Ils
auront marqué une génération entière détudiants
fribourgeois. Ils, ce sont les inusables personnages de la méthode
danglais intitulée «Starting out», utilisée
dans les cycles dorientation depuis près de vingt ans.
Qui ne se souvient pas du pauvre Arthur Newton, le grand naïf longtemps
éconduit par la sensuelle Mary Stephens, elle-même éprise
de linfâme Bruce Fanshawe, «the casanova of Middleford»?
Autour deux gravitaient divers personnages plus pittoresques les
uns que les autres, à commencer par Mr Steele, le supérieur
hiérarchique dArthur ou Mrs Harrison, sa gouvernante. Leurs
aventures quotidiennes donnaient un fil conducteur au long apprentissage
de la langue de Shakespeare.
Eh bien, cen est fini de cette joyeuse clique: nouvelle méthode
oblige, la volée détudiants entrant la semaine prochaine
au CO ne connaîtra jamais lhistoire épique des deux
tourtereaux. Seuls les élèves entamant leur troisième
année donc ayant commencé avec «Starting
out» en deuxième continueront à utiliser
ces manuels jusquà la fin de leur scolarité obligatoire.
Pour les autres, place désormais à Dennis et Julie, les
héros de «New Live», la méthode retenue par
les instances scolaires pour équiper les trois sections du CO
(lire lencadré).
Rendre
eurocompatible
Cest là que se glisse la véritable révolution:
quils soient en section prégymnasiale, générale
ou pratique, tous les élèves du CO seront logés
à la même enseigne, à raison de deux à trois
heures en moyenne par semaine. Et ce, dès la première
année! Jusque-là, langlais nétait introduit
quen deuxième pour les classes «prégymnasiales»
et sous forme doption pour les «générales».
Quant aux «pratiques», elles devaient se contenter dune
simple branche facultative introduite en troisième année
seulement. Cest donc pour ces dernières que le changement
sera le plus important.
Moins
de disparités
«Cette uniformisation répond à la forte pression
de la société, relayée par lensemble du monde
politique en Suisse comme en Europe», remarque Jean-Michel Steinmann,
inspecteur des écoles du cycle dorientation. Une pression
dautant plus forte que langlais est de plus en plus parlé
et quil a la cote auprès des jeunes, à comparer
avec lallemand. «Véhiculé notamment par les
supports musicaux et informatiques, langlais fait effectivement
une percée un peu partout, note linspecteur. Nous nous
devions donc de rendre notre enseignement eurocompatible.»
Fort de ses connaissances danglais, un élève de
classe pratique ou de générale devrait à lavenir
avoir davantage de chance de pouvoir changer de section. Pour Jean-Michel
Steinmann, cest une autre raison importante justifiant une uniformisation
des cours danglais: «Le rôle premier dun CO
est, comme son nom lindique, dorienter lélève
vers la meilleure formation possible. Or, les disparités en la
matière constituaient de terribles processus de discrimination.
Il fallait donc inverser la tendance. Et même si les niveaux atteints
ne seront jamais les mêmes, jai bon espoir quon réussisse
notre coup.»
Choisie
parmi vingt-trois
La décision de généraliser langlais dès
la première année du cycle dorientation pour toutes
les sections a été prise par lInstruction publique
en 1999. Durant les deux années qui ont suivi, une commission
et un groupe de pilotage se sont astreints à disséquer
23 mé-thodes denseignement, qui ont ensuite été
soumises aux enseignants pour analyse.
Si le choix sest finalement porté sur «New Live»,
une méthode française utilisée depuis deux ans
dans le canton de Genève, cest pour différentes
raisons: «Il sagit dune méthode communicative,
très axée sur lautoévaluation et lautonomisation
de lélève, explique Jean-Michel Steinmann, inspecteur
des écoles du cycle dorientation. La graphie est agréable
et le rapport qualité/prix très intéressant. En
clair, cétait la plus adaptée à nos besoins.»
Testée lan dernier dans quatre écoles du canton,
dont le CO de la Gruyère, elle a en tout cas donné des
résultats «très satisfaisants». A tel point
que «les élèves en redemandaient»!
Marc
Valloton /
13 août 2002