MOTOCYCLISME

Supermotard
Conquis par ce sport hybride

Désormais, ils sont quatre à représenter la Gruyère dans le championnat de Suisse de supermotard. Cette saison, Olivier Delacombaz, Jérôme Kolly et Nicolas Chassot ont rejoint Claude Andrey dans cette discipline particulière qui jouit d’un engouement extraordinaire auprès du public. Nos forçats de la glisse sont conquis.


Claude Andrey évolue cette saison dans la catégorie reine (C. Dutoit )

En Gruyère, le supermotard gagne des adeptes. Cette année, Olivier Delacombaz, Jérôme Kolly et Nicolas Chassot ont rejoint Claude Andrey et disputent pour la première fois le championnat de Suisse. Supermotard? Une discipline hybride – les pilotes évoluent tantôt sur le bitume, tantôt sur la terre – née comme beaucoup d’autres au pays de l’oncle Sam. A l’origine, il visait à élire en fin de saison le véritable champion des deux-roues. Il mettait aux prises les stars de la route et du tout-terrain. Débarquée des Etats-Unis, la vague supermotard touche la France dans les années huitante, puis atteint la Suisse en 1997, date du premier championnat de la spécialité.
En six ans, le supermotard s’est imposé comme la discipline reine de la moto dans notre pays. «Ce sport jouit d’un succès incroyable, surtout en Suisse allemande, explique Claude Andrey. L’an passé, à Frauenfeld, on a dénombré 15000 spectateurs sur l’ensemble du week-end! Sinon, la moyenne tourne entre 7000 et 10000 personnes.» Un engouement qui incite bon nombre de motards à se tourner vers la discipline, à tel point qu’il a fallu augmenter le nombre de catégories pour les quelque 300 pilotes inscrits.

Dans la catégorie reine
Grâce à son 5e rang final l’an dernier chez les «challenger», Claude Andrey a été propulsé cette année dans la catégorie «prestige». Le Gruérien a troqué sa KTM 540 pour une 660 semi-usine – moto dérivée de celles des pilotes usine KTM – d’une valeur de 30000 francs, acquise grâce à divers sponsors. Après le premier grand prix – les 11 et 12 mai dernier à Büron, dans le canton de Lucerne – le citoyen d’Epagny (deux fois 24e lors des deux manches sur une quarantaine de participants) a pu mesurer la différence de niveau. «Le saut est grand. Ouverte aux pilotes internationaux, cette catégorie est la plus relevée de toutes. Elle exige une préparation plus professionnelle.»
Commerçant et mécanicien sur motos à Broc, le Gruérien n’a pas pu se rendre bien souvent en France ou en Italie, traditionnelles terres d’exil pour les motards helvétiques. «Je ne me suis entraîné qu’une seule fois. C’est une catastrophe! Je viens d’emménager dans de nouveaux locaux. J’ai investi beaucoup de temps pour mon magasin. L’année prochaine, j’aimerais une autre préparation, pour me rapprocher des meilleurs. Cette saison, je vise une place dans les vingt premiers d’une manche, pour pouvoir marquer un point.»

Team constitué
Sur les grands prix, Claude Andrey est accompagné par sa famille et son beau-frère, qui s’occupe de la mécanique. Au terme de l’exercice écoulé, le Gruérien de
36 ans avait émis le désir de constituer un team avec des jeunes pilotes de la région. C’est désormais chose faite, puisque Olivier Delacombaz et Jérôme Kolly ont mordu à l’hameçon. Pour les deux néophytes, Claude Andrey met à disposition son bus ainsi que des pièces de rechange. «Et j’essaie de les épauler, de les faire bénéficier de ma modeste expérience.»
Mécano de Claude Andrey l’année passée, Olivier Delacombaz est passé de l’autre côté de la piste. «Lorsque j’ai vu tout l’engouement autour du supermotard, j’ai eu envie d’essayer. Je n’avais plus fait de compétition depuis quatre ans, losque je participais au championnat de Suisse d’enduro.» A Büron, lors de la première épreuve, le résident de Vuippens a été impressionné par la vitesse atteinte par les bolides. «Je connaissais les abords de la piste. Mais, en course, c’est autre chose. A côté, on ne peut pas vraiment se rendre compte.» Engagé cette saison dans la catégorie challenger, le Gruérien n’a pas de grandes ambitions. «Avant tout me faire plaisir. Et essayer d’arracher une qualification pour une finale.»
Issu lui aussi du championnat de Suisse d’enduro, Jérôme Kolly reprend la compétition, après une saison d’interruption pour des raisons de santé. Le Bullois de 29 ans a été séduit par l’idée de la création du team et s’est lancé dans l’aventure du supermotard. Avec un premier grand prix chez les challengers durant lequel il s’est fait quelques belles frayeurs. «Lors des premiers essais, j’ai eu peur. Les autres pilotes, plus rapides, me passaient à côté. J’avais l’impression de les gêner et qu’ils allaient me rentrer dedans. Par la suite, ma crainte s’est estompée. J’ai pris mes repères et je me suis fait plaisir. Cette saison, j’espère me qualifier une fois pour une finale.»

Le scooter de côté
Après trois saisons de pocket bike (deux titres de champion de Suisse) et deux de scooter (un titre national), Nicolas Chassot avait besoin d’un nouveau défi. Il a opté pour le supermotard. «Et je ne regrette pas mon choix, lance le Gruérien. Cette discipline est vraiment extraordinaire. Elle enthousiasme le nombreux public.»
Dans la catégorie «rookie», le citoyen de La Tour-de-Trême – toujours épaulé par son fidèle mécano «Momo» – a obtenu deux fois le
4e rang lors des deux manches lucernoises. «J’ai pris ce premier grand prix comme un test, sans trop me soucier du résultat. Finalement, ça s’est très bien passé. L’effet de course ne diffère pas de celui du scooter. Par contre, les dépassements sont plus périlleux, avec ces gros Suisses allemands aux bras noueux (rires). En scooter, il suffisait de crier et les gars s’enlevaient.»

Alain Sansonnens / 18 mai 2002

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