FOOTBALL - 1re LIGUE
Muttenz - Bulle 3-6 (0-3)
Les Bullois sont sauvés, ouf!

Le suspense a pris fin dimanche en fin d’après-midi. Grâce à sa victoire à Muttenz, Bulle a assuré son maintien en 1re ligue. Sous la barre il y a trois semaines encore, Sampedro et ses hommes ont réussi leur pari, au terme d’une folle remontée au classement.


Hervé Rickli: un jeu tout en percussion et Bulle qui sauve sa saison (C. Dutoit)

Les choses ont pourtant mal commencé. Incapables de construire, Bulle s’est d’abord perdu dans un jeu vertical qui ne lui convenait pas. Pour ne rien arranger, Rauber écopait un carton jaune (13e). Le pire était à craindre. Mais le match bascula après 20 minutes. Venant de la droite, Odin effectua un centre judicieux pour Raigoso, qui ajusta le but. En menant au score, Bulle venait de forcer son destin. Tout comme celui de Muttenz, qui n’avait plus d’autre choix que de marquer.

Le rôle de la défense
La suite fut intimement liée à cette première réussite. Les Bâlois, dont la majorité se portait vers l’offensive, découvrirent très largement leurs arrières. Python, à la 32e, inscrivit le 2-0 sur une bonne balle de Meuwly. Juste avant la pause, sur une percée de Rickli, Raigoso trouva la faille une troisième fois. Bulle exploitait alors à merveille les espaces laissés libres par Muttenz. Mais le bénéfice de ce score flatteur revient en grande partie à la défense bulloise, très disciplinée. Emmené par un Marcel Buntschu intransigeant dans le rôle de libero, l’arrière-garde gruérienne réussit à contenir les assauts désespérés de ses adversaires. Capitaine satisfait, Christophe Piller confirme: «La défense était la clé du match. Notre travail était de bloquer le jeu. Nous savions que les occasions seraient nombreuses en attaque, parce que Muttenz devait absolument marquer. Nous ne devions leur accorder aucune possibilité de revenir au score.»

Sueurs froides
Pourtant, le coup de théâtre faillit bien avoir lieu. Dès la reprise, Schreiber réduisit la marque (48e, 1-3). Trois minutes plus tard, les joueurs locaux inscrivirent un deuxième goal. Abasourdis, les Bullois n’eurent pas vraiment le temps de réaliser ce qui leur arrivait, l’arbitre annulant le but pour cause de hors-jeu. Le superbe solo d’Odin (67e, 1-4), puis le tir efficace de Rickli (71e, 1-5) scièrent définitivement les jambes des Bâlois. Hervé Rickli, dont les accélérations donnèrent plusieurs fois le tournis à des défenseurs peu inspirés, déclare n’avoir jamais douté pendant la rencontre: «On était plus décontractés aujourd’hui. J’avais vraiment l’impression que le match était pour nous.» Malgré un penalty transformé par Liniger (72e), suivi d’une réussite de Morpain (88e), Muttenz ne pouvait plus prétendre à la victoire. Dans les arrêts de jeu, le jeune Alain Girard marqua le sixième but des Gruériens. Il s’en souviendra surtout comme de sa première réussite en 1re ligue. Il était écrit que cette journée serait parfaite pour le FC Bulle. Mais au sortir des vestiaires, à l’heure où le bruit des crampons avait laissé la place aux rires complices entre entourage et joueurs, une question concernant le trajet de retour était sur toutes les lèvres: y aurait-il assez de bières dans le car?

«Humbles et disciplinés»
Après le match, Francis Sampedros et Luca Perazzi se sont accordé un instant, seuls sur le banc de touche. Emu, le tacticien bullois voulait profiter de ce moment avec son assistant. La satisfaction du devoir accompli, la tranquillité de l’esprit pour celui qui a donné de sa personne. C’est pourtant vers l’équipe que vont ses premières paroles: «Félicitations aux joueurs pour les trois derniers matches. Ils ont compris, enfin, que la seule solution pour s’en sortir était d’être solidaires, humbles et disciplinés.» Malgré l’ampleur du score, l’après-midi ne fut pas de tout repos pour l’entraîneur bullois: «La 1re mi-temps, j’étais assez calme, car nous étions devant. Mais il fallait se méfier d’un sursaut d’orgueil, qui est arrivé juste après la pause. Alors que nous devions rester disciplinés, nous avons cessé de nous replacer. Ça me fâche de voir autant de prises de risques inutiles. Muttenz aurait pu revenir à cause de nous.» Sous le coup de l’heureux dénouement de cette saison, Francis Sampedro ne veut pas encore tirer tous les enseignements: «J’ai besoin de quelques jours pour digérer ce qui s’est passé cette année. Mais j’ai appris énormément de choses.» Il n’en dira pas plus.

Première saison difficile
Il y avait quelqu’un d’autre, à Muttenz, qui devait avoir les palpitations cardiaques un peu folles. Il s’agit de Patrice Bertherin, l’un des deux présidents bullois. «C’était terrible. Je vis toujours très mal les matches. Aujourd’hui, j’ai eu mal au ventre avant, pendant, tout le temps. J’ai surtout eu peur au début parce qu’on perdait tous nos duels. Ensuite, on a pris l’avantage. Ça allait nettement mieux. Le maintien était notre objectif depuis quelques semaines. Je suis soulagé, car on a assuré l’essentiel. J’ai fait tellement de déplacements où on perdait, que j’ai de la peine à réaliser que le cauchemar est terminé.» L’entraîneur est le premier que le coprésident bullois tient à féliciter: «Je suis heureux pour Francis Sampedro, et heureux que nous ayons pris la bonne décision en lui demandant de rester à la tête de l’équipe. Avec du recul, je me dis que nous autres dirigeants, nous aurions dû être plus présents pour lui. Il a vécu une saison difficile. Il aurait fallu lui assurer plus souvent notre soutien.»

Karine Allemann / 15 mai 2001

I Les titres I Editorial I Sports