Notre-Dame de l'Evi

Chapelle réduite en cendres

La chapelle de Notre-Dame de l’Evi, à Neirivue, a été détruite par le feu ce week-end. Hier après-midi, la cause du sinistre était encore inconnue. Lieu de pèlerinage comme de promenade, l’édifice sera reconstruit.


Hier, la cause de l’incendie qui a ravagé Notre-Dame de l’Evi
était encore inconnue
(C. Dutoit)

Notre-Dame de l’Evi est pour Neirivue et pour toute la Gruyère un haut lieu de pèlerinage et de dévotion. De promenade, aussi. La chapelle a été détruite par le feu dans la nuit de samedi à dimanche. Hier après-midi, la Police cantonale n’avait pas encore pu établir la cause du sinistre. «Toutes les hypothèses restent ouvertes», dit l’attaché de presse Charles Marchon, de la foudre à l’incendie criminel. C’est le propriétaire d’un chalet situé au-dessus de la chapelle qui a signalé le sinistre, dimanche au petit matin. L’incendie est vraisemblablement survenu vers 3 h, communique la police, qui précise que «le sanctuaire était encore intact à minuit». La charpente et le toit en tavillons, ainsi que tous les éléments en bois, ont été détruits. Seuls subsistent les murs de l’édifice. Le mobilier a été lui aussi presque entièrement détruit, à l’exception de l’autel et de la statue de Notre-Dame.

150000 francs de dégâts
«Les dégâts s’élèvent à près de 110000 francs pour l’immobilier, et sans doute autour de 150000 francs si l’on prend en compte les dégâts au mobilier», informe Pierre Ecoffey, directeur de l’Etablissement cantonal d’assurance des bâtiments (ECAB). «Les gens que j’ai rencontrés sont vraiment bouleversés, témoigne le curé de Neirivue, André Dettwiler. Notre-Dame de l’Evi était un lieu de pèlerinage qui comptait beaucoup pour les gens de toute la région.» Notamment grâce à sa situation en montagne, qui attirait tout autant les simples promeneurs. Durant les mois de juillet et d’août, une messe y était célébrée chaque jeudi. Un pèlerinage avait lieu tous les 15 août.

Perte pour le patrimoine
Le Service des biens culturels déplore aussi cette destruction. Ivan Andrey, responsable du recensement du patrimoine religieux: «Du strict point de vue du patrimoine artistique cantonal, la chapelle de l’Evi n’était pas de première importance. En revanche, c’est une grosse perte pour le village et la région. On compte finalement assez peu de chapelles de montagne qui attirent encore aujourd’hui pèlerinages et offices religieux.» Son intérêt culturel est renforcé par sa situation, près d’un endroit qui présentait à l’époque, en hiver surtout, quelques dangers. La chapelle avait donc une fonction protectrice typique des chapelles et oratoires de montagne. Située peu après l’endroit le plus resserré des gorges de la Marive (ou Marivue), la chapelle datait de 1863. Elle avait été restaurée en 1947: le préau, fermé par des lattes croisées, avait été élargi, doté de deux fenêtres en façade et complété par un porche. Mais Notre-Dame de l’Evi n’était pas le premier sanctuaire édifié en ces lieux. Un premier oratoire avait déjà été érigé un peu plus haut, à gauche du torrent. Emporté par les eaux à la suite d’un orage, il avait été remplacé, à droite du cours d’eau, un peu avant la chapelle actuelle, par l’oratoire de Notre-Dame des Ermites, qui est attesté au début du XVIIIe siècle. En 1862, on envisagea de reconstruire une chapelle plus grande, pour pouvoir y célébrer la messe, plutôt que d’effectuer les réparations qui s’imposaient. La décision finale fut prise en assemblée communale. Mgr Etienne Marilley, après avoir procuré la statue, bénit solennellement l’édifice le 11 juillet 1864.

Elle sera reconstruite
D’intérêt historique, socioculturel, religieux, Notre-Dame de l’Evi ne disparaîtra pas avec cet incendie. Propriété communale, la chapelle sera reconstruite, assure d’ores et déjà le syndic Pierre Geinoz.

Didier Page / 25 juillet 2000
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