CYCLISME
Tour de France
La Grande Boucle déjà bouclée?

Le 89e Tour de France semble promis à Lance Armstrong. L’absence de Jan Ullrich conforte la position du Yankee, qui vise une quatrième victoire de rang sur la Grande Boucle. Pour ses adversaires, seul un incident de course peut lui barrer la route triomphale vers Paris.

Lance Armstrong! Réponse unanime (ou presque) à la question: «Qui sera vainqueur du 89e Tour de France, dimanche 28 juillet sur les Champs-Elysées?» Vainqueur, l’Américain se rapprocherait à une longueur de la «bande des quatre», Jacques Anquetil, Eddy Merckx, Bernard Hinault, Miguel Indurain, tous crédités de cinq victoires. Aujourd’hui sur le coup de 13 h 30, le Tour débute par un prologue de 7 kilomètres à travers la vieille ville et la forteresse du Grand Duché du Luxembourg. De son verdict tombera la réponse à une question vieille de… 78 ans: «Le Texan rejoindra-t-il sur les tablettes l’Italien Bottechia (1924), le Luxembourgeois Nicolas Franz (1928) et le Belge Romain Maes (1935)? Les seuls à ce jour à avoir revêtu le maillot jaune de bout en bout. Sans état d’âme, le leader d’US Postal ne se pose aucune question. Il est là pour remporter un quatrième Tour de France. Point.

Soucis chez Telekom
Un Tour qui part sous le signe de la polémique, propre au Grand Duché: le comité d’organisation ne parvient pas à maîtriser les coûts. De 1,5 million d’euros, le budget a triplé! Un Tour sur lequel plane l’ombre insidieuse de Jan Ullrich (vainqueur en 1997), quand bien même l’Allemand est absent. Mais son équipe Telekom n’a pu éviter le sujet lors de sa conférence de presse, son coureur vedette étant tombé dans les filets des contrôles antidopage. Olaf Ludwig, l’ancien champion olympique, chef de la communication, se contente de répondre: «Nous ne prendrons une décision qu’à la lecture de la contre-expertise et après que la justice allemande ait statué.»
De fait, les soucis du manager Walter Godefroot (dix victoires d’étape sur le Tour) sont d’un autre ordre: Alexandre Vinokourov, vainqueur de Paris - Nice, ne sera pas au départ, à la suite de sa chute dans le Tour de Suisse. Dès lors, la stratégie de l’équipe s’en trouve modifiée dans l’optique d’une place au classement général. L’hypothèse de travail pourrait être la suivante: les Telekom, et leurs alliés de circonstance, pourraient bloquer la course lors des treize premières étapes afin de jouer à fond la carte Eric Zabel. Vainqueur à six reprises du maillot vert (réservé au vainqueur du classement par points), le Hambourgeois rêve d’un septième succès à Paris assorti de quelques victoires d’étapes… Qu’il n’est pas seul à convoiter (Freire, Steels, Mc Ewen, O’Grady, Rodriguez, Casper, Nazon, Svorada, Kirsipuu…).
Si la première phase conduisant aux Pyrénées est promise aux sprinters, Armstrong devrait poser les premières pierres de sa quatrième victoire dans le prologue, le contre-la-montre par équipes (67,5 km) de Château-Thierry, mercredi déjà, et le contre-la-montre individuel (52 km) de Lorient. Un long transbordement amènera ensuite le peloton à Bordeaux, au pied de l’enchaînement Pyrénées/Alpes. Où les équipes des grimpeurs entreront en action, en particulier Once (Igor Gonzalez de Galdeano, Olano, Beloki, Azevedo) et Kelme (Sevilla, Botero). Pour elles, l’essentiel est que leurs grimpeurs n’aient pas concédé trop de temps dans les épreuves chronométrées.

Présents!
Certes, les Kivilev, Atienza (l’Espagnol de Moudon), Jalabert, Virenque, Roux, Belli, Dufaux, Moreau – la liste n’est pas exhaustive – répondront présents dès que la pente s’élève. Et certains, à l’exemple de Jalabert et Moreau, auront un rôle à jouer dans les épreuves chronométrées. L’été passé à Dunkerque, Moreau avait revêtu le premier maillot jaune au soir du prologue et semblait parti pour jouer les premiers rôles. Malade (ou victime d’une défaillance?), il abandonnait entre Perpignan et Aix-les-Termes.

Seul un incident
Qui donc peut battre Lance Armstrong? «Un incident de course», lâchent, timidement, ses adversaires. Dès lors, les 188 autres coureurs (dix équipes) sont-ils résignés à jouer les victoires d’étapes, les accessits et les places deux et trois du podium parisien?

PHB/ 6 juillet 2002

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