Dégagées
des broussailles, exhumées, consolidées: voilà
plus de six ans que les ruines du petit bourg médiéval
de Bossonnens retrouvent peu à peu un visage et une architecture
identifiable. Une uvre de longue haleine, initiée par Joseph
Cottet, et qui devrait passer à la vitesse supérieure
en septembre, au pire dès le printemps. Tout dépendra
du succès de la recherche de fonds que mène lancien
conseiller dEtat qui, à presque huitante ans, consacre
une large part de son temps à jeter les bases de ce futur parc
archéologique.
Depuis les premiers coups de truelle, la petite équipe du chantier
un effectif variable de chômeurs employés en programme
doccupation et en stage de réinsertion, et dirigées
par Michel De Nicola, puis par Pierre Python totalise déjà
quelques réalisations. Les reliques de la tour de guet, hautes
de treize mètres (elle atteignait près de 26 mètres),
se dressent maintenant solidement à lune des extrémités
des fortifications. Et de lautre côté, les travaux
de renforcement de la muraille (20 mètres de moellons, 12 de
haut et 3 dépaisseur), entamés en été
1998, ont révélé trois fines meurtrières.
«Une surprise, puisquune seule ouverture était visible»,
se réjouit Joseph Cottet, linitiateur du projet, qui soupçonne
lexistence dune poterne dérobée quelques mètres
plus loin.
Des travaux délicats
Les travaux réalisés à ce jour, subventionnés,
ont bénéficié du concours gratuit de plusieurs
entreprises et du financement de la commune, qui a fait lacquisition
du site. Mais la suite des opérations, délicate, est dun
tout autre acabit. Son objet? Consolider les restes du donjon carré
(douze mètres de côté et jusquà huit
de haut), du corps principal du château et du parement soutenant
ses fondations. «Il faudra déplacer, nettoyer, bétonner
et replacer les imposants blocs de poudingue qui forment les murs du
donjon et du parement», explique Joseph Cottet. Une tâche
qui monopolisera des engins, un maçon, des manuvres et
un machiniste pendant trois mois environ. La troisième tranche
de travaux, plus simple, sera effectuée simultanément
par des étudiants ou des chômeurs, et concernera les remparts
du bourg et son porche dentrée.
LAssociation pour la mise en valeur des vestiges médiévaux
de Bossonnens a confié à deux entreprises de la région,
Conquoz Constructions SA et Emonet Raymond SA, le soin de deviser et
de réaliser la deuxième «tranche» de réfection.
Coût des travaux: 300000 francs environ, subventionnés
à 40% par la Confédération et le canton. Une somme
à laquelle il faut joindre les contributions de la Loterie romande,
dune société darchéologie et de divers
donateurs. «Il manque seulement 50000 francs», déclare
le président Joseph Cottet. «Jai contacté
les communes de plus de 1000 habitants, en obtenant quelques réponses.
Mais la collecte est difficile. Bossonnens est excentré et ne
compte aucun gros sponsor. Cest un lourd handicap.»
Pour lancien conseiller dEtat, limportance architecturale
du site mérite pourtant quon persévère. «A
lépoque déjà, mon instituteur Hubert Gremaud
déplorait quon laisse ce patrimoine livré à
loubli. Il préconisait des recherches historiques. Elles
ont été effectuées par Mgr Hubert Savoy et plus
récemment par lhistorien Ivan Andrey, dont je suis en train
de vulgariser louvrage. Cest ce qui ma incité
à entreprendre ces travaux de réfection. Ils serviront
à lhistoire du village et même à celle de
la Romandie.»
Un
bourg sous la frondaison
Dune superficie dun hectare
environ (200 mètres sur 20), le site médiéval fortifié
de Bossonnens a été construit entre le XIe et le XIIIe
siècle.
Il comporte dun côté une chapelle datant du XIIe
siècle, ainsi que le corps principal du château, son donjon,
ses dépendances et le puits. De lautre côté
de lenceinte sétend le bourg, encore masqué
par les arbres, et qui recense vingt-trois chésals (maisons),
ainsi quun four. Au bout trône la tour de guet.
Le château de Bossonnens fut le fief successif des Lothaire II,
des Blonay (1068), puis des Oron (1220) et des La Sarra (1410), avant
de devenir bailliage fribourgeois en 1536.
Stéphane
Sanchez /
13 août 2002