FRIBOURG Jean-Baptiste Magnin

Son métier, bouquiner…

Depuis un an, la Bibliothèque de la ville de Fribourg est dirigée par Jean-Baptiste Magnin. Un Fribourgeois de la capitale établi à Bulle, où il a œuvré à l’essor de la bibliothèque communale de 1996 à 2004. Rencontre entre deux étagères de livres.


En place depuis un an à Fribourg, Jean-Baptiste Magnin a déjà marqué les lieux de son empreinte

 

Drôle de retour aux sources pour Jean-Baptiste Magnin. Né en 1964 à l’Hôpital des Bourgeois, quand celui-ci disposait encore d’une maternité, il y travaille aujourd’hui. C’est que la Bibliothèque de la ville de Fribourg, dont il est le dynamique responsable depuis une année, est logée dans ce bâtiment historique. Un cadre harmonieux, une oasis de tranquillité en plein centre-ville.
Bullois d’adoption depuis bientôt dix ans, Jean-Baptiste Magnin a commencé sa carrière à Bulle. Dans le chef-lieu gruérien entre 1996 et l’an dernier, il a assumé la responsabilité de la Bibliothèque publique, sise au Musée gruérien. C’est sous son ère, et sous la houlette du conservateur Denis Buchs, que l’institution a pris un essor durable: informatisation du catalogue en 2000, intégration dans le réseau romand, agrandissement des locaux en 2002, avec pour corollaire la naissance d’une «vraie salle de lecture» et d’une bibliothèque scolaire (visites de classes, animations).

Agrandissement prévu
Elargir de la sorte la palette des livres proposés aux juniors? Jean-Baptiste Magnin y songe aussi dans la capitale cantonale, dans l’idée d’attirer enseignants et élèves de la ville et des environs. Mais cela nécessiterait des moyens, notamment en personnel pour étoffer l’équipe «motivée et compétente» de quatre personnes (trois plein-temps). Autre projet: dynamiser le programme d’expositions et d’animations (films, conférences). «J’ai eu la chance d’observer, et parfois de participer, au montage d’expositions au Musée gruérien. Ça m’est utile aujourd’hui.»
A l’horizon pointe en outre la perspective d’agrandir la bibliothèque, ce qui passerait par un déménagement. La piste des locaux vides du Musée Gutenberg, à la place Notre-Dame, a été un temps poursuivie jusqu’à l’annonce du prochain retour à la vie du Musée suisse des arts graphiques. L’éventuel déménagement dans un autre site serait du reste l’occasion de fusionner les deux bibliothèques française (communale) et allemande (fondation privée), qui sont voisines de palier…

Nettoyage de printemps
Reste que depuis son arrivée à l’Hôpital des Bourgeois, le 1er octobre dernier, le bibliothécaire a déjà marqué la maison de son empreinte: tri du libre accès à la faveur d’un grand nettoyage de printemps et amélioration de la circulation dans cet espace de 300 m2. Le nouveau responsable, qui a succédé à Claude Rittiner, parti à la retraite, a aussi remis au goût du jour les conditions de prêt inchangées depuis longtemps (La Gruyère du 20 août). L’un des objectifs étant de faire revenir les lecteurs domiciliés hors de la capitale.
C’est indéniable: l’endroit a gagné en convivialité. «On doit avoir du plaisir à venir, résume le responsable. Un tel lieu, ce n’est pas seulement des étagères pleines de livres.» Les bibliothèques publiques plus encore que les autres, note celui qui a suivi sa formation, de 1991 à 1996, au Centre de documentation pédagogique fribourgeois (à disposition des enseignants à la rue de Morat).
Dans le canton, hormis la Bibliothèque cantonale et universitaire, seules les communes de Bulle et de Fribourg disposent de structures professionnelles. Des bibliothèques de grandeur comparable pour le prêt (plus de 100000 par an à Bulle contre 60000 à Fribourg), les horaires (31 heures par semaine contre 28 h) et les ouvrages en libre accès (45000 des deux côtés). La principale différence? Fribourg disposant d’un service d’archives communales, Jean-Baptiste Magnin, au contraire de ses homologues gruériens, n’a pas à se soucier de la conservation du patrimoine. En comparaison, une bibliothèque régionale comme celle du Gibloux, à Farvagny, ouvre durant sept heures hebdomadaires avec 14500 livres mis à disposition.
Membre du comité de l’association faîtière cantonale, qui vient de fêter ses dix ans, Jean-Baptiste Magnin «souhaite intensifier le réseau de collaboration entre les bibliothèques publiques et scolaires du canton afin que les petites et leur personnel obtiennent davantage de reconnaissance et de moyens de la part des pouvoirs publics».

Trouver le bon livre
Grandes ou petites, le but reste le même: «Que chacun trouve le bon livre, celui qui lui convient. Comme on les oriente, les gens repartent souvent avec un autre bouquin que celui qu’ils venaient chercher…» Pour être à jour, le bibliothécaire «parcourt» des montagnes de livres plus qu’il ne les lit, par exemple dans le bus entre Bulle et Fribourg. «C’est encore là que je bouquine le plus, en ce moment.»
S’il snobe les best-sellers de Dan Brown (Da Vinci Code, entre autres), le spécialiste ne se lasse pas de l’œuvre de Marguerite Yourcenar. «C’est l’amour littéraire de ma vie», rigole cet ex-concubin de longue date, jeune marié depuis juin. La preuve que les changements de cap, une fois passé les 40 ans, ne sont pas qu’un mythe.

Des visages à l’affiche

Jusqu’au 22 septembre, la photographie a droit de cité dans l’espace exposition de la Bibliothèque de la ville de Fribourg. Sous le titre Visages d’une lutte pour la reconnaissance sont affichés des portraits des représentants autochtones auprès des Nations Unies. Des portraits que signe le photographe Patrik Fuchs, installé à Zurich. Cette expo est l’œuvre de la section romande de la Société pour les peuples menacés, avec le soutien d’Incomindios Suisse. Rappelons que la 1re Décennie internationale des peuples autochtones à l’ONU, achevée en 2004, ambitionnait de promouvoir la coopération internationale pour la solution des problèmes de ces peuples (droits de l’homme, éducation, santé…).

Fribourg, rue de l’Hôpital 2. Jeudi 1er septembre: vernissage à 18 h, film sur les peuples indigènesà 19 h 30, conférence de l’anthropologue Jeremy Narby à 20 h 30


Sébastien Julan
30 août 2005

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