VTT
Maroussia Rusca

Entre joie et amertume

Dimanche passé, la finale de la Coupe du monde de Lausanne constituait le dernier rendez-vous international de Maroussia Rusca. La Bulloise s’y est brillamment comportée en décrochant la 13e place sur un parcours transformé en bourbier par la pluie. Hormis la Gruyère Bike dimanche, Grandvillard et Einsiedeln si sa santé le permet, sa saison est terminée. La suivante s’effectuera au sein d’une nouvelle équipe.


L'an prochain, Maroussia courra au sein d'une nouvelle équipe (C. Dutoit)

2000: année olympique. A l’aube de la saison, Maroussia Rusca avait de légitimes raisons de croire à une sélection pour les Jeux de Sydney. Grâce à leurs bons résultats dans les diverses compétitions internationales, les Suissesses avaient droit à trois billets. Barbara Blatter et Chantal Daucourt quasi assurées de leur sélection, une place restait vacante pour Maroussia Rusca ou Petra Henzi, leurs proches suivantes dans la hiérarchie nationale. La Fédération cycliste suisse (FCS) fixa ses minima: deux résultats dans les quinze premières en Coupe du monde ou aux Mondiaux de la Sierra Nevada. Bref, l’Australie n’était pas une utopie. Motivée par ce rêve à portée de pédalier, la Gruérienne plaça dans sa musette tous les atouts que lui permettait son équipe Scott suisse et son statut d’employée à 60% dans une compagnie d’assurances. Faute de moyens financiers, elle renonça aux deux premières manches de la Coupe du monde à Napa Valley (Etats-Unis, le 27 mars) et à Mazatlan (Mexique, le 2 avril). Elle disposa ainsi de quatre seules occasions de satisfaire aux exigences olympiques. Dont trois en trois semaines: Houffalize (Belgique, le 30 avril), Sankt Wendel (Allemagne, le 7 mai) et Sarentino (Italie, le 14 mai). Organisés du 4 au 11 juin, les Mondiaux de la Sierra Nevada constituaient une ultime possibilité de sélection.

Fédération incohérente
Dix-huitième en Belgique, elle remplit une première fois son contrat grâce à une prometteuse 11e place en Allemagne. La suite ne fut hélas pas aussi fructueuse: 20e en Italie et 34e aux championnats du monde à cause d’une chute, elle fut jetée sur le bas-côté comme un simple kleenex. Petra Henzi ne trouva pas grâce elle non plus. Plutôt que de repêcher l’une ou l’autre, la Fédération cycliste suisse, puis l’Association olympique suisse (AOS) renoncèrent à envoyer une troisième représentante aux côtés de Barbara Blatter et Chantal Daucourt. L’illogisme rejoignait l’incompétence! Dimanche, Petra Henzi (9e) et Maroussia Rusca (13e) répondirent de la plus belle des manières à cette éviction: elles se classèrent parmi les quinze meilleures de la finale de la Coupe du monde à Lau- sanne. Le délai de sélection courant jusqu’au mois de juin, l’exploit fut inutile.

Pas de polémique
Maroussia Rusca refuse de polémiquer. Digne, elle préfère évoquer sa course et le plaisir de s’aligner en terre romande devant ses nombreux supporters: «C’était ma première Coupe du monde en Suisse et j’étais très motivée à cette idée. Ce d’autant que mes amis et mon fan’s club avaient fait le déplacement et que c’était la dernière compétition importante de ma saison», confie-t-elle une fois débarrassée du masque de boue qui maculait son visage. Victime de carences en fer et en féritine depuis quelques semaines, elle n’appréhendait pas cette échéance avec toute la sérénité requise: «Vu mes problèmes de santé et mon manque de forme, je ne me suis pas trop posée de questions. J’étais tranquille. Ce matin [n.d.l.r.: dimanche matin], je suis partie de Bulle à vélo et j’ai pédalé une quarantaine de minutes avant que mon ami Jean-Pierre ne me récupère avec la voiture.» Contrairement à sa peu amène coéquipière Barbara Blatter, elle ne s’échauffa pas sur home-trainer, bien à l’abri sous le paravent de son équipe. Elle le fit sous la pluie: «Je n’avais pas emmené mon home-trainer.» Partie dans les dernières positions en raison d’un problème d’inscription, Maroussia Rusca s’immisça rapidement parmi les meilleures: «Je ne me suis pas énervée et j’ai bien pu dépasser dans les premiers hectomètres. Après, c’était plus facile. On est tout de suite mieux dans la tête.» Dixième à mi-parcours, elle perdit finalement trois petits rangs dans l’ultime boucle: «Ma tactique était de partir vite et de tenir le plus longtemps possible. Comme beaucoup d’autres, j’ai eu un problème de chaîne à cause de la boue. Ensuite, j’ai un peu craqué et j’ai fini comme j’ai pu.» L’arrivée franchie, Maroussia s’en alla tout de suite au contrôle antidopage, avant de savourer sa brillante 13e place sous une douche bien chaude.

Sports / 7 septembre 2000

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