COMMENTAIRE

OMG
Trop de précautions?

A une époque où – trouille de l’anthrax oblige – le dépouillement des bulletins électoraux lausannois se fait avec de spectaculaires précautions médicales, l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ) devait s’attendre au pire. Effectivement, sa demande de dissémination d’OGM a été rejetée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEFP).
Scandale? Guerre des technocrates contre la recherche fondamentale? Eh non! Le veto de Philippe Roch s’explique. En bon fonctionnaire, le patron de l’OFEFP respecte les vœux de nos politiciens.
Le Conseil national a en effet accepté un postulat demandant l’interdiction des disséminations expérimentales d’organismes contenant des gènes de résistance aux antibiotiques. Or c’est le cas pour le projet de dissémination de blé génétiquement modifié présenté par l’EPFZ. Le Conseil des Etats a en outre inscrit ce type d’interdiction dans sa version de la loi sur le génie génétique.
C’est donc bel et bien le principe de précaution voulu par nos élus qui interdit l’expérience souhaitée par les chercheurs de l’EPFZ. Ce sera donc à eux qu’il faudra s’en prendre si la Suisse quitte un jour le peloton de tête de la recherche en génie génétique. A eux, et à tous ceux qui rêvent de faire de la Suisse un pays sans OGM et qui applaudissent au blocage d’aujourd’hui.
Philippe Roch est loin d’être contrarié par le durcissement politique envers les OGM. L’homme se permet de ricaner sur les scientifiques, coupables à son avis d’une recherche sur une maladie du blé peu répandue en Suisse. Il les juge comme des rigolos moins sensibles que les politiciens aux questions de sécurité. Il les renvoie comme des gamins à «d’intéressants travaux de recherche» visant à livrer à ses services toutes les précisions demandées.
Croit-on élever ainsi le standard de la recherche en Suisse? En fait, cette mentalité crée le vide. Les chercheurs ont compris. Plus aucune demande n’a été adressée à Berne. Leur avenir est sous d’autres cieux. Comme les retombées de leurs travaux!

Raymond Gremaud / 22 novembre 2001

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