Stand de Tir à Bulle

La balle du côté de l’A12

La commune de Bulle planche très sérieusement sur le remplacement du stand de tir de Vaucens. Et lorgne sur l’un de ses territoires propres, situé sur la ligne de nuisances de l’autoroute. Seul candidat, l’endroit semble aussi être le candidat idéal.


Situé de l’autre côté de l’autoroute, le territoire communal fait figure de candidat unique (C. Haymoz)

Les tireurs bullois sont censés déménager d’ici à la fin mars 2002. Leur stand actuel, situé sur le domaine de Vaucens, ne répond pas aux critères de l’Ordonnance fédérale pour la protection contre le bruit (OPB). Après plusieurs tentatives vaines, le Conseil communal lorgne sur l’un de ses terrains propres, situé en bordure de la ligne de nuisances de l’autoroute.
«Ce site était une des options que la commune avait étudiées il y a quelque temps, explique Jean Hohl, ingénieur de ville. Mais elle l’avait laissée en plan au profit d’un projet intercommunal basé à Enney.» Qui avait capoté voilà deux ans, à cause de fortes oppositions politiques. Revenu à l’esprit du Conseil communal, le site bordier de l’autoroute semble réunir de nombreux avantages.

Couloir de nuisances
Il y a d’abord la présence de l’A12: «Etant donné la source importante de bruit dans ce couloir, il n’y a pas de locaux sensibles construits à proximité», explique Roland Kalberer, chargé de la lutte contre le bruit à l’Office de protection de l’environnement (OPEN). Firmin Esseiva, conseiller communal en charge du dossier, y voit d’autres points positifs. «L’accès existe déjà et la construction du stand n’entraînerait aucun dommage à l’urbanisation de la ville.»

«Solution confortable»
«Je pense que nous avons enfin trouvé une solution confortable pour tout le monde», explique Firmin Esseiva, qui porte aussi la casquette de président des carabiniers bullois. Comme ce stand est un projet, il devra répondre à des exigences plus strictes encore qu’une installation déjà existante. Des tunnels seront construits, afin d’atténuer le bruit «de bouche» de la balle à la sortie du canon, tandis que des digues de béton se chargeront des nuisances occasionnées par le trajet supersonique du projectile.
Dans une de ses fiches d’action, l’Association régionale de la Gruyère s’engage à soutenir l’assainissement des stands du district. Le Conseil communal vient dès lors de faire parvenir une lettre à toutes les communes, afin que celles qui le désirent participent au projet. «Mais d’abord, nuance Jean Hohl, il faut que le projet passe devant le Conseil général. Puis viendront la mise à l’enquête et la mise en zone.»
En attendant, la commune espère obtenir de la Direction des travaux publics une prolongation pour le site de Vaucens, qu’elle ne pourra remplacer d’ici à fin mars 2002. S’il n’est pas soumis à une avalanche de plaintes émanant du voisinage, le stand actuel n’est pas viable.
«Ceci à cause de deux facteurs, explique Roland Kalberer. Il dépasse d’abord la valeur limite d’immission (VLI) [n.d.l.r.: la VLI est une mesure des nuisances en décibels] et touche trop d’habitations.» La construction de tunnels de tir et de digues antibruit n’est pas une solution, puisque dans le cas bullois, elle ne permettrait pas de réduire le bruit de manière suffisante.
A Bulle, les cent vingt tireurs au fusil et les deux cents adeptes du pistolet risquent donc bien de pratiquer leur passion en bordure de l’autoroute.

Xavier Pilloud / 22 novembre 2001