MOTOCYCLISME
Supermotard
Sport fou venu des States

Depuis 1997, il a débarqué en Suisse et son succès a été immédiat. Il? Le Supermotard. Hybride entre le motocross, l’enduro et la route, cette nouvelle race du deux-roues est en passe de conquérir la Romandie. Le point avec le Brocois Claude Andrey, actuel 5e du championnat de Suisse.


Claude Andrey: «Avec le Supermotard, j’ai retrouvé toutes les sensations du cross et de l’enduro»

Claude Andrey n’est pas à une innovation près. Véritable affamé de motocyclisme, il est ce qu’on appelle communément un touche-à-tout. Commerçant et mécanicien sur motos – comment pouvait-il en être autrement? – il a pratiquement goûté à chaque plat mécanisé façon deux ou quatre roues. Mais jamais à satiété: motocross, quad, enduro… Il en redemande. Encore et encore. Son appétit est si gargantuesque qu’il a d’ailleurs ajouté un nouveau mets dans son assiette: le Supermotard. «J’avais prévu de participer au championnat de Suisse d’enduro qui se dispute totalement sur sol français», expose-t-il, presque un peu gêné de tant de passion pour le sport motorisé. «Hélas, un manque d’autorisations et les mauvaises conditions météo ont raccourci le calendrier. Je me suis alors tourné vers le Supermotard.»

Born in the USA!
Supermotard, le mot est lâché. Mais que se cache donc derrière cette dénomination un brin trompeuse, et qui fleure bon les «comics» américains de notre enfance ou la série B télévisée du dimanche après-midi? Vous l’avez compris, la discipline ne peut être née que du cerveau un tant soit peu déjanté des Yankees. «Le style Supermotard vient des Etats-Unis, confirme Claude Andrey. Son but était de désigner le titre du vrai champion de la moto entre les crossmen, les enduristes et les pilotes de Grand Prix.» L’enjeu du duel placé, restait à définir le lieu et le choix des armes: «Les courses se déroulent sur un circuit aux deux tiers goudronné. Le reste se joue sur du terrain ou du gravier. Il y a des obstacles du style sauts artificiels au-dessus d’une voie ferrée ou d’une route. Il y a aussi des chicanes. C’est spectaculaire. Le public adore ça.»

En Suisse dès 1997
Débarquée en Europe par la France dans les années huitante, la vague Supermotard a atteint notre pays en 1997, date du premier championnat de Suisse. Le succès fut immédiat: «Quatre à huit mille spectateurs sont présents à chaque course, souligne Claude Andrey. Les gens sont enthousiasmés par les nombreux travers, les glissades en accélération et les freinages tardifs.» Le championnat s’étend d’avril à octobre. Neuf manches sont au programme, dont deux en Romandie où, dixit le motard brocois, le public découvre la discipline: «Il y avait une belle affluence le week-end passé à Payerne. Je pense que ça sera pareil pour la manche à Moudon, les 1er et 2 septembre prochain.»

Motos adaptées
Quant aux armes, elles sont affûtées en conséquence. Comme le relève justement Claude Andrey: à parcours hybride, motos hybrides! «On roule avec des machines de cross ou d’enduro. Pour les adapter à l’asphalte, on monte des jantes de 17 pouces avec des pneus lisses de route, les slicks. Le diamètre des freins est augmenté afin de retarder au maximum le temps de freinage.» Venu par curiosité, le Gruérien est rapidement tombé sous le charme. A un point tel que toutes les manches du championnat y sont passées: «Ce fut le coup de foudre immédiat, raconte-t-il. J’ai retrouvé toutes les sensations du cross et de l’enduro. Cela se rejoint.» Il se remémore sa première course: «KTM mettait une moto à ma disposition et je me suis dit pourquoi pas? Ce fut une grande découverte. Pour la première manche à Büron, dans le canton de Lucerne, il y avait entre 250 et 300 pilotes chez les challengers, la catégorie de base quand on commence. J’ai passé les 8es et les quarts de finale, avant d’être éliminé sans pouvoir me qualifier dans les repêchages.» Les épreuves suivantes ont confirmé sa progression: 6e à Frauenfeld, 12e à Buochs, 6e à Eschenbach et à Payerne. A mi-saison, Claude Andrey pointe au 5e rang du classement provisoire: «Je sais que ce sera difficile, mais une place sur le podium paraît à ma portée.» L’enduro reste cependant cher à son cœur: «Pour quelqu’un qui aime le terrain et la randonnée, l’enduro garde une dimension supérieure. Par contre, en Supermotard, les déplacements sont moins longs. Tout se passe en Suisse. On n’a pas besoin d’aller jusqu’en France.»

 

Des pointes à 180 km/h!
Si, physiquement, il est moins exigeant que le cross ou l’enduro, le Supermotard reste très pointu avec des vitesses proches de 180 km/h: «Ce n’est pourtant pas dangereux, tempère Claude Andrey. La piste est bien préparée, les dégagements suffisants. Pour preuve, j’ai chuté un jour à 140 km/h. Sans le moindre dommage. Les accidents sont peu nombreux, mais il est important de rester très lucide. Avec la vitesse, le pilotage doit être précis.» Des prédispositions pour le terrain sont également conseillées: «C’est là que la différence peut se faire avec les pilotes issus de la route.» Quant aux épreuves, elles se déroulent sous la forme d’éliminatoires, avec quarts, demi et finale: «Au préalable, il y a dix minutes d’essais chronométrés qui déterminent l’emplacement sur la grille de départ, explique Claude Andrey. Ensuite, il faut se qualifier. Sinon, on doit se rabattre sur les repêchages. Cela dure du samedi au dimanche matin. La finale, elle, a lieu le dimanche après-midi avec les trente derniers rescapés.»

Pascal Dupasquier / 19 juillet 2001

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