COMMENTAIRE

Assurance maladie
L’urgence, remède malsain

Reste-t-il encore quelqu’un qui n’a pas jeté de pierre dans le jardin maléfique de l’assurance maladie? Jeudi, c’était au tour des Unions patronale et syndicale suisses. Les deux ont brandi le milliard en guise de remède urgent. Mais pas dans le même sens! Les patrons exigent un milliard en réduction des coûts. La centrale syndicale réclame un montant identique pour financer des abaissements de primes au profit des familles avec enfants. Les deux se font probablement des illusions.
Les coûts de l’assurance de base ont régulièrement progressé depuis 1996, date d’entrée en vigueur de la LaMal, pour atteindre, en hausse annuelle de 5,1 %, la somme 16,5 milliards de francs en 2001. Santésuisse indique les motifs de cette spirale des coûts: progrès médical, vieillissement de la population et multiplication des actes médicaux. Les patrons auront beau y faire, pour l’essentiel, ces éléments ne se modifieront pas de sitôt. Pour une part, cela n’est d’ailleurs pas souhaitable pour des raisons de santé évidente. Autant dire que tailler un milliard dans les charges tient du rêve.
La démarche de l’USS étonne plus encore. Quoi? Troquer, via le droit d’urgence, le durable abaissement fiscal en faveur des familles proposé par Kaspar Villiger contre des allégements mensuels de primes «enfants» de 52 francs en 2003 et 2004 tient du marché de dupes. Et c’est sans compter le frein à l’endettement plébiscité par le peuple. Cela a-t-il un sens d’enlever du social ici pour en mettre ailleurs?
Avec l’USS, on déplore que la situation des personnes à bas et moyens revenu soit toujours plus compromise par l’accroissement des impôts indirects, des taxes et des primes maladie. Mais c’est une lapalissade que de le rappeler, le droit d’urgence redresse rarement une situation. Citoyennes et citoyens n’ont-ils pas précisément accepté la LaMal pour sortir d’une infernale et vaine série d’arrêtés fédéraux urgents? Pourquoi retournerait-on à la case départ?
Révisions et initiatives populaires en cours et projetées sont à l’ordre du jour. Chacun sait pourtant qu’il n’existe pas de panacée. L’avenir sera fait d’un nouveau compromis. Faute de mieux!

Raymond Grmaud/ 18 mai 2002

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