On
le croyait «calmé», après le jugement rendu
en mars 2005 à Châtel-St-Denis. Le juge de police Michel
Morel ne lui avait pas fait de cadeau. René-Louis Berclaz, ex-citoyen
de Châtel-St-Denis, avait écopé, une fois de plus
pour discrimination raciale, de trois mois de prison ferme. Avec les précédentes
sanctions, cela signifiait alors dix-sept mois de prison! Une «facture»
que lhomme, à sa comparution début mars 2005, avait
commencé à payer dans un établissement pénitentiaire
du côté de Sion.
Dans
une villa roumaine
Or, voilà que René-Louis Berclaz refait parler de lui. Cette
fois dans une affaire qui montre quun palier supplémentaire
aurait été franchi en matière de gravité des
infractions au Code pénal. Relayée par la radio RTL, à
Paris, linformation a fait, mercredi, les gros titres, sur une double
page, du Courrier picard.
Ce journal français sintéressait prioritairement à
un ressortissant de sa région: Dominique Caron, 34 ans. Lété
dernier, cet homme avait défrayé la chronique en réussissant
à prendre la fuite après avoir tenté dassassiner
son ex-compagne dune balle dans la tête.
Et Berclaz, là-dedans? Après des mois dune enquête
minutieuse, conduite en collaboration avec leurs collègues roumains,
via Interpol, et un officier français de liaison sur place en vertu
daccords internationaux, les policiers française sont parvenus
à localiser Caron en Roumanie, dans le comté de Bihor, à
Pietrosa. A la mi-septembre 2006, Dominique Caron était arrêté.
Mardi soir dernier, il a été extradé en France, où
il a été mis en examen et écroué à
Amiens.
Figures
néo-nazi
Mais Caron nétait pas seul dans «cette curieuse villa
située en haut dune colline et discrètement décorée
dune croix gammée», comme décrit par le journaliste
Georges Charrière. Ont également été arrêtées
«deux figures du mouvement néo-nazi international»:
le Franco-roumain George Piscosi Danesco, propriétaire de la maison
et idéologue des mouvements niant lexistence de lholocauste.
Ainsi que
René-Louis Berclaz, le secrétaire de la
défunte association châteloise Justice & Vérité,
décrétée interdite en 2002 par la Tribunal civil
de la Veveyse.
Dans la chambre de Berclaz, les enquêteurs auraient trouvé
«un fusil, 130 cartouches et un pistolet Deringer, et des milliers
de brochures, livres et CD qui ont pour objet principal le négationnisme».
Berclaz a été mis en examen par la justice roumaine pour
contrebande darmes et constitution dune organisation fasciste.
Comme Danesco, Berclaz est aussi suspecté de «recel de malfaiteur».
Lenquête des policiers français donne en effet un coup
de projecteur sur lexistence dun réseau néo-nazi
qui aurait aidé Caron dans sa fuite. Sinon, comment cet homme,
réputé dangereux, aurait-il pu traverser une partie de lEurope
et trouver refuge dans une villa roumaine occupée par des adeptes
de cette idéologie?
Toujours selon la même source journalistique, Caron, fasciné
par lidéologie nazie, se serait fait photographier, le bras
tendu, devant un drapeau à croix gammée. La tentative dassassinat
avait été perpétrée sur son ex-compagne, le
18 août dernier. Quant à George Piscosi Danesco, connu de
la justice, il est présenté comme le secrétaire général
de l«Association française de philosophie stylistique».
Le Service dexécution des peines du canton de Fribourg a
appris avec surprise la nouvelle de larrestation de Berclaz
«Berclaz a été libéré conditionnellement
en novembre 2005. Il avait été auditionné, à
lépoque. Cette décision de libération conditionnelle
se fondait sur des rapports qui allaient dans le sens du respect des normes
légales et constitutionnelles», résume Thomas Freytag,
dudit service. En clair: Berclaz, qui aurait, selon nos calculs, accompli
un peu moins des deux tiers de sa peine avant de bénéficier
de cette mesure conditionnelle, a été libéré
pour bonne conduite
A lOffice des juges dinstruction du canton, on nétait
pas non plus au courant de cette nouvelle péripétie roumaine.
En létat, indique prudemment le greffier Raphaël Brenta,
«il ny a pas de procédure pénale ouverte contre
Berclaz. Cette nouvelle affaire est roumaine. Et on peut vraisemblablement
supposer quelle sera du ressort des autorités de ce pays.
A moins quelles ne décident, ultérieurement, de saisir
lOffice fédéral de la justice.»
Aucune connaissance des nouvelles dérives de Berclaz au Département
fédéral de justice et police. Son porte-parole, Folco Galli,
affirme navoir pas été informé de cette arrestation.
Ce dont il est sûr, cest que la Suisse na fait aucune
demande dextradition envers le négationniste et quil
nexiste aucune recherche internationale à son sujet.
Des
points de repères
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1995.
René-Louis Berclaz sétablit
à Châtel-St-Denis, siège de lofficine
Vérité & Justice. La justice fribourgeoise y
saisit des exemplaires du Rapport Rudolf, niant le gazage des
juifs dans les camps de la mort.
1998. Berclaz est candidat à la Préfecture
de Veveyse. Le Tribunal pénal de la Veveyse le condamne
à quatre mois de prison pour discrimination raciale, peine
confirmée par le Tribunal cantonal et le Tribunal fédéral.
2000. Vérité & Justice envoie un Contre-rapport
Bergier aux parlementaires fédéraux. Le Genevois
Patrice Mugny porte plainte contre Berclaz et dautres se
situant, comme lui, dans la mouvance des Gaston-Armand Amaudruz
et Faurisson.
2001. Le Ministère public requiert des mesures provisionnelles
urgentes contre Vérité
& Justice, qui sera dissoute.
2002. Berclaz est condamné à huit mois de
prison (peine ramenée à six mois en 2003). Sajouteront
quatre mois pour abus de confiance dans le canton de Vaud.
2003. Berclaz quitte Châtel-Saint-Denis sans laisser
dadresse. De nouvelles procédures pénales
sont ouvertes contre lui. Convoqué en novembre pour purger
sa peine, il est introuvable.
2004. Un mandat darrêt est lancé contre
Berclaz. Réfugié en Serbie-Monténégro,
il finit par se rendre de lui-même à la fin de lannée.
2005. Le juge de police de la Veveyse condamne Berclaz
à trois mois fermes supplémentaires. Il est libéré
conditionnellement en novembre
2006. Arrestation en Roumanie.
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