JUDO
Sergeï Aschwanden

«Je vis au jour le jour!»

Sergeï Aschwanden a répondu samedi passé à l’invitation de l’Ecole de judo d’Attalens. Après avoir distillé ses précieux conseils techniques et tactiques, le champion d’Europe vaudois des moins de 81 kilos, malheureux aux derniers jeux Olympiques de Sydney, s’est plié au jeu de l’interview.


Sergeï Aschwanden a joué les professeurs à Attalens (G. Foulon)

Il y a deux ans, à la même époque, un stage en compagnie de Sergeï Aschwanden, un jeune judoka suisse inconnu du grand public, avait été organisé par l’Ecole de judo d’Attalens. Depuis, l’athlète vaudois a obtenu ses lettres de noblesse en remportant les championnats d’Europe 2000 à Wroclaw (Pologne) dans la catégorie des moins de 81 kilos. Ce sacre serait un peu trop réducteur du palmarès du judoka de Bussigny. En effet, il y faut ajouter sept titres de champion suisse, sept participations aux championnats d’Europe, trois aux championnats du monde et, en septembre dernier, les jeux Olympiques de Sydney. Une expérience malheureuse, où son combat l’opposant à l’Estonien Budolin ne dura que 2 minutes et 43 secondes. Ce fut hélas sa seule présence sur les tatamis australiens. Rencontre.

– Sergeï Aschwanden, pourquoi avoir opté pour une discipline comme le judo?
J’ai commencé par hasard. Je pratiquais également d’autres activités, comme le football, le basket, la danse et la trompette. A un mo-ment, j’étais même prêt à arrêter le judo. Mes parents m’ont alors de-mandé de continuer jusqu’à la fin du mois… Ensuite, à 15 ans, j’ai dû me consacrer à une seule discipline. C’est là que j’ai définitivement opté pour le judo.

– Quand avez-vous choisi la voie du professionnalisme?
J’ai décidé de m’y lancer à l’âge de 22 ans, une fois ma maturité en poche. Celle dernière m’ouvrira quelques portes lors de ma reconversion.

– Justement, comment vit-on du judo en Suisse?
La vie de judoka n’est de loin pas facile. Heureusement, je bénéficie du soutien de ma ville, de mes sponsors et de mes parents, chez qui je vis encore. Les primes lors des tournois ne sont guère élevées, mais mon titre européen m’a rapporté une petite somme tout de même.

– Quel est votre programme d’entraînement hebdomadaire?
Je m’entraîne à raison de six heures par jour. Et six jours sur sept.

– Après votre titre de champion d’Europe à Wroclaw cette année, vous avez déçu à Sydney. Comment analysez-vous votre parcours?
Je réponds catégoriquement que ma prestation n’a pas été bonne du tout. Je m’attendais à beaucoup plus. Mais bon, c’est la vie et il y a des choses bien plus graves que ça dans le monde!

– Parlons des jeux Olympiques en général, quel est votre meilleur souvenir?
Je retiendrai surtout l’ambiance et les relations humaines que j’ai eues sur place. D’autre part, j’ai été impressionné par l’arrivée de la flamme olympique lors de la cérémonie d’ouverture.

– Quels sont vos prochains objectifs?
Je vais participer à plusieurs tournois de Coupe du monde et me concentrer sur les championnats d’Europe et les Mondiaux 2001 à Munich.

– A 25 ans, vous possédez déjà un joli palmarès. Quels titres rêvez-vous encore d’accrocher?
Comme tout sportif de haut niveau, le but est de tout gagner. Cependant, pour moi, il n’est pas important de remporter les championnats du monde ou d’Europe. Je vis au jour le jour et je tente de faire le mieux possible lors de chaque compétition. Tout peut changer tellement vite. La victoire peut dépen-dre d’une simple décision arbitrale et une carrière peut être brisée nette par une blessure.

Propos recueillis par Thibaud Guisan / 23 décembre 2000

I Les titres I Editorial I Sports