FRIBOURG - GRAND CONSEIL Matu en 12 ou 13 ans

Il est urgent d’attendre…

Durée des études jusqu’à la matu, ravages du cannabis, sécurité du transport des élèves: l’école a eu droit à un examen parlementaire en règle, hier et mardi. Aucun changement majeur dans l’immédiat. Mais Gambach sera racheté par l’Etat.

 

Réduire la durée des études menant à la maturité de treize à douze ans? Les députés répondent non. De justesse, puisque les 47 élus qui ont soutenu une motion radicale allant dans ce sens ont subi la loi des 51 députés acquis au statu quo. Un vote qui n’est pas gage d’immobilisme pour autant. Simplement, l’Etat se donne encore du temps pour analyser les options.
En cas de passage à douze ans, comme dans 19 cantons suisses, où diable gagner une année? Au primaire, au CO ou au collège? interroge Isabelle Chassot, en charge de l’Instruction publique. Du reste, la ministre n’exclut pas d’en rester à treize ans et de permettre aux plus rapides de passer leur bac en douze ans. Le rapport tant attendu doit tomber à la fin de l’année. Ouvert il y a dix ans déjà, ce débat englobe la qualité, reconnue, de l’école fibourgeoise et la place de choix qu’y occupe le bilinguisme.

11 mio pour Gambach
A ce titre, l’ouverture cet automne du Gymnase intercantonal à Payerne servira de laboratoire grandeur nature: les Fribourgeois y étudieront durant quatre ans, les Vaudois durant trois. Avec son collègue Jörg Schnyder (prd, Boesingen), Jean-Jacques Collaud (prd, Grolley) voit dans un cursus raccourci une source d’économie. Et la chance pour les Fribourgeois d’arriver sur le marché du travail au même âge que leurs voisins. En résumé: on y viendra peut-être, mais pas aussi vite que le souhaitait une petite minorité, plutôt de droite.
D’école, il en a abondamment été question hier matin. Personne parmi les 103 élus présents ne s’est fait prier pour débloquer 11,1 millions destinés à l’achat (9,1 mio) et au crédit d’études (2 mio) du Collège de Gambach. Propriété de la Congrégation des sœurs ursulines, l’établissement centenaire fera par la suite l’objet d’un réaménagement. Le crédit de construction (35 mio) devrait occuper le Grand Conseil cette année encore, avec passage devant le peuple en raison du référendum financier obligatoire.
Ce montant est jugé nécessaire pour absorber le flux d’étudiants dans une école de 650 élèves pleine comme un œuf depuis des années… Le tout moyennant un coût inférieur de 5,4 mio aux estimations. Pourquoi au juste? «Parce que les Ursulines entretiennent de bonnes relations avec les petites sœurs de la charité», plaisante le rapporteur André Masset (pdc, Estavannens). Parce que la congrégation attache de l’importance à la poursuite de l’activité scolaire sur le site actuel de Fribourg, nuance Isabelle Chassot.
Autre dossier au menu, la sécurité dans les bus scolaires a essuyé un large refus (27-68, 10 abst.). Du coup, les véhicules ne seront pas obligatoirement équipés de sièges transversaux et munis de ceintures de sécurité individuelles. «La vie et la santé d’un enfant n’a pas de prix», a vainement asséné l’un des motionnaires, Michel Losey (udc, Sévaz). Seuls des élus de l’UDC et du PS, pour l’essentiel, l’ont suivi.
Les équipements requis coûteraient dans les 500000 fr. par an et seront bientôt rendus obligatoires par la Confédération. Aller plus vite serait disproportionné, juge le Conseil d’Etat. Surtout que la sécurité dépend aussi du respect des règles de circulation, renchérit la directrice de l’Instruction publique. La démocrate-chrétienne a convaincu la majorité de suivre le vœu de la nouvelle présidente, Anne-Claude Demierre, dans son discours inaugural: «Que la raison l’emporte sur le discours réducteur de l’émotion!»

Bannir les joints
A l’heure d’aborder la motion sur le cannabis à l’école, c’est plutôt la prévention qui l’a emporté sur la répression… Tout le monde s’est donné la main pour déclarer le joint persona non grata. Reste que les directives allant jusqu’à l’exclusion demandées par André Masset (pdc, Estavannens) et Charly Haenni (prd, Vesin) n’ont pas convaincu.
D’où le retrait de la motion: les Directions concernées émettront toutefois des recommandations communes. Histoire de s’assurer que les mesures existantes soient appliquées de manière homogène. Nul besoin d’en édicter d’autres, donc.
Ces quatre objets prouvent, s’il le faut encore, que les défis de l’école sont multiples: mentionnons encore la 2e année enfantine, le début de la scolarisation, les difficultés de comportement en classe, le passage au CO, l’harmonisation romande des études… A tel point qu’une refonte totale de la loi scolaire s’impose ces prochaines années, promet Isabelle Chassot. Un joli débat de société en perspective, esquissé dans le rapport sur le postulat Bulliard/Stempfel.

Echos du Parlement

Assermentés. Trois nouveaux députés ont fait mardi leur entrée au Parlement. Il s’agit de Claudine Matthey (pdc, Vuist.-dt-Romont), aide médicale, paysanne et ex-constituante; André Meylan (pcs, Marly), inspecteur à la Sûreté et conseiller général; et Claire-Lise Progin (ouv, Rossens), enseignante et vice-syndique. Cela porte à 19 le nombre de démissions depuis le début de la législature.
Confirmé. Le vote de première lecture, en novembre, qui fait passer la part communale aux prestations AVS-AI de 25% à 30% (+3,9 mio) pour 2005. Le feu vert définitif a été donné par 87 voix contre 11. A noter l’opposition des quatre membres du Conseil communal de Fribourg. Enjeu pour la capitale: une dépense de 650000 fr. Damien Piller (pdc, Villars), voulant repousser l’entrée en vigueur au 1er juin, a été battu (18-76).
Refusé. Les députés, à 74 contre 31, n’ont pas voulu d’un rapport demandé par Jean-François Steiert (Fribourg). Le socialiste s’inquiétait de la concurrence déloyale en cas de mandats confiés à des entreprises extérieures non-parties prenantes à une CCT en vigueur ici.
Critiqué. A la lecture du rapport sur les places d’apprentissage, les postulantes Christine Bulliard (pdc, Ueberstorf) et Madeleine Genoud-Page (pcs, Fribourg) sont restées sur leur faim, tant la réponse manquait de substance.
Loué. Un autre rapport, sur la restructuration des justices de paix, a au contraire récolté des louanges. Ce texte fouillé fait suite au postulat de Denis Boivin (prd, Fribourg). La réforme esquissée, jugée pertinente par les intervenants, coûtera quelque 400000 fr. de plus la première année, sans compter les frais uniques liés à la restructuration. But: professionnaliser le système et passer de 29 à 8 cercles (un par district, deux en Sarine). Une seule inconnue: le calendrier de mise en œuvre…
Retiré. Le postulat de Bruno Tenner (udc, Fribourg) sur la gestion des ressources humaines et la motion Godel-Kuenlin visant à créer une commission parlementaire chargée d’améliorer les perspectives financières de l’Etat.
Evalué. Le plénum a suivi (62-26) le postulat d’Alex Glardon (pdc, Cugy) et Denis Boivin (prd, Fribourg) en vue d’une évaluation globale des tâches de l’Etat et, partant, des besoins en personnel. Le Gouvernement transmettra les résultats de l’analyse en cours des prestations fournies par l’Etat. Il le fera régulièrement lors des budgets et des comptes.
Nommé. En remplacement d’Armin Haymoz, démissionnaire, le Club économique du Grand Conseil (quelque 90 membres) a porté à la présidence un autre démocrate-chrétien singinois: Yvan Aeby (pdc, Tinterin), fromager à Oberschrot. Ce conseiller communal est entré au Parlement en juin 2004, où il a pris la place laissée vacante par le nouveau conseiller d’Etat Beat Vonlanthen.

 

Sébastien Julan
3 février 2005

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