HOCKEY SUR GLACE
La Coupe de la Glâne
Quand le palet se démocratise

Chaque hiver depuis six ans, des joueurs de hockey non licenciés se retrouvent pour une compétition organisée à Romont: la Coupe de la Glâne. Anciennes stars de LNA, footballeurs et débutants s’affrontent dans une ambiance amicale.


Quatorze équipes disputent la Coupe de la Glâne: une compétition où le plaisir compte avant tout

Une ligue où d’anciens champions côtoient des joueurs dont la canne sert parfois à maintenir l’équilibre sur la glace, où seule la maladresse occasionne des risques de blessure, où l’on festoie dans le vestiaire, peu importe le résultat. Tels sont les signes particuliers de la Coupe de la Glâne, une compétition qui regroupe à la patinoire de Romont 14 équipes de hockeyeurs non licenciés.
La Coupe de la Glâne, c’est surtout un championnat dont le niveau rivalise largement avec celui de la 4e ligue – la violence des charges en moins – et qui permet à chacun d’évoluer, quelles que soient ses aptitudes et ses années d’expérience. Steve Meuwly y a trouvé son bonheur, lui qui a gardé la cage de Fribourg-Gottéron de 1992 à 1996. Avant de rejoindre le championnat glânois, l’ancien gardien s’est mué en redoutable attaquant. «Avec les buts que j’inscris, j’essaie de remettre les compteurs à zéro, plaisante le Fribourgeois. J’ai été gardien tellement longtemps! Je connais leurs points faibles et je les utilise.»
En 1998, une blessure au genou avait contraint Steve Meuwly, alors gardien de Genève-Servette en LNB, d’opérer un changement pour le moins radical s’il entendait encore jouer au hockey. Après deux ans en 3e et 4e ligue, il a rejoint les rangs des Ice Magic, une équipe composée aux trois quarts par des policiers. Comment l’ancien Dragon est-il perçu par les autres joueurs de la Coupe de la Glâne? «Il y a bien quelques remarques de jalousie, ce qui n’est pas très agréable. D’autres fois, je sens un peu de respect de la part des adversaires. Mais dans l’ensemble, l’ambiance est très sympathique. Cette compétition permet aux joueurs de tous les niveaux de pratiquer le hockey.»
C’est également ce qui a attiré Christophe Morel, ancien joueur de LNA et de LNB avec notamment Ajoie et Lausanne, aujourd’hui entraîneur des jeunes au HC Bulle-la Gruyère. «Le but est d’éprouver du plaisir et de transpirer une à deux fois par semaine, explique le défenseur du HC Belfaux. On ne tire pas un trait sur trente ans de compétition.»
Pour les deux anciens de Fribourg-Gottéron, le niveau de la Coupe de la Glâne n’a rien à envier à celui des championnats régionaux. «Des équipes comme Corminboeuf, Belfaux ou CP Glâne II savent se passer le puck et possèdent un niveau de jeu intéressant, relève Christophe Morel. En 4e ligue, il y a beaucoup de charges dangereuses, notamment avec des cannes à hauteur du visage. C’est quelque chose qu’on ne voit pas en Coupe. Les rares blessures seraient plutôt à mettre sur le compte de la maladresse.»
S’il n’est certes pas le plus maladroit de son équipe – les Flying Boys – Daniel Piller est pourtant plus redouté crampons aux pieds que sur des patins à glace. Joueur clé du FC La Tour/Le Pâquier, le Gruérien a trouvé dans la Coupe de la Glâne une façon de bien passer l’hiver. «J’adore ça! J’ai commencé ce championnat l’année dernière avec des copains. J’ai découvert un sport super intéressant. D’un point de vue tactique, on apprend beaucoup sur le placement, la vision de jeu. En plus, ça me permet de rester en forme. Et quand on a l’habitude de voir les copains trois ou quatre fois par semaine pendant dix mois, ça comble un vide.»
Compétiteur dans l’âme, Daniel Piller aborde pourtant les matches des Flying Boys avec une autre mentalité qu’en 2e ligue inter de foot. «Notre but est de passer un bon moment, même si parfois on prend des volées! La pression, je la vis avec La Tour. Par contre, il y a des joueurs pour qui la Coupe de la Glâne est leur seule compétition. Ceux-là prennent les choses plus à cœur.»
«Il arrive que des gars râlent sur le niveau de jeu, ajoute Christophe Morel. A ceux-là, je conseille d’aller voir ailleurs. Il faut savoir dans quoi on se lance. Pour ma part, et c’est le cas pour beaucoup d’autres joueurs, je n’ai plus rien à prouver. Je prends un immense plaisir à faire une passe à un type seul devant le but, même s’il rate par la suite.»

Que faire face au slap
Par quoi le footballeur a-t-il été le plus marqué en découvrant le hockey? «L’explosivité que requiert ce sport, répond Daniel Piller. Ça n’a rien à voir avec le foot, qui demande endurance et résistance. Il y a aussi une chose qu’on acquiert avec l’expérience: ne pas se retourner quand le joueur d’en face fait un slap. Car il n’y a pas de protections à l’arrière des équipements. Cela, je l’ai appris très vite à mes dépens!»

Karine Allemann / 5 décembre 2002

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