VEVEYSE Besencens

Gaël, le chasseur d’orage

Ambulancier de 29 ans, Gaël Handschin immortalise, depuis plus de trois ans, la foudre frappant la terre. Pour cet habitant de Besencens, il s’agit de partager avec d’autres un phénomène météorologique qui suscite son admiration et son émerveillement.


Ci-dessus, la foudre capturée cet été à Besencens par Gaël Handschin

 

Petit, à l’instar de tous les enfants, Gaël Handschin craignait la fureur de l’orage. Puis, peu à peu, le phénomène l’a fasciné. «Je passais des nuits entières à observer les éclairs», raconte l’ambulancier de 29 ans. Passionné de photographie, cet habitant de Besencens a, voilà un peu plus de trois ans, décidé d’empoigner son «reflex» pour immortaliser «le moment magique» où la foudre frappe la terre. Un chasseur d’orage était né.
«Après plusieurs essais peu concluants, j’ai enfin réussi à capturer un éclair, se souvient-il. J’étais très content de moi!» Depuis ce premier succès, le virus est en lui. Sa motivation: partager avec d’autres ce phénomène météorologique qui suscite son admiration et son émerveillement. Une centaine d’images «exploitables» figurent aujourd’hui à son palmarès, dont une partie est consultable sur son blog à l’adresse http://photometeo.bleublog.ch.
Gaël Handschin traque l’orage dans tout le Sud fribourgeois et sur les hauts de Vevey, «où les points de vue sont également superbes». Mais la chasse aux éclairs ne s’improvise pas. Guetter le ciel ne suffit pas. «Au début, j’étais tout excité et partais un peu au hasard. Sans grand succès… Maintenant, je prends le temps de bien m’organiser, sur la journée, voire sur la semaine», explique-t-il. Entre la consultation des prévisions de Météosuisse et celle des cartes satellites, ainsi que d’autres outils d’observation météorologiques disponibles sur internet, il peut ainsi connaître l’évolution du front orageux. Et savoir où aller.
«Je fais également mes propres prévisions, car il arrive souvent que des orages locaux se déclenchent sans que Météosuisse ne les ait annoncés.» Les hauts de Besencens sont pour cela un excellent poste d’observation. «Je vois jusqu’au Jura d’un côté et jusqu’à la Haute-Savoie de l’autre. Et je n’ai qu’à me déplacer un peu pour scruter la Gruyère.»

L’appel de l’orage
Grâce à son métier d’ambulancier, Gaël Handschin connaît bien le territoire. «J’ai ainsi pu répertorier plusieurs très bons points de vue.» Autre avantage de sa profession: elle lui laisse le temps de s’adonner à sa passion. «Je travaille quatre jours de suite, dont deux de nuit, puis j’ai quatre jours de congé. C’est plus facile de m’organiser que si je travaillais avec des horaires “normaux”.» Même s’il est parfois frustrant lorsque, en service, il ne peut courir après l’orage, comme cette nuit de 2003, où le ciel s’embrasait toutes les deux secondes…
«Sinon, je suis constamment prêt à y aller, ce qui n’est pas toujours facile pour mon amie…» Mais l’appel des éclairs est souvent le plus fort. La saison des orages, de juin à août essentiellement, est brève, autant en profiter. Surtout quand, comme cette année, le ciel ne gronde pas souvent… «Mais ça va revenir», positive Gaël Handschin.
Il aime ce déchaînement de forces naturelles, le Veveysan d’adoption – il est né à Lausanne, où il a vécu une vingtaine d’années. Mais il ne cherche pas à se faire peur. «Il faut rester prudent, humble devant l’orage, devant la puissance de la nature. Je me suis parfois retrouvé dans des situations critiques lorsqu’il est proche…» Et de souligner, pour ceux qui voudraient s’y adonner, que la pratique de cette chasse-là nécessite quelques notions basiques de météorologie.

Photos à vendre
S’il ne le faisait pas à ses débuts, Gaël Handschin propose désormais ses clichés à la vente. «Je me dis que ça peut intéresser des gens.» Le but n’est pas vraiment lucratif pour ce photographe amateur et autodidacte: «Je vends pour amortir mes frais et mon matériel, coûteux et mis à rude épreuve…» Il commence également à exposer son travail, le prochain accrochage étant agendé au mois de septembre, en Veveyse, à la Croix Blanche de Granges.

 

Patrick Pugin
29 juillet 2006

Une I Editorial I Gruyere I Veveyse/Glâne I Fribourg

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