PAA de Romont-Grolley-Sion

50 ans et vers quel avenir?

Le Parc automobile de l’armée à Romont a été fondé voici cinquante ans. Une aubaine pour la Glâne, et le canton où sont versés 16 mio de salaires. Réuni à Grolley et Sion via Armée 95, le PAA n’a pas à craindre pour son existence, mais les restructurations d’Armée 21 font pendre une épée de Damoclès.


A l’occasion des portes ouvertes, ce samedi,
le public pourra assister à diverses démonstrations

L¥Complètement remis à neuf et agrandi entre 1983 et 1989, le PAA (parc automobile de l’armée) de Romont, regroupé avec sa filiale de Grolley et son dépôt de Sion dans la foulée d’Armée 95, est un grand «garage» cher au cœur des Glânois. Et pas seulement parce que, bon an mal an, son exploitation signifie une manne de plus de 6 millions en Glâne, sur 16 mio de salaires versés dans le canton (18 mio à l’échelle de la Romandie). Intendant des lieux depuis dix-neuf ans, Jean Aebischer fait le point à l’heure du 50e anniversaire, événement qui fait l’objet de portes ouvertes au public, ce samedi, avec des démonstrations. Sait-on que le PAA assure l’entretien des camions suisses pour l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe)? «Faut-il faire la fête ou pas dans le contexte actuel, au vu de la nouvelle restructuration qui se profile avec Armée 21? Une épée de Damoclès pend sur nos têtes. C’est le grand suspense», avoue Jean Aebischer, en soulignant «qu’on aimerait plus d’informations, leur absence entraînant quelques crispations.»

D’Armée 95 à Armée 21
Faisant partie de l’Office fédéral des exploitations des forces terrestres, dont la direction est à Berne, le PAA a en effet déjà senti passer le vent d’Armée 95, puis de «Progress», qui a signifié une réduction de 23% de ses effectifs. Le PAA a su s’adapter. «Aujourd’hui, nous sommes encore 273 personnes, dont 47 apprentis, mécaniciens auto pour la plupart et quelques apprenties de commerce», constate le responsable du PAA, qui attache une grande importance à la formation et se fait un point d’honneur de donner leur chance à des jeunes issus de la filière d’orientation pratique.

Niveau à maintenir
L’expérience montre en effet que ceux-ci ne sont de loin pas moins doués pour obtenir leur CFC. Leur parcours est certes bien accompagné, puisque 32 semaines se passent avec un responsable de formation qui peut s’occuper d’eux dans le détail. Mais l’apprentissage, de haut niveau, n’en demeure pas moins exigeant et sujet à évolution, l’électronique entrant en force dans ce domaine. Le souci du chef du PAA (et son souhait) est que les restructurations prévues par Armée 21 permettent toujours le maintien du niveau de connaissances, en particulier dans le domaine des réparations des moteurs des véhicules à pneus. Ceci dans la mesure où des changements sont déjà intervenus pour les moteurs véhicules à chenilles, auxquels les mécanos ne peuvent plus toucher. «Les conséquences dommageables seraient de nous enlever le travail de professionnel et, ce qui n’est pas négligeable non plus, le travail le mieux rémunéré.» A terme, cela reviendrait à donner un sérieux coup de canif dans la formation des apprentis mécaniciens auto. Est-ce vraiment ce que veut la Confédération? «Notre flexibilité et la qualité de nos engagements, que ce soit sur les sites de Sion, Grolley ou Romont, sur les pools que nous desservons (Bure, Bière, l’Hongrin et le Simplon), ou encore nos engagements à l’étranger, comme au Kosovo ou en France, en dépendent», poursuit Jean Aebischer. Pour l’heure, le PAA n’est pas menacé, certes, mais la vigilance s’impose. Jean Aebischer se veut toutefois positif autant que confiant: «Le PAA continuera d’exister. Mais on ignore dans quelle proportion. Notre expérience de bientôt cinq années dans notre nouvelle structure démontre que notre organisation fonctionne. Nos engagements sur nos pools extérieurs sont des plus rationnels. Autrefois, il y avait des véhicules dans tous les arsenaux. Avec la restructuration, une troupe peut, dans un rayon de 60 km, venir chercher ses véhicules. Toute la Suisse romande est ainsi couverte avec nos trois bases». Mais, au fait, le PAA, qu’est-ce que c’est? Un «garage» immense, qui a pour fonctions, entre autres, d’entretenir et de gérer les véhicules de la Confédération (sauf ceux des CFF et des PTT), de garantir la disponibilité des véhicules à roues et chenillés pour de l’armement et de l’équipement, de gérer un vaste magasin de pièces de rechange, d’assurer le contrôle technique des véhicules et toute une gamme de prestations d’appui (experts pour les permis de conduire, moniteurs de conduite et autres spécialistes… «C’est sans complexe que notre gestion peut soutenir la comparaison avec le secteur privé», a souligné Jean Aebischer hier après-midi devant l’impressionnant parterre de personnalités réunies pour les festivités officielles. Car le PAA pratique à satisfaction des contrôles de productivité, de qualité et de coûts.

6200 véhicules
Enfin, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour les trois sites, la flotte compte 6200 véhicules (dont 700 chenillés), ce qui signifie (pour 1999), un mouvement total de 25334 livraisons et redditions, à Romont pour l’essentiel (12170). Cela signifie encore 12000 réparations et, non négligeable non plus, une somme de 4,2 mio de travaux confiés à des garages privés. Côté pièces de rechange, les entrées et sorties font état de 103000 mouvements.

Romont, PAA, route de Payerne, samedi 9 septembre, portes ouvertes de 9 h à 16 h. Visite libre de l’exploitation et démonstrations

Marie-Paule Angel / 9 septembre 2000

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