représente ce Prix du mérite collectif?
Pauline Seydoux (P.S.): C’est une reconnaissance cantonale, des milieux sportifs et journalistiques, pour le travail de tout un club et pour le basketball féminin, qui reste un sport mineur.
Audrey Gattoni (A.G.): Ce prix vient rappeler qu’Elfic a vécu une saison exceptionnelle. Même si je n’étais pas un des maillons forts de l’équipe, j’ai eu la chance de faire partie de l’aventure. Et ça, c’est une grande satisfaction.

– Qu’est-ce qui se cache derrière ce terme «collectif»?
P.S.: Le titre national est venu récompenser ce groupe extraordinaire que nous formions la saison passée, cette union sacrée qui a fait notre force et la différence avec nos adversaires. Ça, c’est la base. Après, les mérites de ce succès s’étendent à l’ensemble du club: le comité, les bénévoles, les jeunes venues nous encourager… Tous ces éléments positifs qui gravitaient autour de l’équipe ont permis aux joueuses d’évoluer dans les meilleures conditions.
A.G.: Quand une équipe vit à fond le terme collectif, cela débouche sur une entraide entre toutes les joueuses, gage de réussite. Une somme d’individualités et d’individualistes ne donnent rien, il faut une cohésion entre chaque joueuse. Cette complicité permet à chacune de se dépasser et conduit au succès. C’est exactement ce qu’Elfic a vécu la saison dernière, de la joueuse la plus capée à la dernière fille du contingent.

– Une elfe, c’est quoi pour vous?
P.S.: Une basketteuse qui doit représenter les valeurs du club, faire preuve de loyauté et d’honnêteté. Une elfe doit avoir des convictions et les assumer, tout en faisant passer le groupe avant sa propre personne. Elle doit aussi être habitée par cet esprit de famille, qui a toujours prévalu à l’époque de City Fribourg comme maintenant au sein d’Elfic.
A.G.: L’elfe idéale est celle qui donne toujours le 100% de ses possibilités pour l’équipe et le club. Et, malgré l’aspect compétition, qui éprouve du plaisir à le faire.

– Comme toutes vos coéquipières de la saison dernière, pourquoi Audrey/Pauline mérite-t-elle cette récompense?
P.S.: D’abord, pour son investissement tout au long de la saison écoulée. Ensuite, parce qu’Audrey, actuellement membre de l’équipe nationale M18, représente le futur d’Elfic. Ce titre et ce prix, elle doit les prendre comme des signes d’encouragement pour la carrière qui se profile devant elle.
A.G.: Pauline mérite cette récompense, en premier lieu parce qu’elle s’est montrée une capitaine exemplaire. Elle a toujours cru en l’équipe et a sans cesse apporté ce qu’elle pouvait de mieux au groupe. Ensuite, ce prix vient récompenser une battante, une joueuse exceptionnelle qui a connu une grande carrière. Pour elle, c’est sans doute un peu un aboutissement.

– Pauline, vous avez déjà connu les honneurs du Prix du mérite collectif en 2001, avec City Fribourg. Quelle récompense a le plus de valeur à vos yeux?
Je mets ces deux prix au même niveau. Tant la promotion en LNA avec City que le titre national avec Elfic ont été très durs à acquérir. En 2001, c’était plutôt une surprise. Le groupe avait évolué sans joueuse étrangère, hormis en fin de saison. En mai dernier, la conquête du titre représentait davantage un aboutissement. C’était le titre de la maturité, une heureuse conclusion à la constante progression du club.

– Audrey, première saison en LNA, et déjà un titre de championne de Suisse. On peut dire que vous êtes née sous une bonne étoile…
Pendant la saison, je ne me suis pas rendue compte que j’étais une joueuse privilégiée de pouvoir vivre une telle saison. Je ne voyais pas plus loin que les entraînements et les matches. Avec du recul, commencer en LNA au sein d’une équipe avec un tel potentiel et composée d’autant de joueuses d’expérience! J’ai vraiment eu de la chance… Durant cette année exceptionnelle, j’ai beaucoup appris. Reste que, à titre personnel, le chemin est encore long, je dois encore énormément progresser. Cette consécration nationale et ce prix collectif représentent un joli lancement de carrière. Mais il y a encore de nombreux titres à gagner!

– Contrairement à d’autres cantons – comme en Valais, qui compte notamment trois équipes en LNA – Elfic Fribourg est le seul club de basket féminin du canton à évoluer en ligue nationale. Un avantage ou un inconvénient?
P.S.: Je pense que c’est plutôt un inconvénient. Si je regarde l’exemple valaisan, cette cohabitation de plusieurs clubs en ligue nationale a provoqué une certaine émulation pour le basketball féminin. Chez nous, il faut être réaliste: il n’y a pas de place pour deux clubs au sein de l’élite. En revanche, une formation en LNB, comme Sarine à l’époque, représenterait une étape positive pour le développement du basket féminin fribourgeois. Cette équipe serait le farm team d’Elfic.
A.G.: D’un côté, c’est un désavantage. Il n’y a pas suffisamment de filles qui jouent au basket dans le canton, le réservoir est par conséquent un peu trop petit. De l’autre, en tant qu’unique formation fribourgeoise de ligue nationale féminine de basket, Elfic est un club phare, qui véhicule bien le basketball féminin et le nom de Fribourg. Le tout sans devoir composer avec d’éventuelles rivalités cantonales.

– Après un millésime 2005-2006 extraordinaire, Elfic a vécu une première partie de saison très difficile. Comment l’expliquer?
P.S.: Plusieurs facteurs ont conduit à cette situation. Après le titre, il y a eu un certain relâchement de la part du comité. Tout le monde s’est dit «ouf, ça y est, on y est arrivé». A mon sens, l’équipe actuelle aurait dû être bâtie beaucoup plus tôt. Du retard a été pris, et celui-ci n’a pas encore été comblé. Ensuite, des départs importants n’ont pas été compensés et les joueuses étrangères sont moins fortes que celles de la saison dernière. Qui plus est, la plupart des équipes du championnat composent avec un minimum de trois étrangères, ce qui accroît la difficulté pour Elfic. Maintenant, il faut garder à l’esprit que l’équipe actuelle, considérablement rajeunie, est en construction. On ne peut pas lui demander de faire preuve de la même maturité que le groupe de l’an dernier.
Avec mon ami François (n.d.l.r.: Wohlhauser, ancien entraîneur du club qui a repris récemment le chemin de la salle Sainte-Croix pour épauler l’entraîneur québécois Eric Fréchette au coaching), on s’est dit «on y va tous les deux ou pas du tout». Le cœur a parlé et m’a poussé à sortir de ma retraite. On pensait que notre présence allait aider l’équipe. On s’est rendu compte que l’équipe avait besoin de bien plus que simplement François et moi.
A.G.: Le plus dur après un titre, c’est de revenir les pieds sur terre. De plus, par rapport à la saison dernière, le groupe n’est plus du tout le même. On peut parler d’équipe en reconstruction, avec un contingent un peu moins étoffé et considérablement rajeuni. L’an dernier, avec de nombreuses joueuses expérimentées, Elfic était une grande équipe, formatée pour viser le titre. Pour beaucoup, cette année est celle de l’apprentissage. Dans cette optique, on ne peut pas espérer des résultats aussi probants que la saison dernière. Reste que, à mon sens, notre 6e rang actuel, à dix points du 4e, ne correspond pas à notre potentiel.

– En Suisse, le basketball féminin demeure un sport confidentiel. Que diriez-vous pour inciter les gens à venir assister à une rencontre à la salle Sainte-Croix?
P.S.: Le basket féminin est rapide, technique, spectaculaire et collectif. Les joueuses ont beaucoup de qualités qui rendent le jeu agréable. Il y a tout un aspect tactique que l’on voit peut-être moins chez les hommes.
A.G.: Venez voir des jolies filles se donner à fond (rires)! Il y a bien sûr moins de contacts que chez les hommes, mais le jeu est plus fin et plus tactique.

Elfic Fribourg en bref

Nom: Elfic Fribourg.
Année de fondation: 2003 (club né de la fusion entre City Fribourg et la section féminine de l’ASB Villars).
Nombre de membres: environ 100.
Nombre d’équipes: 6 (2 équipes minimes, 1 cadettes, 1 en 2e ligue, 1 en 1re ligue et 1en ligue nationale A).
Palmarès: champion de Suisse en 2006; finaliste de la Coupe de Suisse et de la Coupe de la Ligue 2006.
Site internet: www.elfic-fribourg.ch.

Alain Sansonnens
16 décembre 2006

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