Ski
Fartage

La glisse est en ébullition

Avec l’arrivée du ski taillé et des nouveaux matériaux, le phénomène de la glisse prend une ampleur grandissante. Véritable nerf de la guerre, le fartage devient un art où il n’est pas toujours facile de s’y retrouver. Tour d’horizon des différentes évolutions que connaît le monde du ski.


Après avoir emmené le peloton durant toute la course, Schweickhardt a ployé devant ses rivaux (C. Haymoz)

Une bonne vingtaine d’adeptes du ski alpin se sont réunis la semaine passée à l’invite d’un magasin de sport de la place pour un cours de fartage gratuit dans ses nouveaux ateliers de Bouleyres. Destiné à faire connaître les finesses et les évolutions du ski, ce cours se composait d’une partie théorique et, pour la première fois, d’une partie pratique. Chaque participant a pu ainsi tester ses aptitudes sur du vieux matériel mis à disposition. Le point sur les nouveautés avec Didier Castella.

– Didier Castella, en quoi l’évolution technique récente change- t-elle les données? Les chimistes améliorent continuellement les procédés et le fartage évolue énormément. L’arrivée du ski taillé peut se comparer avec l’arrivée de la direction assistée pour les voitures. Avec le carving, le skieur économise sa force. Les skis sont aiguisés différemment. Leur longueur est à la baisse. Le choix d’une paire de lattes dépend du niveau du skieur, de sa grandeur et de son poids. Ces données nous permettent de proposer des skis dit fun (taillés entre 10 m et 14 m de rayon), race (14 m et 22 m), freeride ou easy allround (16 m et 24 m). La nouvelle génération de skis se tourne vers un produit encore plus taillé.

– Quelles sont les évolutions récentes en matière de fartage, clé du succès en Coupe du monde? Du fluor a été introduit à l’intérieur des farts. Cela permet une glisse durable et meilleure. Plus de fluor offre également une meilleure évacuation de l’humidité. En Coupe du monde, la «Toko thermobag» est utilisée depuis environ cinq ans. Il s’agit d’une machine chauffante permettant une meilleure pénétration du fart (voir article ci-contre). Selon le type de neige et la forme de ses cristaux, on utilisera des farts durs ou tendres. Il existe aussi des farts accélérateurs: il s’agit d’une poudre qui sert dans les premiers mètres d’une descente ou d’un slalom. On l’appelle fart jet-stream.

– Le fartage dans le ski de fond est-il très différent? Dans le ski de fond classique, on utilise des farts pour crocher, comme les clisters. Pour la glisse, il est à relever que les semelles des skis sont structurées de manière linéaire, en variant les profondeurs.

– Quel service minimal M. Tout-le-monde devrait-il observer? Cela dépend de la fréquence d’utilisation de ses skis. Un service de la semelle et un aiguisage des carres une fois par année semblent être un choix judicieux. Pour des raisons de sécurité d’abord, mais aussi pour l’économie physique que cela engendre. Farter ses skis permet aussi une économie physique indéniable.

– Sur quoi un préparateur de ski va-t-il jouer pour faire la différence dans une descente? Sur le fartage, mais aussi sur la structure de la semelle. Il existe de multiples façons de structurer une semelle: de manière linéaire, chevronnée, croisée… Les petits secrets des servicemen sont là. Dès lors, un descendeur fera des tests de glisse avec le même fart et une structure différente. Ou l’inverse. Il y a une multitude de combinaisons possibles.

– A vous entendre, les semelles de ski ont une importance grandissante? L’absorption du fart dépend en grande partie de la qualité de la semelle. La différence de prix d’un ski à l’autre est due non seulement à la qualité des carres, à la qualité du noyau et au système de vibration, mais aussi à la qualité de la semelle. Ensuite, c’est la structure de la semelle qui s’avérera déterminante.

– Les chaussures de ski ont aussi évolué, sont-elles désormais plus confortables? Selon Théo Nadig, la chaussure de ski représente 50% du compétiteur. Aujourd’hui, elle peut se comparer à une boîte de conserve que l’on peut modeler en fonction du pied du skieur, de son niveau ou de son anatomie. On peut d’abord apporter des modifications sur la coque en la calquant à la forme du pied. Il est alors possible de caler les chaussons. Ensuite, on peut mouler les chaussons par un système thermoformé. Confort, chaleur et précision sont les avantages de cette technique. Enfin, les semelles de type «Conformable» sont un ultime moyen de confort et de soutien aux pieds. Avec les technologies actuelles, il n’est plus permis d’avoir mal aux pieds. Si c’est le cas, il y a un problème et on peut le régler. Pour les enfants, la chaussure sera adaptée à sa force et à sa morphologie. Le prix d’une chaussure varie en fonction des boucles, de la qualité intérieure du chausson et de l’inclinaison (flex). Une chaussure 100% sur mesure peut être fabriquée dès 400 francs.

– Vers où l’évolution technologique et technique peut-elle encore se diriger? Tous les domaines peuvent encore évoluer. C’est valable pour chaque discipline sportive. Les progrès rendent le sport de plus en plus pointu et précis.

– Comment faites-vous pour maintenir l’attrait du ski dans notre région préalpine? Qui n’avance pas recule! Cela passe d’abord par une bonne sélection des produits offerts aux consommateurs. Ensuite, le conseil à la clientèle et le service après-vente sont déterminants. C’est là qu’on peut faire la différence. Les quantités insuffisantes de neige demeurent un handicap. C’est pas toujours motivant de faire une heure de voiture pour exercer son sport favori.

Propos recueillis par Yvan Haymoz / 23 novembre 2000

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