La
chanteuse Nadiya a, selon la presse people, «réchauffé»
Zinedine Zidane. Mais pas le public de Palexpo, plein comme un uf
samedi pour la deuxième soirée du 21e Supercross international
de Genève. Il faudra attendre la présentation des pilotes,
crossmen et freestylers, pour que le show et le chaud ne prennent lascenseur,
à grand renfort de décibels.
Au milieu de cette ferveur et de cette fournaise dédiées
aux deux-roues, arrive celui que le speaker nhésitera pas
à appeler «le dieu de Palexpo». Poussé par les
16500 spectateurs et sur fond dhymne national gruérien
le Ranz des vaches version Bernard Romanens Philippe Dupasquier
a lair dun géant. Salut des organisateurs à
lhomme aux quinze Supercross de Genève, le Sorensois défile
sur une antique Maico, coiffé du vieux casque à Robert.
«Je voulais rendre hommage à mon père. Un jour, peut-être,
cela me fera plaisir que mon fils porte à son tour mon casque.»
«Presque
en apnée»
Dans les paddocks, lapproche de cette entrée théâtrale
un bis repe-tita de celle de vendredi navait eu que
peu deffet sur le crossman de Sorens. Simple et modeste il a toujours
été. Et il le restera. Son dernier Palexpo? «Une course
comme une autre, confiait-il. Peut-être que je roule un peu plus
pour me faire plaisir que pour décrocher un résultat à
tout prix.» Et ce nest pas un refroidissement contracté
durant la semaine qui allait empêcher le multiple champion de Suisse
denflammer une dernière fois larène. Lair
sec de Palexpo, la fumée, des derniers tours de piste «presque
en apnée»: rien ny fera, le Gruérien réussira
sa sortie. Cinquième de la demi-finale puis 10e de la finale 125
cm3 le vendredi, Philippe Dupasquier a sorti toute sa panoplie du vieux
briscard pour se sublimer le samedi. En tête de sa demi-finale trois
tours durant après un départ danthologie un
fabuleux all shot, ou comment donner tout son sens au mot expérience
le pilote KTM finira 4e, sésame pour la finale en poche.
«La finale, cétait top! Javais un bon rythme,
et le public ma porté jusquau bout.» Aux anges,
le pilote de Sorens a même entrevu le podium. Avant de commettre
une petite erreur qui la empêché de faire la nique
aux jeunes. «Je me suis loupé dans lenchaînement
des woops. Si je suis au top de ma forme, cette erreur, je ne la commets
pas. Ce soir, jai roulé avec des gars qui disputent le SX
Tour et qui sentraînent comme des fous depuis juillet. Moi,
avec deux entraînements et le SX de Lyon le week-end passé,
je ne pouvais pas espérer plus.»
Quatrième au passage du drapeau à damiers, le Gruérien
était ainsi qualifié pour lépilogue de la soirée,
la superfinale réunissant les cracks des catégories open
et 125. Le souffle court, le corps «cuit», «Kakeu»
et ses 32 ans rendront les armes après quelques tours de piste,
ses derniers à Palexpo. «Je ne regrette rien. Ça devient
plus dur dannée en année, il faut être de plus
en plus affûté.»
Le
vide des Gruériens
De retour aux paddocks, torse nu et nuque enroulée dans un linge,
lhomme ne versera pas dans lémotionnel. Tout juste
dira-t-il que «laccueil que lon ma réservé
ce soir, cétait quand même quelque chose de spécial.
Mais je nai pas limpression quune page se tourne. Jai
simplement disputé ma dernière course de lannée.
Bien sûr, cela me fera sans doute bizarre lan prochain, quand
je viendrai à Genève en spectateur.» Et le Sorensois
dévoquer lépisode avant la finale, quand il
est venu saluer les supporters gruériens, postés dans la
rectiligne des woops. «Le vide sera peut-être plus grand pour
eux que pour moi.»
Le premier Suisse à avoir tutoyé lélite européenne
puis mondiale du motocross a, lui, déjà la tête tournée
vers le supermotard, son prochain défi. «Même si la
discipline est moins physique et moins cassante que le cross, je vais
faire ce quil faut cette hiver pour garder une base dentraînement
assez rigoureuse. Après quelques entraînements de cross,
je me rendrai sur des pistes en France et en Italie pour peaufiner ma
préparation en supermotard.» Cinquième du championnat
de Suisse lan passé, Philippe Dupasquier se verrait bien
remporter encore quelques titres.
La «gagne» ne sapprend pas, elle se vit.
«Le
public ma donné la force»
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Philippe Dupasquier, si vous aviez une seule image à retenir
de vos quinze participations au Supercross de Genève
ce serait lenthousiasme, la ferveur du public envers
les pilotes, les Suisses en particulier. Pour un crossman du pays,
être soutenu par plus de 16000 spectateurs, entendre des
«gueulées» à chaque passage, cela narrive
quune seule fois par année. Lémotion
ressentie dans ces moments-là restera à jamais gravée.
Entre votre premier Supercross de Genève et le dernier,
quest-ce qui a changé?
Il y a quinze ans, la domination des Américains était
sans partage. Les pilotes du continent avaient très peu
de chance dobtenir des résultats. Les organisateurs
en étaient même réduit à mettre sur
pied une finale «franco-suisse». Depuis, les Européens
ont énormément progressé et sont aujourdhui
capables de monter sur le podium.
Entre Palexpo et Philippe Dupasquier, cest une belle histoire
damour qui se termine
A Genève, jai toujours dit que le pilote fait la
première moitié de la course et que le public aide
à tout donner pour la deuxième moitié. Cette
année, jétais un peu juste physiquement. Mais,
on la vu encore samedi, le public ma donné
la force de réaliser deux super courses. Je ne garde que
des bons souvenirs de mes quinze participations, mais aucune nostalgie.
Sans doute que je réaliserai et que japprécierai
plus tard tout ce que jai vécu ici à Palexpo.
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