VEVEYSE De Châtel à Genève

Mandat d’arrêt contre Berclaz

Recherché pour purger sa peine de prison, l’ex-Châtelois René-Louis Berclaz, secrétaire de l’association négationniste interdite «Vérité & Justice», a disparu de la circulation. Un mandat d’arrêt a été lancé à son encontre. De plus, de nouvelles procédures pénales ont été engagées a Genève et Lausanne. Mais «Vérité & Justice» opère désormais depuis les Etats-Unis, où est hébergé son nouveau site internet.


René-Louis Berclaz, en octobre 2000, lors d’une perquisition à son domicile châtelois. Il brandit la Constitution fédérale dont les droits fondamentaux n’accordent pas la même liberté d’expression que le premier amendement américain…

Une tête de mort qui ricane. Et ces mots: «Holocauste c’est du bidon». Pas de signature sur ce tract distribué dans le bassin lémanique, mais la mention du site internet de l’association négationniste «Vérité & Justice», qui a trouvé refuge aux Etats-Unis (voir ci-dessous). Depuis sa création, à la fin des années 1990, cette association était basée à Châtel-St-Denis, où elle avait une case postale.
En mars 2002, «Vérité & Justice» a été dissoute par la justice fribourgeoise. Quant à son secrétaire général, René-Louis Berclaz, il n’a cessé d’occuper cette même justice depuis 1998, condamné qu’il a été, à plusieurs reprises, pour discrimination raciale, en vertu de l’article 261 bis du Code pénal. Ce qui ne l’avait nullement empêché, en 1998, d’être candidat à la préfecture de la Veveyse…
Le contrôle des habitants de Châtel-St-Denis confirme que Berclaz, qui avait élu domicile en 1995-1996 dans le chef-lieu de la Veveyse, a officiellement quitté la ville le 31 décembre 2003. Pour quelle destination? On l’ignore. Le dernier bulletin de Vérité & Justice, le numéro 24 de décembre 2003, qui est publié sur le site internet auquel renvoient les tracts, ne mentionne, pour toute adresse, qu’une case postale à Vevey.

Des tracts antisémites
Distribués dans des boîtes aux lettres à Lausanne et à Genève, ces tracts à tête de mort ont choqué les gens. Des plaintes pénales ont été déposées par la CICAD à Genève – la Coordination intercommunautaire contre l’antisémitisme et la diffamation – confirme son secrétaire général Johanne Gurfinkiel, ainsi que par la LICRA – la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme.
Johanne Gurfinkiel se félicite, par ailleurs, à la suite de la publication d’articles sur la distribution de ces tracts dans 24 heures et la Tribune de Genève, le 9 janvier dernier, que le Parquet de Genève ait décidé de réagir immédiatement, puisque le procureur Daniel Zappelli a ouvert d’office une information pénale à l’encontre de l’association négationniste responsable de ces faits. Une enquête contre inconnu a été également confiée au juge d’instruction de Lausanne, faisant suite à la distribution du tract et à une plainte de la LICRA.

Mandat d’arrêt lancé
De son côté, le juge d’instruction fribourgeois Michel Favre, qui a instruit les infractions pour lesquelles René-Louis Berclaz a été jugé en 2002 en Veveyse, a dû, lui aussi, ouvrir une nouvelle procédure pénale, contre René-Louis Berclaz lui-même, à la suite de la plainte d’une personne à propos du bulletin No 22 de Vérité & Justice, publication dont Berclaz est toujours le rédacteur responsable.

Pour purger sa peine
Et ce n’est pas tout. Le Service d’exécution des peines à Fribourg confirme qu’un mandat d’arrêt a été lancé contre René-Louis Berclaz, parce qu’il ne s’est pas présenté pour l’exécution de sa peine de prison. Le 4 juin dernier, en effet (La Gruyère du 5 juin 2003), le secrétaire de Vérité & Justice a été condamné par le Tribunal cantonal, dans le cadre d’un recours, à six mois de prison ferme pour discrimination raciale (confirmant partiellement la sentence qu’avait prononcée le Tribunal pénal de la Veveyse en mai 2002), mais peine à laquelle s’est ajoutée la révocation d’un sursis de quatre mois.
«Nous avons reçu le jugement le 28 octobre 2003 et nous avons convoqué René-Louis Berclaz le 3 novembre, pour l’exécution de sa peine de dix mois de prison en 2004. La convocation, adressée à Châtel-Saint-Denis, nous est revenue avec la mention “non réclamé”. Les gendarmes ont été envoyés sur place pour notifier cette convocation à Berclaz en personne. Le 9 décembre, la gendarmerie nous
a signalé que ce dernier avait quitté son domicile châtelois en septembre, pour une destination inconnue», dit le responsable du Service d’exécution des peines Josef Jutzet.
Jürgen Graf en Iran?
Rappelons que «Vérité & Jus-tice», à ses débuts, avait pour président le négationniste et historien bâlois Juergen Graf. En octobre 2000, plutôt que de se présenter au pénitencier de Schöngrün pour y purger sa peine, Jürgen Graf a pris la fuite. Selon certaines sources, il résiderait en Iran, à Téhéran, depuis novembre 2000. Quant au vice-président de la défunte association «Vérité & Justice», le Vaudois Philippe Brennenstuhl, qui avait été condamné en juin dernier, en même temps que Berclaz, à une peine de prison, «il continue de faire recours», selon notre confrère 24 heures. Mais depuis «plus de six mois», il n’aurait «plus aucun contact» avec René-Louis Berclaz.

Marie-Paule Angel
22 janvier 2004

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