Hôpital du Sud Fribourgeois

Trois quarts de siècle à terre

Les ailes sud et ouest de l’ancien hôpital de Riaz ne sont plus qu’un tas de gravats. L’opération de déconstruction a duré quinze jours, dans le plus grand respect des patients et du personnel des nouveaux locaux. Reste à trier les matériaux, selon les normes de l’Office de protection de l’environnement.


L’ancien hôpital tel qu’il se présentait le 15 novembre encore. Aujourd’hui, ce n’est (presque) plus qu’un tas de gravats (C. Haymoz)

L’ancien hôpital de la Gruyère est mort en douceur. Les septante-trois ans d’histoire de son aile sud viennent de succomber à la pelle mécanique, tandis que l’aile ouest (construite en 1958) mord la poussière depuis la semaine dernière déjà. Une opération chirurgicale menée durant quinze jours, au pied du nouvel Hôpital du sud fribourgeois (HSF). «Il ne s’agit pas d’une démolition, mais d’une déconstruction», explique Patrice Gremaud, vice-président de la commission de bâtisse de l’HSF. En clair, les vieux murs de l’hôpital n’ont pas été dynamités, mais désossés, un élément après l’autre. Ce modus operandi a permis de garantir un silence presque parfait aux patients et au personnel des nouveaux locaux, qui n’ont pas non plus trop souffert de la poussière: les ouvriers ont arrosé les gravats, afin que les fines particules ne polluent pas l’atmosphère.
Autre impératif à respecter: les normes instaurées par l’Office de protection de l’environnement (OPEN). Qui imposent au démolisseur de séparer les divers matériaux de la bâtisse, afin d’en recycler le plus possible sur un site de tri agréé. «Nous avons utilisé une pelle mécanique munie d’une pince hydraulique, explique Patrice Gremaud. Elle permet de séparer la charpente du béton par exemple.» De telles précautions ont un prix, puisque le coût total de la déconstruction des deux ailes avoisine les 500000 francs.

Jardin d’agrément
Les ouvriers de Grisoni-Zaugg SA, chargés des travaux, opèrent sur place un premier tri. «Nous n’avons pas le droit de brûler le bois, explique Olivier Ropraz, le chef de chantier. C’est une entreprise spécialisée qui se chargera de le déchiqueter.» Le béton et la pierre seront eux concassés pour être réutilisés sur les routes, tandis que la brique rouge sera stockée dans une décharge contrôlée et agréée par l’OPEN. «Le tri intervient à chaque stade du processus», précise Olivier Ropraz.
Les ailes sud et ouest ne sont plus maintenant que des gravats, qu’il faudra finir d’évacuer avant d’envisager la suite. Au sous-sol, la construction du Centre opératoire protégé (COP) va maintenant pouvoir commencer, dans un délai très rapide. La commission de bâtisse a prévu en surface un emplacement pour les garages des ambulances, ainsi qu’un jardin d’agrément pour le personnel et les patients de l’hôpital.

 

Chronique hospitalière

A ses débuts, on le nommait «Hospice pour les malades pauvres du district». Il était situé, à Bulle, à l’emplacement de l’actuelle pharmacie Dubas, avant que l’incendie destructeur du 2 avril 1805 ne force les patients à prendre leurs quartiers à la Maison bourgeoisiale.
L’institution «Hôpital de la Gruyère» naît le 6 août 1871, à l’initiative du préfet Nicolas Duvillard. Très vite à l’étroit, les médecins réclament des locaux plus spacieux, ainsi que des salles réservées aux malades contagieux.
A Riaz, l’immeuble du général Aloys de Castella, alors neveu et héritier du conseiller d’Etat Hubert Charles, séduit les décideurs. Ils l’acquièrent pour un montant de 49000 francs. Ou-vert en 1885, l’hôpital de Riaz accueille durant la première année seize malades, confiés aux soins des sœurs théodosiennes. Suivent ensuite divers agrandissements: le bâtiment des malades en 1901, celui des chambres communes en 1928, puis l’aile ouest des chambres privées en 1958. En 1982, «on parle déjà d’un nouvel hôpital et l’on commence à apprendre ce que veut dire le mot patience», note Patrice Gremaud dans «Le Riazois» du mois de décembre 1998.

Xavier Pilloud / 22 novembre 2001